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PARIS 8ème : David Walter McDermott, Peter Thomas McGough "What You Mean to Me"

Les créations de McDermott & McGough, qu’il s’agisse de leur oeuvre photographique, peint ou sculpté, invitent à une voyage dans le temps dans l’Amérique des années 50/60.

Fenêtre sur le temps

Les créations du couple d’artistes américano-irlandais McDermott & McGough, qu’il s’agisse de leur oeuvre photographique, peint ou sculpté, puisent leur force dans la puissance évocatrice de l’image. Vivant le passé comme une provocation existentielle, McDermott & McGough refusent de se laisser enfermer dans notre époque contemporaine ; leur démarche artistique est fondée sur le refus de souscrire à « la théorie biblique du temps », choisissant l’époque qui leur convient le mieux pour s’exprimer.

McDermott & McGough, Mean to me 1936, 2010. Capture d’écran. Durée : 12’

Courtesy galerie Jérôme de Noirmont © McDermott & McGough ; Réalisation : Peter McGough. Directeur de la photographie:Dominic Lahiff

Pour donner corps à ce voyage dans le temps, les artistes créent toujours leurs oeuvres en utilisant des techniques de l’époque dans laquelle ils se projettent et en introduisant les détails décoratifs ou stylistiques s’y rapportant. Après s’être concentrés ces dernières années sur leur oeuvre peint, en focalisant sur l’Amérique des années 1950/60, McDermott & McGough reviennent aux sources de leur travail pour le faire évoluer vers l’image cinématographique. Leurs peintures récentes faisaient déjà référence aux images de films en les juxtaposant à des images de bandes dessinées ou de romans photo de l’époque par un découpage pictural de la toile en plusieurs cases.

Aujourd’hui, dans cette nouvelle exposition personnelle intitulée « What You Mean to Me », les artistes nous dévoileront leur premier film, un court métrage qui nous plonge dans l’atmosphère de crise du Manhattan des années 30, et leurs nouvelles oeuvres sur papier, qui mixent réalisme et fiction, imagerie de film et dessin coloré. Mean To Me, 1936 met en scène la fin tragique d’une histoire d’amour dans le Manhattan des années 30, où une brillante courtisane découvre que son amant, aristocrate ruiné par la Dépression, veut épouser une héritière fortunée pour se remettre à flot… La femme faible et vulnérable devient femme forte en passant par des sentiments extrêmes, son personnage symbolisant une histoire sociale américaine où la femme idéalisée se conçoit belle, glamour, dotée d’une personnalité riche aux multiples facettes.

Influencé par le cinéma d’Alfred Hitchcock et de Fritz Lang, ce film noir et blanc

de treize minutes révèle le trouble émotionnel et la personnalité complexe des personnages principaux incarnés par le top model britannique Agyness Deyn et l’acteur américain Linus Roache, pour nous plonger dans une atmosphère mélodramatique caractéristique des films noirs, où l’histoire d’amour sert de prétexte à une chronique de la condition sociale.

Ce tout premier film, réalisé par les artistes en 2010, se nourrit ostensiblement de leur travail photographique comme des principes de l’expressionnisme qui ont tant marqué le film noir américain, avec une succession de plans aux cadrages serrés, une esthétique en clair/obscur et d’importantes ombres portées qui accentuent les psychologies alambiquées des personnages, l’expression dramatique des visages étant ici renforcée par des visions en contre-plongée.

Outre ce mimétisme technique, le film symbolise une nouvelle fois l’authenticité de la démarche atemporelle de McDermott & McGough par le choix des accessoires étudié jusqu’au moindre détail, pour refléter tant l’époque que l’état d’esprit ambivalent des protagonistes et la dramatisation de la scène : robes et habits vintage, colliers de perles et joaillerie ancienne, authentiques flacons de parfum, et l’incontournable téléphone en bakélite, clé du suspense…

Ce court métrage a inspiré McDermott & McGough pour donner une nouvelle évolution à leur oeuvre sur papier. Mêlant images tirées de scènes du film Mean To Me, 1936 à des aplats de couleur ou du dessin à la gouache, les oeuvres exposées ici reprennent des portraits des acteurs et les intègrent au sein ou aux côtés de formes abstraites très construites, dont les couleurs vives et l’aspect souvent géométrique évoquent l’esthétique du Bauhaus ou du constructivisme.

L’allusion à ces mouvements artistiques illustre symboliquement l’intérêt des artistes pour l’évolution technique replacé dans son contexte historique, soulignant ainsi son importance novatrice. En combinant ainsi les techniques, les deux artistes apportent un nouveau développement à leur création, conjuguant deux aspects essentiels de leur oeuvre, entre photographie et dessin/peinture. Après avoir longtemps considéré séparément ces modes d’expression artistique, puis créé récemment des toiles où images de bandes dessinées se juxtaposaient à celles d’anciens films noir et blanc comme celles de l’exposition « Please don’t stop loving me » ...

Galerie Jérôme de Noirmont
36-38, av. Matignon
75008 Paris 8e
- Tel : 01 42 89 89 00
- Fax : 01 42 89 89 03
- Mail : [email protected]
- http://www.denoirmont.com

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