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TOULON : Orphée aux enfers, Jacques Offenbach

L’Opéra de Toulon vous propose de redécouvrir Orphée aux enfers, l’Opéra-bouffe en deux actes et quatre tableaux sur un Livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy
Créé à Paris, au Théâtre des Bouffes-Parisiens, le 21 octobre 1858
Avec emprunts à l’édition de 1874 !

Acte I

Premier tableau

Dans les environs de Thèbes vivent Orphée, professeur de violon, et Aristée, apiculteur. Quant à l’Opinion publique, elle veille sur la moralité de ses concitoyens. En effet, Eurydice dédaigne le logis conjugal pour rôder chez son beau voisin. Rentrant d’une journée de cours, Orphée ne cache pas son irritation et le couple se dispute violemment. Tout semble bien fini entre eux. Eurydice tremble pour Aristée : il semble qu’Orphée ait posé un piège dans le champ à son intention. En vérité, c’est Aristée qui cherche à piéger Eurydice. Elle succombe d’ailleurs sans tarder, à la grande joie de l’apiculteur qui n’est autre que Pluton, bien décidé à emmener sa chère Eurydice dans l’empire infernal. De retour pour le dîner, Orphée apprend la mort de sa femme. Il n’a pas le temps de se réjouir que l’Opinion publique l’interpelle : il perdra tous ses revenus s’il ne part pas rechercher Eurydice.

©Elisabeth Carecchio

Deuxième tableau

Sur l’Olympe, les dieux dorment, à l’exception de Cupidon et de Vénus, qui ont fait le mur, et de Diane, qui rentre bien affligée du bain où elle n’a pas retrouvé son Actéon. Jupiter tonne contre la licence des mœurs divines mais Junon vient lui reprocher ses infidélités répétées. Pourtant, il n’est pour rien dans l’affaire Eurydice. Sur les informations de Mercure, il convoque Pluton. Celui-ci feint de déplorer son sort mais il est interrompu par une manifestation des dieux, excédés de leur vie sur l’Olympe et de l’hypocrisie de Jupiter. Aussi, lorsque l’Opinion publique et Orphée viennent réclamer Eurydice, tout l’Olympe décide de descendre aux Enfers : Jupiter par curiosité pour la jolie femme, les autres dieux pour s’amuser un peu.

Acte II

Troisième tableau

Enfermée dans le boudoir de Pluton, Eurydice s’ennuie déjà, d’autant que son geôlier John Styx, qui a tendance à trop boire l’eau du Léthé, l’agace avec ses soupirs amoureux et le récit de sa vie. Styx a juste le temps de la dissimuler quand arrive Pluton escorté du soupçonneux Jupiter, qui cherche la jeune femme et finit par la localiser derrière une porte close. Qu’à cela ne tienne, Cupidon le métamorphose en mouche qui passe par le trou de la serrure et lutine la coquette. Ravie de la rencontre, Eurydice s’échappe.

Quatrième tableau

A la bacchanale que les Enfers offrent à leurs invités de l’Olympe, Eurydice déguisée en bacchante chante la gloire de Bacchus, puis Jupiter commande un menuet royal, et tout s’achève dans un galop infernal. Les nouveaux amants s’apprêtent à fuir quand le jaloux Pluton les arrête et rappelle ses devoirs à Jupiter. Justement, voici Orphée, guidé par l’Opinion publique. L’entrevue est solennelle. Pour protéger sa réputation, Jupiter feint d’accéder à la demande d’Orphée mais pose une condition « expresse autant qu’inexplicable » : qu’il ne se retourne pas vers son épouse en partant. Pour l’obliger à accomplir le mouvement fatal, le dieu envoie un coup de foudre. Orphée se retourne machinalement. Pour confirmer la libération d’Eurydice, Jupiter la transforme en bacchante.

Argument extrait du programme d’Orphée aux Enfers / Festival d’Aix-en-Provence 2009

ORPHÉE AUX ENFERS SELON YVES BEAUNESNE

Les deux versions de l’œuvre et les dialogues

Orphée aux Enfers est l’œuvre la plus caustique d’Offenbach, une causticité qu’il revisite en 1874. L’humour dévastateur d’Offenbach déclenche deux rires : un rire léger naît du propos politique et social, un grand rire franc répond à son traitement de la mythologie. Il faut, pour retrouver la radicalité originelle, inverser ces proportions : la mythologie n’appartient plus à nos références alors qu’elle était un pilier des humanités classiques qui formaient la bourgeoisie. Restituer la lettre de l’œuvre, ce serait aujourd’hui en trahir l’esprit.
Il m’est apparu indispensable de la transposer afin de retrouver un rapport à l’époque et à la société qui soit fidèle à ce que proposaient Offenbach et ses librettistes. Soulignons que c’est la démarche même du compositeur qui n’hésitait jamais à réécrire pour assurer l’efficacité d’un spectacle. Nous n’avons bien sûr pas touché aux paroles chantées : seul le dialogue parlé est réécrit afin de faire mettre en exergue la critique sociale, qui est au centre de l’œuvre et qui lui donne toute sa pertinence aujourd’hui.

La fracture du couple mythique est d’emblée irrémédiable

Dans Orphée aux Enfers, je retiens « Enfers ». L’esprit décapant de l’œuvre nous a fait penser aux cabarets parisiens des années 1930, à sa peinture au vitriol d’un monde en plein défoulement, courant au plaisir et à sa perte, où chacun cherche à sauver sa peau. Dans cet univers, Eurydice occupe une position centrale : n’appartenant à personne, elle devient le jouet de tout le monde, elle est choisie au lieu de choisir. Nous l’envisageons comme une petite bonne parisienne telle qu’on en trouvait dans les quartiers bourgeois, mais aussi dans la littérature et l’imaginaire masculin. Elle est tentée par l’ascenseur social et va y laisser des plumes, peut-être même se faire complètement broyer. Les personnages de la pièce sont noirs et gris, elle seule conserve quelques couleurs par sa liberté et sa joie intérieure qui nous touchent. Avec sa partition virtuose, sa volubilité musicale qui échappe à la logique cartésienne des hommes, elle me fait penser à ce canari en cage que les mineurs descendaient avec eux dans les galeries, et dont le dernier cri signalait l’imminence du danger.

Une scénographie verticale

Même si Offenbach conçoit son œuvre à une époque de régression politique et d’explosion économique proche de la nôtre, il nous fallait la déposer dans un temps et un espace qui nous la rendent plus percutante.
Les années précédant la Seconde Guerre mondiale, la capitale et ses hôtels particuliers cossus nous ont paru en accord avec l’esprit de l’œuvre. La verticalité du décor, qui se déploie sur les quatre étages d’une demeure bourgeoise avec sa logique métaphorique des escaliers, suggère non une descente mais une montée aux Enfers. Le mouvement général est celui d’une course folle, d’une licence de plus en plus débridée, de plaisirs toujours plus forts et brutaux. À Paris, pour la bourgeoisie, le mouvement ascendant peut être synonyme de danger : on monte à Belleville, aux Buttes Chaumont, à la Butte Montmartre, au Moulin-Rouge, vers les quartiers de plaisir ou les enclaves populaires où se fomentent les révoltes. La Marseillaise, qui résonne dans le chœur de la révolte des dieux, ne redeviendra hymne national qu’en 1879. Ce qui guette Eurydice enfermée dans cette société, c’est l’encanaillement sur son dos que promet le cancan final. Elle joue une partie dramatique avec les cartes de la comédie.

La place du mythe

C’est le mythe qui garantit la liberté, le détour métaphorique et l’ouverture au rêve. Le caractère par essence malléable du mythe autorise ainsi l’intrusion du personnage de l’Opinion publique, si important dans le départ d’Orphée aux Enfers, et qui a provoqué un an plus tôt les procès de Madame Bovary et des Fleurs du mal... Le rêve, qui naît de la musique et de ses distorsions avec le texte, donne une chance aux personnages. Quelque chose dans la musique continue à raconter le courage d’Eurydice pour laquelle Offenbach éprouve une grande tendresse et qu’il plante dans nos cœurs. À travers cette figure, la partition exhale une humanité et une bienveillance dans lesquelles Nietzsche voyait la forme suprême de la spiritualité d’Offenbach : « un modèle de musique voltairienne, un idéal de frivolité ». Avec lui, le rire a la capacité supérieure de déjouer la réalité à courte vue au profit des lendemains qui chantent.

- Entretien réalisé par Agnès Terrier extrait du programme d’Orphée aux Enfers / Festival d’Aix-en-Provence 2009

Distribution

- Direction musicale Samuel Jean
- Mise en scène Yves Beaunesne
- Collaboration à la mise en scène Jean Gaudin
- Dramaturgie, réécriture des dialogues Marion Bernède
- Scénographie Damien Caille-Perret
- Costumes Patrice Cauchetier
- Lumières Joël Hourbeigt

- Orphée Julien Behr
- Eurydice Pauline Courtin
- Aristée-Pluton Mathias Vidal
- Jupiter Vincent Deliau
- L’Opinion publique Marie Gautrot
- John Styx Jérôme Billy
- Mercure Paul Cremazy
- Cupidon Emmanuelle de Negri
- Diane Julie Fuchs
- Vénus Amaya Dominguez
- Minerve Estelle Kaique
- Junon Sabine Revault d’Allonnes

- Orchestre et chœur de l’Opéra

- Production du Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence
- Coproduction avec l’Opéra de Toulon et l’Opéra de Dijon

Opéra de Toulon
Bd de Strasbourg
83000 TOULON
Direction : Claude-Henri Bonnet

Service Relations Extérieures
3 Avenue Colbert - 83000 TOULON
Tél 04 94 92 58 59 – Fax 04 94 92 58 64
Directrice des Relations Extérieures : Sylvie Morin-Bouttefroy

Points de vente www.operadetoulon.fr
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