| Retour

Reyboz au Musée Peynet et du dessin humoristique d’Antibes

On ne peut qu’aimer Reyboz...

En premier lieu un vertige… Un carton… Une boîte de Pandore… On tourne distraitement
une, puis deux, puis trois pages de dessins, le rythme s’accélère fébrilement devant la
qualité et la quantité de trésors d’humour épars devant soi.
Ce ne sont pas quelques divertissements d’artistes mais une oeuvre complète,
répertoriée, classifiée, ordonnée et qui n’attendait sans doute qu’un désir, qu’une
rencontre pour vivre aux yeux du public, loin du caractère brouillon et – parfois –
volontairement désordonné de certaines compilations de dessinateurs pourtant
aguerris et reconnus.

Par la volonté conjointe de ses quatre enfants (Cécilia, Marina, Nicolas et Olivier), force
est de constater que l’exposition Reyboz présentée au musée Peynet et du Dessin
humoristique du 24 novembre 2012 au 3 février 2013 est un événement exceptionnel,
au sens premier du terme.
Aucune exposition, aucun ouvrage édité, à l’exception de tirages volontairement
réduits en nombre, aucune médiatisation. Tant de talent méconnu, et cela même, pour
certains thèmes abordés, auprès de ses propres enfants.
De titres il n’y a point, pas plus que de dates. Il n’y a que le cheminement quotidien
d’un esprit gorgé d’humour voyageant dans les sinuosités d’univers parallèles. Ce
sont des carnets de voyage, hors du temps et de l’espace que l’artiste a patiemment
concoctés, petit à petit.
Et puisque le plasticien perce sous le dessinateur, la 3D vient alors au secours du
carcan de papier afin que l’étrange s’échappe et prenne vie, et les sculptures qui
mêlent humour et extrême poésie complètent l’univers de Bernard Reyboz, disparu le
4 janvier 2012.

© Succession Bernard Reyboz



La rencontre avec ses enfants a permis de comprendre la volonté d’un homme qui a
scindé sa vie d’artiste entre le sérieux de son art et, comme le dit si joliment la fille de
Cécilia, « les bêtises de papy ».

Le cocon familial et amical tissé par Reyboz fut le seul lieu autorisé pour la diffusion
de cette kyrielle de croquis et dessins aux univers poétiques, tendres et parfois plus
sombres.

Dès sa prime jeunesse, Bernard Reyboz a su disposer de la technique des meilleurs.
L’âge aidant, au gré de l’érosion de l’âme, la sensibilité a trouvé sa place dans le trait
de cet artiste volontairement intimiste, rendant plus fort, plus ambigu parfois aussi son
dessin.

Cependant, si ces « croquades » – comme on disait au temps de Daumier – de la vie
quotidienne ont parfois le goût doux-amer des oeuvres des Chaval, Bosc ou Serre,
il faut conserver avant toute autre chose l’image d’un homme qui aimait, comme le
disent si bien ses enfants, faire « marrer » ses amis. Tel était le but ultime.

© Succession Bernard Reyboz



Lorsque l’on parcourt les cinq thèmes retenus pour cette exposition (Tempéraments
d’écrivains, Gastronomic, Ailleurs, Dépêches AFP ou Joyeux Noël
) le rire franc n’est
jamais très loin, comme la douce folie, l’extrême tendresse, la causticité, et le rire
devient sourire possiblement teinté de mélancolie. On ne peut qu’aimer Reyboz.

Exposition Reyboz au Musée Peynet et du dessin humoristique d’Antibes
Du 24 novembre 2012 au 3 février 2013
Place nationale, 06600 Antibes

pub