AUBAGNE : Onzième Edition du Festival International du film !

UNE TENTATIVE DE CINÉMA…

 Quarante-cinq ans nous séparent de la création de Pierrot le fou. Nous avons la joie et le bonheur de recevoir cette année Antoine Duhamel, qui composa la musique de ce film. Bonheur (entre autres) de revisiter une oeuvre avec notre regard d’aujourd’hui, pour y puiser des raisons de croire à l’aventure de
notre festival. D’où vient ce sentiment, après l’avoir revu – et réentendu – que tout est encore possible ? Trois ans avant mai 68, Pierrot le fou est interdit au moins de 18 ans. Dans les Cahiers du cinéma d’octobre 1965, Jean-Luc Godard constate :« Motif ? Anarchisme intellectuel et moral », et conclut ainsi son interview : « Il y a deux ou trois ans, j’ai eu l’impression que tout avait été fait, qu’il ne restait plus rien à faire aujourd’hui. Je ne voyais pas quoi faire qui n’avait pas été déjà fait. On a tourné Yvan le terrible, Notre pain quotidien. On nous a dit de faire des films sur la foule, mais La Foule a déjà été fait, pourquoi
refaire ? Bref j’étais pessimiste. Après Pierrot, je n’ai plus cette impression du tout. Oui. Il faut tout filmer, parler de tout. Tout reste à faire ». Dans le même temps, il avait écrit que « Pierrot n’est pas vraiment un film. C’est plutôt une tentative de cinéma. Et le cinéma, en faisant rendre gorge à la réalité, nous rappelle qu’il faut tenter de vivre ».

 Propos stimulants, qui viennent interroger notre propre tentative à Aubagne. Pierrot le fou nous renvoie, quelles que soient l’époque et ses noirceurs, au lien fragile et essentiel de la vie et du cinéma. Choisir d’aider des premiers films, parce que tout reste à faire. Même chose pour la musique, élément vivant d’un film, qui lui préexiste, le rencontre, l’accompagne et grandit avec lui.

 Autre tentative répétée chaque année : la Master class de musique pour l’image, et sa création éphémère lors de la clôture du festival, instant unique que le public salue comme tel. Même enregistré, ce ciné-concert ne sera plus jamais celui né d’un moment de la vie et de la rencontre de jeunes musiciens avec un film. Premiers films, création sonore et musicale pour l’image, passage d’expérience : notre « ligne éditoriale » n’a de sens que parce qu’elle repose sur ce qui existera au-delà de ce nous découvrons. D’où l’idée, pas très « branchée » sans doute, mais essentielle à nos yeux, que ce festival doit être aussi un lieu de formation.

 Cette année, le Festival accueille les premières « rencontres compositeurs / réalisateurs / producteurs ». Ateliers, pitch sonore, conférence (« Musique d’écran »), création d’un portail internet spécialisé en seront les points forts. Ces rencontres innovantes doivent leur existence au soutien sans faille de la SACEM, du Conseil Général des Bouches-du-Rhône et de notre Conseil Régional. Merci à toutes les institutions publiques et privées, auxquelles nous devons une reconnaissance toujours plus grande des publics et du monde professionnel. Avec la Ville d’Aubagne à nos côtés, c’est un réel projet d’avenir qui se dessine.

Jacques Sapiega, Président du festival

Invités d’honneur

Antoine Duhamel, le musicien des mots et des images
 JEUDI I8 MARS À 19H - CINEMA LE PAGNOL : PIERROT LE FOU (VERSION NUMÉRIQUE)
 SAMEDI 20 MARS À 13H30 - CINEMA LE PAGNOL : LA SIRÈNE DU MISSISSIPPI

Serge Riaboukine, un acteur sensible
 MERCREDI I7 MARS À 19H30 - CINEMA LE PAGNOL : PEAU D’HOMME, COEUR DE BÊTE

Cyrille Aufort, un spectaculaire orchestrateur
 DU 10 AU 20 MARS DE 9H30 à 19H00 – UNIVERSITÉ DE PROVENCE A AUBAGNE : MASTER CLASS
 SAMEDI 20 MARS À 20H30 - THÉÂTRE COMOEDIA : CINÉ CONCERT

COMPÉTITIONS INTERNATIONALES

Huit premiers longs métrages :

Ces huit longs métrages sont le reflet d’une jeune création internationale qui ose et surprend par la place qu’elle accorde à l’univers musical du film. Un son maîtrisé et une musique qui colle aux images… Un troisième personnage.

 L’amitié, la loyauté et le respect sont à l’honneur dans Mal Dia para pescar (Uruguay et Espagne), où deux marginaux, un ancien champion de lutte titanesque et son manager, organisent des compétitions de catch dans des petites villes sud-américaines... Dans un univers de road-movie coloré, ce film nous livre une histoire originale traitant avec subtilité des faiblesses humaines.

 Voyagez autour du globe avec Universalove (Autriche), regardez et écoutez six courtes histoires d’amour de Marseille à Rio de Janeiro en passant par Belgrade, Tokyo, Luxembourg et New York... Une narration tendre et rythmée soutenue magistralement par la musique originale de la formation indie-rock
autrichienne Naked Lunch.

 Le thriller El Bosque (Argentine) nous entraîne sournoisement, mais sûrement dans l’univers sombre et déstabilisant d’une forêt sauvage où règnent de sinistres forces ancestrales. Décapant, ce premier long métrage est une oeuvre remarquable par sa force à la fois esthétique et sonore.

 Dans Lucidité passagère (Québec), Véronique ne cache rien en amour ; Mathieu est simplement un brin fatigué ; Fred peut s’adapter à tous les genres de femmes ; Rémi doit trouver ce qui l’allume dans la vie. Ce film explore avec une belle fluidité ces brefs instants de lucidité, instants où l’on parvient à voir le monde tel qu’il est...

 Un ange à la mer (Belgique-Canada-France) nous offre un regard sensible sur l’enfance. Louis,12 ans, est bouleversé le jour où son père, maniaco-dépressif, lui confie un terrible secret. Superbement interprétée par Anne Consigny, mère de Louis et Olivier Gourmet respectivement la mère et le père de Louis, Un ange à la mer est un récit poignant et nuancé qui change du traditionnel mélodrame.

 Dans Für Miriam (Allemagne), Karen, une enseignante, est confrontée à une multitude de sentiments : culpabilité, attachement, vengeance ou attirance. Le réalisateur nous parle de la confusion des sentiments, tout en finesse et en justesse. Une première oeuvre incroyablement bien ficelée.

 L’enfance d’Icare (France), le dernier film avec Guillaume Depardieu, aborde de manière expérimentale les obsessions et les démons du passé, au travers d’une réflexion sur la manipulation génétique. Un film atypique à la limite de la science-fiction.

 Avec Versus (France), devenez fan d’Aladoum et plongez dans l’univers inconnu et fascinant des « battles MC », où s’affrontent des improvisateurs hip-hop de talent. Un portrait frais, vif et authentique.