| Retour

LYON- Exposition Eric Rondepierre

Eric Rondepierre utilise des photos prises dans son quotidien et les fait dialoguer
avec des scènes extraites du cinéma muet. Il s’ensuit un curieux amalgame où deux
médiums et deux couches temporelles se conjuguent. Avec « Seuils » (2009), l’artiste crée ses propres images et fait que le cinéma reste présent, à la manière de ces fantômes qui reviennent sur les lieux de leur vie passée et qui hantent notre mémoire bien longtemps après avoir disparu.

L’exposition

La référence proustienne, implicite, s’impose à l’esprit de qui regarde ces « seuils » dans lesquels une bouffée de passé surgit dans le présent (Sortie, Compagnie), ou l’inverse(Arkadin). Divers marqueurs signalent ces dyschronies. L’opposition du noir et du blanc est l’un d’eux. Les vêtements, les coiffures, les postures corporelles en sont d’autres, plus discrets. Bien des éléments qui paraissent « naturels », sont en fait éminemment culturels. Éric Rondepierre remarquait un jour combien les voix sonnent faux lorsque des personnages en costume, dans les films historiques, parlent avec nos intonations une langue aujourd’hui inusitée. La magie des images de « Seuils » tient notamment à la tension provoquée par l’écart entre la perception de leur cohérence plastique — à ce titre, il ne s’agit nullement de collages — et la compréhension simultanée, ou presque, de leur hétérogénéité.

Comme la littérature, le cinéma raconte des histoires. Chacune des œuvres de la série « Seuils » en est un concentré, suggéré à notre imagination par les
personnages qui les hantent. Qu’ils nous tournent le dos comme dans Champs Élysées, Loge ou Perspective, ferment les yeux (Nocturne) ou ne s’occupent ostensiblement pas de nous (Sortie), ces hommes et ces femmes sont tout à leurs affaires, leurs tragédies.

Plusieurs tiennent un pistolet, d’autres se querellent, une morte dérive. Un
mouvement anime ces scènes dans lesquelles les protagonistes marchent souvent, courent parfois, et sont presque toujours inscrits dans un environnement habité de lignes obliques, où le guingois est la norme. L’empreinte d’une précarité électrique confère à ces photographies la puissance d’un éblouissement. Aussi sont-elles capables d’entrer en résonance avec un fonctionnement psychique qui ignore les frontières entre le passé et le présent, la photographie, le cinéma et la vie.

Éric Rondepierre en quelques mots

Autoportrait
Droits réservés Eric Rondepierre

1950. Naissance à Orléans.
- Diplômé des Beaux-Arts de Paris, (dessin, gravure)
- Docteur en Esthétique (Thèse sur « Les Yeux verts » de Marguerite Duras, Paris I).
- Agrégé d’Arts Plastiques
Sa maîtrise d’Arts Plastiques porte sur le théâtre de S.I. Witkiewicz (Paris 1, 1976), et son DEA de littérature comparée sur « L’image écrite » (Paris VII, 1983).
Sa formation pluridisciplinaire et ses goûts personnels l’entraînent sur plusieurs voies. Comédien professionnel, il a travaillé en France et en Europe avec des metteurs en scène de théâtre (Pierre Chabert, Le Théâtre d’En face, Bruno Meyssat) et avec des chorégraphes (Mathilde Monnier, Alain Rigout, Grands Magasins, Catherine Diverres et Bernardo Montet). Il a réalisé un court-métrage, des performances, et plus tardivement, des peintures (1985-90).
Au début des années 90, il commence à explorer les « angles morts » du dispositif cinématographique. Son intervention consiste à choisir selon des critères bien définis, puis à extraire des photogrammes (c’est-à-dire des images qui apparaissent sur l’écran 1/24ème de seconde et qui sont invisibles lors d’une projection normale) pour ensuite les proposer sous la forme de tirages photographiques de grand format. Cette économie de l’image, souvent qualifiée de « conceptuelle », mobilise plusieurs registres (texte, peinture, cinéma, photographie) avec une rigueur qui n’exclut pas l’étrangeté ou l’humour.
Tandis que ses expositions se multiplient en France et à l’étranger, il commence à écrire des textes de fiction autour de son travail photographique.
1996. Il est nommé professeur associé à l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne).
- Depuis 2002, l’œuvre s’est diversifiée. L’artiste utilise ses propres images qu’il recompose avec ses textes, ou ses dessins ou encore avec des images de cinéma qu’il s’approprie. Par ailleurs, ses ouvrages récents explorent d’autres territoires (fictionnels ou autobiographiques).

- Informations Pratiques

- Exposition du 10 mars au 30 avril 2010
- Vernissage le mardi 9 mars de 18h à 21h.

- Publication d’un catalogue, Editions Libel / Le Bleu du ciel

- Le Bleu du ciel
48 rue Burdeau - 69001 Lyon
T. + 33 (0)4 72 07 84 31
www.lebleuduciel.net /// [email protected]

- ouvert du mercredi au samedi de 15h à 19h

pub