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Une collection Particulière

Du 2 juin au 2 octobre 2011, la Ville de Nîmes et la Fondation des Treilles
présentent au Musée des Beaux-Arts l’exposition importante « Une
Collection particulière ».

La Fondation des Treilles, créée dans les années soixante, conserve
une collection constituée par sa fondatrice Anne Gruner-Schlumberger
(1905-1993) auprès de ses amis artistes. Un ensemble de 120 oeuvres
a été scrupuleusement sélectionné à cette occasion parmi les fonds
ethnographiques, le fonds des arts graphiques et le fonds d’art
moderne. A l’étage du musée, le public pourra découvrir des peintures,
sculptures, dessins, gravures d’artistes peu connus ou de grandes
signatures marquantes du XXe siècle dans le domaine de l’art moderne
et contemporain tels Arp, Braque, Brauner, Dubuffet, Ernst, Giacometti, Klee, Léger, Matta, Picasso,
Soulages ou encore Takis.

Cette exposition s’inscrit dans la politique culturelle de la Ville de Nîmes et de son musée des Beaux Arts qui
réservent à l’art moderne et contemporain une place singulière. Elle succède aux expositions consacrées à
Jean-Marie Granier (1983 et 2010), Picasso (1983 et 1995), Paul Klee (1984), Takis (1993), Lucien Coutaud
(2004), ou encore Lucien Lautrec (2010).C’est bien là que se situe l’une des missions importantes du Musée des
Beaux-arts de Nîmes : tisser le lien depuis ses collections anciennes jusqu’à la création contemporaine, par la
découverte de l’art moderne, celui du vingtième siècle.

Yassilakis Takis, Ensemble de 14 sphères, 1960-82
Photographie Dominique Laugé

Depuis 2005, quelques expositions temporaires ont permis d’approcher la collection léguée par Anne
Gruner-Schlumberger afin de faire connaître le fonds artistique des Treilles, en assurer son rayonnement et
sa mise en valeur (Marseille, Milan, Bruxelles, Tours, Dinan). L’exposition « Une Collection particulière »
entend continuer la mission initiée par la Fondation des Treilles : faire connaître au plus large public les
créations de l’art moderne et contemporain rassemblées par la collectionneuse et amie de ces artistes et
découvrir le regard qu’ils portent sur le monde.
Bien loin d’être le fruit du hasard ou d’un quelconque placement financier, la collection d’Anne Gruner-
Schlumberger est née dans le cadre de relations amicales que cette passionnée d’art entretenait à New-
York, Athènes, Paris, Bâle…C’est au cours de ses nombreuses rencontres et ses échanges très fructueux
dans l’atelier même des artistes que les achats se sont faits, complétés par des cadeaux, oeuvres dédiées
par le créateur même ! Les liens d’amitiés forts avec Dubuffet, Giacometti, Picasso, mais surtout Ernst et
Brauner, ont conduit la donatrice à constituer un choix d’oeuvres sensible et personnel.

Articulé dans les salles de l’étage du musée, le parcours d’exposition composé de sept sections présente
une approche à la fois chronologique et monographique avec des salles consacrées à certains grands
noms de l’art moderne comme Brauner, Ernst et Picasso. Par l’utilisation de matériaux bruts, de techniques
mixtes ou novatrices, les oeuvres attestent de l’objectif visé par les artistes de l’avant-garde : créer de
nouveaux modes de pensée, de nouveaux langages bien éloignés des codes du passé, inventer un art
nouveau. Des collages d’Henri Laurens aux structures en bronze de Takis, en passant par les paysages
magiques de Sima, les univers cosmiques de Matta ou les gravures de Vieillard, le public découvre les
fascinations de la collectionneuse, ses émotions, son admiration, ses coups de coeur, ses passions pour
ceux qu’elle appelait les « artistes de l’imaginaire ».
Le commissariat de l’exposition est assuré par Danièle Giraudy, conservateur général honoraire des
Musées de France, en charge des collections de la Fondation des Treilles présidée par Maryvonne de
Saint Pulgent, et Pascal Trarieux, conservateur du patrimoine, directeur du Musée des Beaux-Arts de
Nîmes. La scénographie a été conçue par Didier Blin, architecte muséographe concepteur de nombreuses
réalisations muséographiques d’expositions temporaires et de présentations de collections permanentes.

Victor BRAUNER
Femme se dépliant, 1954
Peinture à la cire sur carton
78 x 57,5 cm
Signé et daté en bas à gauche
Inv. 990.73
Don de Mme Louise Schlumberger
Acquis à la galerie Iolas, New York, 1973
© ADAGP, Paris 2011

Parcours de l’exposition

Rez-de-Chaussée

Atrium du musée, Trois moutons de Lalanne : Avant d’emprunter l’escalier pour se rendre à l’étage
où se développe le parcours d’exposition, le public découvre dans l’atrium, pièce centrale de l’architecture
du musée, une première création signée de l’artiste contemporain François-Xavier Lalanne. Cet artiste, né
à Agen en 1927, utilise son humour pour concevoir des objets utilitaires avec des formes inédites et
inhabituelles, comme ces trois sièges conçus en 1965 sous l’apparence de moutons. Les Trois moutons
composés de cuivre, fonte d’aluminium, bois, acier, recouverts de peaux lainées de mouton et munis de
pieds à roulettes, sont stratégiquement placés sur la pièce maîtresse de l’atrium, la Mosaïque d’Admète,
mosaïque romaine trouvée dans le sol nîmois en 1883 et scellée au sein du bâtiment achevé en 1907.
L’épisode illustré au centre de ce chef d’oeuvre de l’art antique, représente le mariage d’Alceste avec le
berger Admète, après que ce dernier ait réalisé l’exploit d’amener au père de la jeune fille un sanglier et un
lion en échange de sa main. Cette introduction qui annonce l’exposition, témoigne d’une des missions les
plus importantes que le musée s’est donné depuis plusieurs années : tisser le lien depuis ses collections
anciennes jusqu’à la création contemporaine.

Étage

Salle 1 – Sur la voie du cubisme : dans cette première salle d’exposition, sont présentés quelques grands
noms de l’art moderne, représentants de l’avant-garde artistique du début du XXe siècle. Les artistes de
« la modernité » emploient des matériaux nouveaux et inhabituels (papier, tôle, ficelle…) et des techniques
mixtes comme en témoignent les collages d’Henri Laurens (Femme allongée au bras levé) ou les reliefs en
bois peint de Hans Arp (Constellations de feuilles, 1930). A la recherche d’un ordre nouveau qui rejette
toute réalité imitative, Fernand Léger (Composition mécanique, 1918) et Paul Klee (Sonderling Eccentric,
1930) conçoivent des constructions géométriques directement inspirées de la leçon cubiste de Cézanne,
afin de créer un langage plastique novateur et revendiquer l’indépendance de l’art et la spontanéité de
création, le but étant de rendre visible ce qui ne l’est pas, tout en s’inspirant de la réalité.

Salle 2 - Max Ernst : La salle consacrée à Max Ernst ne compte pas moins de 18 oeuvres (arts graphiques,
peinture et sculpture) du célèbre peintre et sculpteur allemand. Plusieurs oeuvres graphiques révèlent la
technique du frottage mise au point par l’artiste en 1925, qui consiste à frotter avec une mine de plomb ou
un crayon une feuille de papier posée sur un plancher de bois (Monnaie solaire, 1925). Apparaissent ainsi
des formes imaginaires par un procédé semblable à celui de l’écriture automatique, développé par le
groupe des surréalistes dont Ernst faisait partie. Ses peintures Galapagos, les îles du bout du monde et
Pour les amis d’Alice, rendue par grattage, collage, frottage, définissent un langage poétique destiné à
dépeindre un monde « au-delà de la peinture ».

Salle 3 - Joseph Sima : l’artiste d’origine tchèque Josef Sima est un grand représentant de l’avant-garde
pragoise, fondateur en 1934 du groupe des Surréalistes de Tchécoslovaquie et théoricien du Poétisme.
Tandis que ses oeuvres graphiques montrent une intention de géométrisation des éléments (Les Fantômes,
Avenir, 1929) et la matérialisation de la lumière (Lumière(cristal), 1967), ses peintures illustrent son travail
métaphorique autour de la thématique du végétal et du paysage. Sima invente des univers magiques où
les éléments se fondent et se confondent dans des impressions soudaines. Dans ses « tableauxpoèmes
 », guidés par une pensée métaphysique l’artiste souhaite exprimer de façon poétique une réalité
magique et invisible.

Salle 4 - Picasso et masque africain : Dans la rotonde du musée, est présenté tout au long de l’année, La
Vierge à l’Enfant et deux chérubins, dite « Madone Foulc », un des joyaux des collections du musée. Cette
terre cuite polychromée et vernissée réalisée par Andrea della Robbia vers 1480, est mise en parallèle
avec une série d’oeuvres en terre de faïence blanche circulaire du célèbre Pablo Picasso. C’est en 1947,
installé dans le village de potier Vallauris, dans le Midi de la France, que l’artiste découvre les techniques
de céramique. Dès 1954, il conçoit dans les ateliers Madoura une série de pièces à décor estampé en relief
(Grand poisson, Joueur de flûte et ménade, Visage aux feuilles), ainsi que d’autres en terre de faïence
rouge tamponnées de noir par une plaque de linoléum préalablement gravée. Ces techniques mixtes
ouvrent la voie à de nouvelles façons de modeler, d’imprimer, de tamponner, de graver et d’inciser.
Enfin, de part et d’autre de cette rotonde, un Masque Baoulé et un Masque Lwalwa, du fonds
ethnographique des Treilles sont présentés afin de révéler l’influence des arts africains dans l’art de
Picasso.

Salle 5 - L’espace revisité, Dubuffet, Giacometti, Vieillard et Matta… : Cette salle expose deux dessins
d’Alberto Giacometti qui témoignent de son influence du cubisme et de Henri Laurens et de son intention
de réduire à leur maximum les figures et les silhouettes pour leur donner une nouvelle apparence. Les
gravures du buriniste Roger Vieillard, rendues à l’aide de plaques de cuivre détourées, jouent sur les
contrastes de clair-obscur, les formes, les reliefs et montrent un graphisme rigoureux. Dans ses peintures à
l’huile, Jean Dubuffet, fondateur en 1947 du Foyer de l’Art Brut, cherche à animer la surface et lui apporter
une consistance « matiériste » (Texturologie Lix, Topographie terre aux épices, 1958) avec pour but de
dénoncer le caractère contraignant de la culture. Dans cette voie vers l’abstraction, Roberto Matta étudie la
notion d’espace, de mouvement et de changement en réalisant des visions cosmiques du monde, des
paysages imaginaires en mouvement.

Salle 6 - Brauner et l’art africain : La salle Brauner, une des plus importantes sections de l’exposition,
présente 17 oeuvres de l’artiste roumain à qui Mme Gruner-Schlumberger vouait une profonde admiration.
Inventeur en 1924, avec le poète Illarie Voronca, de la « picto-poésie », Brauner recherche les alliances et
similitudes entre les images et les mots. L’oeuvre Sources profondes (1946) témoigne cette envie de créer
une nouvelle forme d’art où l’image et le verbe sont indissociables. L’artiste explore diverses techniques
dont la cire qui lui permet d’inciser le dessin dans la matière (Jeune femme regardant son destin, 1945).
Brauner dit faire un art autobiographique, révélateur de son propre univers magique, peuplé de créatures
oniriques et ésotériques et où la mère protectrice tient une place essentielle (Matriarcat, 1947). Très
colorées et géométrisées, ses peintures sont inspirées de l’art des Précolombiens, mais aussi des arts
d’Océanie et d’Afrique, aussi bien dans leur plastique que dans leur symbolique. Le face à face avec les
couteaux de jet d’Afrique noire et du Zaïre confirme les similitudes entre les lignes originales de ces
instruments en fer battu et les compositions de Brauner, grand passionné qui constitue dès 1950 une
collection d’art primitif (Femme se dépliant, Fixation des vents, 1954).

Salle 7 - Vers l’abstraction, Braque, Fautrier, Séférian, Soulages et Takis… : Cette salle présente des
oeuvres de plusieurs artistes dont les créations prennent la voie de l’abstraction. Après une première
période d’inspiration cubiste, Bernard Réquichot (1929-1961) se lance dans l’abstraction dès sa rencontre
en 1953 avec Jacques Villon et conçoit des peintures à l’huile par raclage, coulage, projection et collage de
papiers choisis sur des thèmes religieux. L’artiste français Jean Fautrier (1898-1964) expérimente les
possibilités de la matière dans son oeuvre Corbeille faite de haute-pâte, mélange de peinture avec des
pigments broyés, qui permettent de réinventer ce qui est. Le sculpteur grec Yerassimos Sklavos (1927-
1967), formé auprès de Zadkine façonne des pierres dures au chalumeau afin de rendre des formes
abstraites en lamelles verticales ou obliques qui apparaissent dans ses travaux à l’encre sur papier
présentés dans cette exposition. Mais cette dernière salle est principalement consacrée à l’oeuvre de
l’artiste grec Yassilakis Takis (né en 1925), qui réalise des sculptures en bronze ou métaux dur, auxquelles
il souhaite apporter une flexibilité et une souplesse. Ses Signaux réalisés à partir de 1978 se composent
d’une base solide et stable surmontée d’une tige métallique qui bouge au gré de l’air. Par ce biais, l’artiste
dit chercher à révéler les phénomènes d’énergie des choses et les éléments invisibles qui constituent le
monde.

Pablo PICASSO
Pan
1948
Lavis sur zinc
Ex/26 /50
Inv. 990.177
Acquis à New York
© Succession Picasso 2011

Musée des Beaux-Arts

Rue Cité Foulc

30033 Nîmes Cedex 9

Accueil : 04 66 28 18 32

Administration : 04 66 67 38 21

[email protected]

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