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AVIGNON : Miquel Barcelo ?

La magistrale performance (une des plus belles de tous les temps) donné par Barceló au Festival d’Avignon dans l’été 2006 ne pouvait pas ne pas connaître de suite. Dans cette performance, l’artiste et son ami chorégraphe Josef Nadj sont aux prises avec un mur et un sol de 230 kg d’argile humide. Une surface lisse à laquelle ils s’attaquent avec force, souffrance et jubilation. Avec leurs mains, leurs pieds puis avec tout leur corps et l’aide de quelques outils, ils maltraitent la matière, constituant progressivement un tableau dont ils sont partie prenante. Une œuvre en constante transformation où matière et corps transfigurent l’espace où ils finissent par s’engouffrer (par une trappe). L’artiste réalisant là son désir de traverser la toile…

La performance (c) A.Amiel

L’exposition « Terramare » organisée cette année présente toutes les facettes de cet artiste protéiforme. Elle se déroule en trois lieux : le Palais des Papes, le Musée d’Avignon et la collection Lambert de l’Hôtel de Caumont. Des références à la Préhistoire, au Gothique, au Baroque, émergent de toutes les œuvres présentées.

Plutôt qu’une rétrospective, Barceló a préféré créer un dispositif particulier intégrant d’anciens travaux : la totalité de ses plâtres, des bronzes, des dessins à l’eau de javel sur papier noir, des peintures, des céramiques, etc., à ceux créés spécialement pour Avignon.
Marqué par l’exposition Picasso de 1970 (qu’il n’a pas vu, mais connaît parfaitement), il a voulu utiliser les mêmes points d’accroche pour ses propres œuvres.

Voiture crane (c) A.Amiel

Il décrit lui-même son installation au Palais des Papes comme un dispositif particulier, celui d’un terrain de football.
Dans la chapelle, face à l’autel, il a installé un deuxième « but », les « joueurs » sont ses sculptures en plâtre. Aux murs, des têtes réalisées à partir de briques représentent les spectateurs et les paravents de céramique agissent comme les publicités qui entourent le terrain.
Dans les pièces attenantes, les « salles de massage » : des tombeaux redécorés et des gisants à tête de poisson : « Un dispositif qui ressemble à une blague, mais qui fonctionne parfaitement ».

Au Petit Palais, Barceló a tenu à commémorer la visite à Avignon des rois de Majorque au XIVe siècle en obtenant du Musée de sa ville natale le prêt de ses collections d’art gothique datant de l’âge d’or de l’île. À ces œuvres historiques, l’artiste a mêlé plusieurs de ses sculptures ou peintures contemporaines, comme par exemple le travail des termites sur ses papiers stockés au Mali.

Peinture Dogons

La collection Lambert qui assure le commissariat général présente sur les murs du magnifique Hôtel de Caumont un panorama complet de ses travaux : peintures africaines, natures mortes, bibliothèques, déserts, céramiques, bronzes, terres cuites ou non, etc., des œuvres jamais montrées, ou spécialement réalisées pour cette exposition.

À l’entrée, sur la place du Palais des Papes, le gigantesque bronze d’un éléphant funambule en équilibre sur sa trompe.

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