MJC PICAUD : Palme d’or de la culture !

Issues du mouvement de la résistance, les Maisons des Jeunes et de la Culture (MJC) ont vu le jour en 1948 à la suite de la « République des jeunes ». C’est sur la base de ce projet laïque, prônant la démocratisation de la culture et l’épanouissement des jeunes par l’apprentissage de savoir-faire, que la MJC Picaud, l’une des doyennes régionales a su pérenniser son action : « Les MJC ne font pas de la résistance, elles multiplient les propositions afin d’offrir l’accès de la culture à tous », commente Anne-Marie Bourrouilh, qui depuis dix ans fait vivre le lieu avec une vingtaine de collaborateurs. Un effort financé à 50% par la Ville (qui met les locaux à disposition) et soutenu par les Ministères de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, la Région, le Département, la Communauté d’Agglomération Antibes - Sophia Antipolis et la SACEM. 

Anne-Marie Bourrouilh et Julie Mège
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« Nous avons commencé par la scène, ce qui nous permet d’offrir aujourd’hui une cinquantaine de concerts par an, avec deux ou trois groupes par soirée ». Forte de son Studio 13 (217 places) et d’une autre salle (150 places), la MJC Picaud, labellisée Musiques Actuelles, distille une programmation qui brasse large : jazz et musiques du monde étant aussi au menu ! Le principe : inviter chaque mois « en live » des pointures internationales et des jeunes talents. Car le Studio 13 sert aussi de tremplin aux groupes locaux. Ainsi la MJC accueille-t-elle des festivals quand elle ne les conçoit pas elle-même, comme « Buzz Rock » (dont le second acte a fait le 7 mars un clin d’œil aux filles à guitares avec « Girls but not pouff’s »). Elle est aussi à l’origine du Tremplin de Musiques Amplifiées : un concours destiné aux groupes “découverte” du 06 tous styles confondus. Le 19 décembre, six groupes ont ainsi été sélectionnés et le 14 février la finale a désigné le gagnant qui a bénéficié de trois jours d’enregistrement en studio, d’une tournée en région (le « Tour de Chauffe »), de l’accès aux formations de techniques scéniques ainsi que d’un suivi professionnel. « On essaye d’accompagner le parcours des musiciens. Nous avons dans ce sens engagé une démarche avec la Ville, afin de proposer des studios de répétitions. En attendant nous abritons en résidence des formations locales sous l’encadrement de notre régisseur Orderic ». Un bassiste qui suit parallèlement sa carrière au sein de « Eon Mégahertz », un groupe qui, après la sortie de son premier album, s’est produit en septembre en première partie d’Iggy Pop & the Stooges au Palais des Festivals !

« Paradoxalement notre salle de Cinéma, labellisée Art et essai, est davantage connue au plan national que par les autochtones ! Nous devons encore faire des efforts pour inciter la population locale à franchir le seuil de la MJC, afin de venir voir un film comme dans une salle du circuit traditionnel ». Mais le Studio 13 dont la programmation s’axe sur les films d’auteurs et les documentaires est bien plus que cela encore ! Avec le renfort du Studio bis (50 places), elle propose chaque saison plus de 200 films en version originale précédés d’un court métrage, au rythme de 2 séances quotidiennes ! Toute l’année une semaine thématique mensuelle est activée avec d’autres associations, afin d’élargir encore l’audience : un cycle baptisé « Fascinoscope » vient d’être initié.

L’entrée de la MJC PICAUD à Cannes des locaux mis à disposition par le Ville de Cannes
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En février « Paranofrénie », confrontera deux films Psychose d’Alfred Hitchcock et Donnie Darko de Richard Kelly. Fidèle à sa mission socio-éducative la MJC a développé également un atelier cinéma avec l’association « Cannes Université ». Enfin en partenariat avec « Cannes Cinéma », elle reçoit les « Rencontres cinématographiques ». Mais sa réputation d’excellence en matière de 7ème art, elle la doit à sa complicité de première heure avec le célèbre Festival du film. Depuis les années 70, le Studio 13 diffuse dans le cadre d’« Autour du Festival », les productions des sélections parallèles comme la Quinzaine des réalisateurs ou la Semaine de la critique : « Nous avons la chance d’offrir aux réalisateurs leur première rencontre avec le public. Ils viennent chez nous la peur au ventre et c’est toujours un moment intense ! ». C’est aussi pour le public l’occasion de côtoyer quelques grands de l’écran blanc : « Wim Wenders a débarqué ici il y a deux ans en catimini, ou Francis Ford Coppola pour y voir Virgin Suicide le premier film de sa fille Sophia ».

Côté théâtre, la MJC accueille les spectacles de compagnies locales et participe aussi au grand rendez-vous cannois « Performances d’acteurs ». Concernant les arts plastiques, elle ne se contente pas d’ouvrir ses murs aux plasticiens locaux : depuis deux ans elle œuvre avec le Collectif No made. En 2007, l’édition du Festival No made, baptisée « hors champs », investissait l’ancien palais des sports : « Ce fut notre premier engagement dans l’art contemporain. Grâce à notre local du quartier Mimont, l’année suivante nous avons pu réinviter ce collectif en milieu urbain et mettre en relation les jeunes avec des créateurs comme Robert Matthey ou Olivier Roche ! ».
Avec 25.000 personnes par an drainées par le cinéma, 10.000 par sa scène musicale et le reste par ses autres activités, c’est ainsi 60.000 personnes qui passent chaque année par cette maison, qui peut se vanter d’être ouverte à tous « à partir du moment où l’on marche à quatre pattes » ! Des « super baby » aux seniors, tout le monde a sa place, même si la MJC Picaud concentre ses efforts vers les adolescents : « Ils s’approprient plus facilement ces lieux de proximité dans lesquels ils sont acteurs et créateurs », explique Anne-Marie avant de poursuivre : « La culture nourrit toutes nos actions. Et si la future Cité du cinéma doit être implantée ici à Cannes, nous souhaiterions évidemment y avoir notre place ! ».

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