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LYON : Les Rives de Saône Scénario pour un River Moviee

Le projet d’aménagement des Rives de Saône, ambitieux programme d’urbanisme et
d’art public qui s’étend sur 14 communes du Val de Saône, dont cinq arrondissements
de la ville de Lyon, est né de la volonté du Grand Lyon. Ce projet original vise à rendre
la Saône aux habitants, à leur proposer une nouvelle forme d’art de vivre en ville, au
plus près de l’eau. Une première tranche du projet sera livrée en 2013.

AVANT-PROPOS DU PRÉSIDENT DU GRAND LYON


Pour Lyon, en agissant sur les leviers de l’aménagement, du dynamisme économique et de
la culture, nous souhaitons inventer pour le futur de nouveaux possibles. À la Confluence,
nous avons bâti un nouveau quartier phare et durable entre Rhône et Saône, en plein centre
de la Presqu’île.
Entre Vaulx-en-Velin et Villeurbanne, le pôle de loisirs du Carré de Soie a
ravivé, autour de l’hippodrome, le coeur de l’Est Lyonnais. Sans oublier les Berges du
Rhône, utilisées longtemps comme seul espace de stationnement et devenues une longue
promenade verte où l’on aime se retrouver.
Le projet des Rives de Saône répond de la même envie. Un nouveau projet d’aménagement,
cela signifie d’abord donner une âme, en faire le lieu de la rencontre des populations et des
possibles.
Nous avons tous besoin d’un urbanisme sociétal, capable de saisir de manière
complémentaire les questions de développement économique, d’équilibre social,
d’attractivité, de choix culturels, d’organisation des flux, de développement durable, de
nouveaux usages et de services.
Nous souhaitons dans l’agglomération lyonnaise, concilier plusieurs objectifs : mixité sociale,
mais également respect de l’histoire, de la géographie de notre territoire et souci de la
qualité de vie pour tous.
Nous avons donc initié un mouvement pour permettre à notre métropole et à ses habitants
de reprendre le chemin de la nature, de se réapproprier les fleuves. Car mixité, à Lyon plus
qu’ailleurs, se conjugue avec équilibre et harmonie.
Aujourd’hui, aller vers la Saône, c’est se tourner à la fois vers le passé et le futur, faire
dialoguer histoire et avenir.
Contrairement aux Berges du Rhône, qui présentent une architecture homogène, et dont
l’aménagement, tissant l’eau, la flore et le minéral, permettent d’admirer l’alignement
monumental de la Presqu’île, les Rives de Saône, modelées par une rivière tantôt tranquille,
tantôt en crue, offrent un panorama très contrasté, surprenant.
Aussi, pour la Saône, nous avons dû inventer tout autre chose : un projet de 50 kilomètres,
sur deux rives. Nous avons pour cela rassemblé quatorze communes et cinq
arrondissements de Lyon. Puis j’ai souhaité initier dès l’origine un dialogue entre urbanistes,
paysagistes, artistes autour d’un même site, pour qu’ils se l’approprient, ensemble, mais
aussi différemment, chacun avec leurs univers propres.
Je souhaite ainsi par ce dialogue fructueux en bord de rives, proposer aux habitants et aux
promeneurs un nouvel art de vivre en ville, à fleur d’eau et de flore.
La Saône est vite sauvage, mystérieuse. Les équipes d’urbanistes et d’artistes l’ont compris.
Ils vont rendre aux riverains un fleuve dans sa continuité -car certains de ses abords étaient
impraticables-, en les embellissant. En leur faisant de surcroît le plus beau des cadeaux,
celui de la redécouverte, de la rêverie.
Gageons que nous serons tous surpris par la multiplicité des propositions issues du dialogue
engagé par les urbanistes et les artistes, indissociablement liés par la Saône. Les talents
réunis sont à l’oeuvre. Un art de rives est en train de naître.

- Gérard Collomb
- Sénateur-Maire de Lyon
- Président du Grand Lyon

AVANT-PROPOS DE JÉRÔME SANS, DIRECTEUR ARTISTIQUE

Ce river movie a été conçu comme un film en plusieurs séquences pour des expériences
visuelles et sensorielles distribuées sur 25 kilomètres le long de la Saône. Plus qu’un projet
d’art public, il s’agit d’une rencontre originale et innovante, qui réunit des artistes plasticiens
français et internationaux, des maîtres d’oeuvre et des paysagistes. Tous ont pensé
ensemble, dès l’origine, un projet d’aménagement qui dessine un nouveau dialogue dans le
patrimoine architectural et paysager lyonnais. Chaque oeuvre ici a sa propre géographie et
s’ancre dans le territoire comme une passerelle entre le réel et l’imaginaire. Les différents
scénarios entrent en résonance avec les lieux et leur histoire pour recréer de nouvelles
mythologies et transporter le visiteur dans une émotion à la fois physique et poétique.

Chaque projet est une invitation à regarder et se déplacer autrement, il s’insinue comme un
nouveau phare pour offrir des points de vue inédits sur Lyon et ses berges, du plus près de
la rivière au plus haut des arbres. Les oeuvres conduisent les visiteurs sur des chemins
inattendus et convoquent à chaque fois une attitude, un mouvement, des gestes différents :
curiosité, jeu, découverte, contemplation... Elles sont comme autant de surprises qui
réenchantent les rives, réactivent leurs atouts naturels et créent des ponts pour reconnecter
les berges et la ville. Chaque intervention urbaine et paysagère développée par les tandems
artistes/maîtrise d’oeuvre est autant pensée pour amplifier la beauté de la rivière que comme
un nouvel espace de vie où déployer des usages urbains inédits. Cette première étape d’un
projet plus vaste, qui réunit une sélection d’artistes internationaux, fait écho à la dimension
globale du Grand Lyon, territoire de croisements, et aux grands rendez-vous mondiaux qui
l’animent -notamment les biennales d’art contemporain et de la danse, le festival du cinéma
« Lumière »- mais aussi aux institutions incontournables que constituent, entre autres,
l’Opéra, le Musée d’art contemporain, le Musée des Beaux-Arts, le théâtre des Célestins…
lesquelles ont contribué à la spécificité et à la notoriété de la ville de Lyon.
- Jérôme Sans

TREIZE ARTISTES

- Débouché de la passerelle du Palais de justice : Elmgreen & Dragset.
- Défilé de la Saône et fil rouge artistique : Tadashi Kawamata.
- Bas-port Gillet : Pablo Reinoso, Meschac Gaba.
- Chemin nature : Érik Samakh, Pascale Marthine Tayou.
- Ancienne écluse de Caluire : Richard Woods, Jean-Michel Othoniel.
- Promenade de Fontaines-sur-Saône : Le Gentil Garçon.
- Promenade des guinguettes de Rochetaillée-sur-Saône : Le Gentil Garçon, Didier
Fiuza Faustino, Lang & Baumann.
- Maison du projet : Didier Fiuza Faustino.

LES PHASES

Le projet directeur Rives de Saône est décomposé en différents projets d’aménagement
intégrant toutes les interventions artistiques. Ces différents projets sont menés de concert,
pour conserver la cohérence globale du projet directeur et être livrés dans la même
temporalité.
Les grandes étapes d’élaboration de projet sont les suivantes :
- Octobre 2010 - octobre 2011 : Conception des différents projets d’aménagement et des
interventions artistiques
- Février 2011 : Lancement de la deuxième phase de concertation
- Été 2011 : Ouverture des maisons du projet
- Octobre 2011 - mars 2012 : Consultation des entreprises
- Avril 2012 - mi 2013 : Réalisation des travaux

LES RIVES DE SAÔNE - SCÉNARIO - SYNOPSIS POUR UN RIVER MOVIE

Le projet d’aménagement des Rives de Saône, ambitieux programme d’urbanisme et
d’art public qui s’étend sur 14 communes du Val de Saône, dont cinq arrondissements
de la ville de Lyon, est né de la volonté du Grand Lyon. Ce projet original vise à rendre
la Saône aux habitants, à leur proposer une nouvelle forme d’art de vivre en ville, au
plus près de l’eau. Une première tranche du projet sera livrée en 2013.
« D’ailleurs, même aux instants où il ne se passait rien sur l’eau, il était doucement fascinant de
regarder couler la rivière, qui reflétait des maisons vacillantes, des nuages furtifs et des pans de ciel
bleu. Une petite barque sollicitait la rêverie et laissait la pensée perdue, après que son sillage s’était
effacé. Une voix soudaine m’appelait, qui me faisait tressaillir : “Que fais-tu donc, qu’on ne t’entend
pas ? - Je regarde la Saône…” »
- Gabriel Chevallier, Chemins de solitude, 1945, éd. Cartier

Au fil de son histoire, de nombreux auteurs ont célébré en Lyon la ville aux deux fleuves, où
le site de la Confluence, à la pointe de la Presqu’île, scelle le mariage du Rhône et de la
Saône. Cette union est celle de l’eau et du feu. Impétueux, le Rhône dévale depuis le
Léman, entre le Jura et les Alpes proches, pour s’assagir en apparence et devenir
véritablement navigable au contact de son affluent. Née dans les Vosges paisibles, baignant
la Bourgogne et le Mâconnais, la Saône, elle, a toujours été plus féminine, sa langueur
inspirant à l’historien Jules Michelet l’image d’une « noble reine ». La fureur du Rhône
suscite le sentiment du sublime, lequel amène à prendre conscience de notre condition
mortelle devant la force prodigieuse de la nature. Plus intime, la Saône incite à la
contemplation et à la rêverie. Jules César, dans la Guerre des Gaules, évoquait déjà sa
« lenteur si incroyable qu’on ne peut juger à l’oeil du sens de son courant ». Au bord de la
Saône, berceau historique de l’agglomération lyonnaise, le temps semble s’arrêter dans un
effet de ralenti cinématographique.

Un cheminement continu
Au milieu des années 2000, les rives du Rhône ont fait l’objet d’un réaménagement
spectaculaire, avec l’instauration d’une coulée piétonne reliant le parc de la Tête d’or au
quartier de Gerland. Les bords de Saône, quant à eux, ont peu évolué au cours de ces
dernières décennies ; sans doute parce qu’au contraire du Rhône aux larges quais pierrés,
l’étroitesse de ses bas-ports, ainsi que l’interruption récurrente et brutale du cheminement,
exigeaient des interventions plus chirurgicales et complexes, notamment par la création exnihilo
de promenades.
C’est pourquoi le projet des Rives de Saône, programme d’urbanisme et d’art public, est
enfin né de la volonté du Grand Lyon. C’est là un projet original, qui vise à rendre la Saône
aux habitants, à leur proposer une nouvelle forme d’art de vivre en ville. Placé sous la
direction d’une maîtrise d’ouvrage forte (délégation générale au Développement urbain de la
communauté urbaine), qui a sélectionné pour la direction artistique le tandem Jérôme Sans -
APC+AIA et 7 équipes talentueuses, nombreuses et polyvalentes de maîtres d’oeuvres (HYL
paysagiste et architecte - Arnaud Yver / Pascale Hannetel ; Dumetier design architecte et
urbaniste - Bruno Dumetier + Alep - Charlotte Schoepen architecte du patrimoine ; Ilex
paysage et urbanisme - Jean-Claude Durual ; Base paysagiste et urbaniste - Bertrand
Vignal ; Tim Boursier-Mougenot & Anne-Laure Giroud paysagistes et urbanistes + Alep -
Philippe Allart architecte du patrimoine ; In Situ architectes paysagistes - Emmanuel Jalbert ;
la 8e équipe, qui aura la responsabilité du quai Rambaud Espace Kitchener-Marchand, sera
choisie sous peu), cet ambitieux projet entend reconquérir près de 50 kilomètres de berges
(soit 25 kilomètres sur chacune des rives), afin d’offrir aux promeneurs et à tous les usagers
de la Saône la possibilité d’un cheminement continu, rythmé par des ouvrages placiaires et
des oeuvres d’art créées spécialement pour l’occasion, en concertation avec les maîtres
d’oeuvre. Ces parcours leur permettront véritablement de se réapproprier la rivière, de
redécouvrir au fil de l’eau, entre la Confluence et Neuville-sur-Saône, un patrimoine
architectural et paysager exceptionnel, une flore et une faune peu mis en valeur jusqu’alors,
et des usages sportifs, ludiques en lien avec les quartiers.

Ce projet d’envergure s’organise en plusieurs séquences qui réhabiliteront des sites
contrastés et dotés chacun d’une identité forte : de la ville à la campagne, de l’architecture
médiévale au patrimoine industriel et écologique… Ces divers sites seront pour les
promeneurs autant de scènes constituant la trame d’un film, lequel racontera, par le biais
d’une déambulation poétique, l’histoire d’une rivière et des cités qui en épousent les
linéaments, des hommes qui en habitèrent et en peuplent encore les rives.
Un processus particulier
Le projet obéit à un processus spécifique : on compte autant de maîtrises d’oeuvre que de
sites. De plus, contrairement à l’usage voulant que les oeuvres d’art s’insèrent après-coup
parmi les interventions urbanistiques, ou que les maîtres d’oeuvres proposent eux-mêmes
des artistes, le Grand Lyon a choisi de placer dès l’origine le programme des Rives de
Saône sous les auspices d’une direction artistique globale, afin que le regard des artistes
apporte un autre éclairage sur les problématiques urbaines. Accompagnés par le duo
Jérôme Sans et APC+AIA, qui veille à établir un dialogue permanent entre les divers
intervenants, les huit équipes de maîtres d’oeuvre et les artistes auront ainsi à coeur de
répondre à un cahier des charges précis. D’autant qu’architectes, paysagistes et artistes ont
associé à leurs recherches sur les enjeux du projet divers citoyens (associations, riverains,
pêcheurs, clubs d’aviron, etc.), afin que chaque réalisation des Rives de Saône constitue un
dialogue inédit entre l’art de vivre et l’art de rives.

Enjeux
Les enjeux énoncés dans le cahier des charges impliquent en premier lieu de développer
des parcours piétons au plus près de l’eau (favorisant la promenade et la course à pied) sur
des berges souvent étroites, voire inexistantes : elles sont, lorsqu’elles existent, aussi basports,
c’est-à-dire construites dans la séquence urbaine, et plus naturelles dans la Saône
bucolique ou le Val de Saône. Il s’agit également de créer des lieux de détente (aires de
jeux, placettes basses, etc.) et d’usages (aménagements pour les sports nautiques, la
pêche, la navigation, etc.), et de mettre en valeur les grandes centralités d’agglomération.
Les lauréats auront notamment pour tâche de relier les quartiers et villages limitrophes, et de
connecter le parcours des Rives de Saône aux promenades existant sur les collines
environnantes. En somme, un soin particulier sera apporté pour que chaque site se raccorde
harmonieusement aux autres en une sorte de fondu-enchaîné : ce sera là, notamment, le
rôle dévolu au Fil rouge déroulé tout au long du parcours par l’artiste japonais Tadashi
Kawamata, dont le vocabulaire artistique (estacades, belvédères, plages et mobilier en bois)
tissera une trame narrative. Pareillement, les oeuvres de Michael Elmgreen et Ingar Dragset,
Pablo Reinoso, Meschac Gaba, Pascale Marthine Tayou, Erik Samakh, Jean-Michel
Othoniel, Richard Woods, Sabina Lang et Daniel Baumann, Le Gentil Garçon et Didier Fiuza
Faustino rythmeront un trajet par nature linéaire, en introduisant ça et là de la surprise en
des points stratégiques, en lien avec les usages et les lieux.
En outre, les divers acteurs de ce projet ont été amenés à intégrer à leurs réflexions le fait
notable que tous les sites retenus constituent des zones inondables, sachant que la Saône,
en dépit de sa placidité, n’en demeure pas moins une rivière sauvage dont les crues sont
légendaires. Cela implique une certaine humilité devant ses débordements, et il s’agit ici de
s’insinuer avec intelligence dans un paysage et un écosystème plus que de les transformer
radicalement.

PLAN SERRÉ : UN PROGRAMME D’ART PUBLIC INTÉGRÉ

Élaborés en concertation avec les divers maîtres d’oeuvre et pensés en relation avec
l’histoire, la poésie et la typologie de chaque site, les projets d’art public retenus dans le
cadre de la première tranche d’aménagement des Rives de Saône rythmeront les 25
kilomètres de parcours au fil de l’eau. Placée en des points stratégiques, chaque réalisation
introduira de la surprise au détour d’un escalier, d’un pont, d’un chemin, afin de convier le
promeneur à des expériences sensorielles et intellectuelles, aussi diverses que l’est la
création contemporaine sous toutes ses formes.
Flânerie. La plage de bois, les passerelles entrecroisées, le belvédère de Tadashi
Kawamata inviteront ainsi à flâner, à s’allonger au bord de l’eau, et à oublier un temps
l’agitation citadine face aux sites majestueux du Vieux Lyon et de la colline de Fourvière.
Mystère. Rive droite, la sculpture en poudre de marbre des scandinaves Elmgreen &
Dragset bousculera quelque peu l’ordre hiératique de la colonnade de l’ancien Palais de
justice par son caractère énigmatique et irrationnel : elle arrêtera à coup sûr dans sa course
le passant pressé au débouché de la passerelle.
Voyage. Plus loin, sur le bas-port du quai Gillet, le même promeneur aura la possibilité de
voyager mentalement avec les jeux de marelle ornés de motifs de Meschac Gaba. Quant
aux sculptures baroques de Pablo Reinoso, qui évoquent tout à la fois les fils des métiers à
tisser lyonnais, les cordages du chemin de halage et l’obstination de lianes vivaces à se
frayer un chemin dans un environnement urbain, elles emmèneront le spectateur des quais
de Saône aux forêts d’Amérique du Sud.
Nature. L’immersion dans la nature se concrétisera véritablement sur le site du Chemin
nature. La nuit, les lucioles artificielles d’Erik Samakh s’illumineront, tandis que les rochers à
crue du même artiste s’animeront avec les débordements de la rivière. Sur le long mur du
bas-port, les peintures et les masques-passeports de Pascale Marthine Tayou seront
comme les vestiges archéologiques d’une civilisation depuis longtemps engloutie par la
végétation, et que l’on découvre au détour d’un sentier perdu.
Féerie. Cet effet de surprise jouera à plein au niveau de l’ancienne écluse de Caluire et du
chevet de l’île Barbe, où Jean-Michel Othoniel et Richard Woods réactiveront l’imaginaire
des contes et de la féérie. Quelle princesse géante a bien pu accrocher ses perles
chatoyantes (Othoniel) avant de se baigner dans la rivière ? Ornés de motifs colorés, les
bâtiments des clubs d’aviron (Woods) n’auront-ils pas désormais quelque chose de la
maison en pain d’épices d’Hansel et Gretel ? On connaît le passé druidique de l’île Barbe, et
il paraîtrait que des elfes y vivent encore.
Jeu. Cette dimension enfantine sera encore accentuée à la hauteur de Fontaines-sur-Saône,
où Le Gentil Garçon engagera le randonneur à jouer à inverser le monde, à passer de
l’autre côté du miroir : ici, les poissons se réfugieront dans les arbres, les cheminées des
usines, en écho à celles qui se tiennent sur l’autre rive, perceront la surface de l’eau, signe
qu’une Atlantide industrielle et lilliputienne s’est développée devant la berge, parmi les
herbiers. L’artiste conviera aussi à des jeux plus scientifiques : d’étranges souches et des
noeuds accrochés comme des tableaux seront autant d’énigmes à décrypter ; ils raconteront
des histoires de marins et de labyrinthes.

Contemplation. Parvenu au site des guinguettes de Rochetaillée, qui marque le terme de ce
premier voyage en bord de Saône, le visiteur éprouvera sans doute le besoin d’une pause. Il
pourra ainsi s’élever au-dessus de la rivière et vers les nuages en empruntant l’Escalier de
Lang & Bauman. Ou bien se hisser dans le Trompe le monde de Didier Fiuza Faustino,
qui reflète le paysage autant qu’il absorbe le regardeur, comme dans les tableaux
romantiques de Caspar David Friedrich, où l’homme de dos est partie intégrante du paysage
qu’il observe. Le promeneur contemplera ainsi la Saône, avec le sentiment de l’avoir
reconquise lors de son intense randonnée, un peu comme l’alpiniste se repose en haut de la
montagne gravie… Pour autant, le voyage ne sera pas tout à fait terminé. La météorite
ludique du Gentil Garçon invitera les enfants à imaginer des paysages tout aussi sidérants,
aux confins de l’espace. Osons y voir aussi un prélude : à d’autres sites, d’autres
promenades, d’autres oeuvres, plus tard, en bord de Saône.

FIL ROUGE : Tadashi Kawamata ponctuera aussi l’ensemble du parcours pour dérouler un
fil rouge artistique en trois séquences :
- Walk. Sur la portion citadine de la rivière, l’artiste élaborera des liaisons en pente
douce destinées à la marche.
- Touch. En fin de la Promenade du Défilé, où la Saône s’évase, il installera des
éléments (comme des bancs, des pontons) où le promeneur pourra se reposer.
- View. Pour la troisième séquence, de Fontaines-sur-Saône à Rochetaillée-sur-
Saône, l’artiste proposera des points de vue réels ou imaginaires sous la forme d’une
tourelle, d’un belvédère ou d’une cabane.

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