| Retour

ARLES : Du lourd et du piquant : Rencontres Internationales de la photo

C’est le rendez-vous de la photo par excellence depuis des années à Arles. Pour cette 41ème édition des Rencontres internationales de la photographie qui se tient jusqu’au 19 septembre, plus de 60 expositions sont à admirer réparties en 6 promenades. On vous dit ce qu’il ne faut pas manquer.

Nouveautés

Les Rencontres 2010 sont marquées par quelques nouveautés, notamment la création d’un Village dédié à la rencontre entre des éditeurs spécialisés, des galeristes et des institutions. Et la durée du festival a été rallongée d’une semaine en septembre pour accueillir encore plus nombreux les écoliers de toute la région.

Tout d’abord, les Rencontres sont faites pour accueillir et pour diffuser la photographie la plus actuelle.

Les Rencontres d’Arles 2010 proposent six promenades : une argentine, une rock, une argentique, une avec les amis de la Fondation LUMA, une en forme de passage de témoin, et une autre autour des prisons françaises.

La 41e édition bénéficie de l’expertise d’une vingtaine de commissaires qui sont responsables de grandes institutions internationales, directeurs artistiques ou collectionneurs.

Chaque promenade débute par des invités d’honneur ou une exposition emblématique.

- Promenade Argentine

Le grand artiste plasticien León Ferrari est l’invité d’honneur des Rencontres d’Arles. La Biennale de Venise lui a décerné le Lion d’Or de l’artiste étranger en 2007 et, après une exposition au musée d’Art moderne de New York et au Reina Sofía de Madrid, son œuvre est présentée pour la première fois en France aux Rencontres. Ses détournements de photographies ou de cartes postales sont le prétexte pour cette rétrospective. Installée dans la chapelle Sainte-Anne par le commissaire argentin Andrés Duprat, l’exposition regroupe installations, dessins, sculptures qui expriment son anticléricalisme, et sa défiance vis-à-vis des dictatures.

Entre la difficile et douloureuse traduction de l’histoire récente et la recherche d’une identité « latino », la photographie argentine contemporaine est représentée par cinq autres artistes au pavillon des Forges du Parc des Ateliers : Leandro Berra, Marcos Adandia, Gabriel Valansi, Marcos López et Sebastiano Mauri, et dans d’autres promenades : Oscar Bony et Augusto Ferrari (Argentique), David Lamelas (Rock).

- Promenade Rock

Les Rencontres d’Arles avaient invité en 1986, à l’initiative d’Alain Dister, tous les photographes couvrant la scène rock mondiale. Ce programme Rock et Photo avait marqué un tournant des Rencontres. L’intérêt que l’on porte à la photographie aujourd’hui est plus complexe qu’un seul catalogue de photographes fans. Nous avons voulu évoquer cette relation entre le rock et la photographie, à travers :

- Mick Jagger, l’artiste le plus photographié qui a accepté que les Rencontres créent la première exposition retraçant sa carrière à travers l’œil des plus grands portraitistes.

- I am a Cliché, échos de l’esthétique punk, l’influence de la musique punk rock sur la création photo et vidéo des années 1960 à aujourd’hui à travers les œuvres d’une vingtaine d’artistes choisis par Emma Lavigne, conservatrice pour l’art contemporain au Centre Pompidou.

- Une rétrospective des quarante ans de portraits du spécialiste français de la pop et du rock, Claude Gassian, sous forme d’une exposition et d’une soirée.

- Le photographe Jean Pigozzi qui a réserve pour Arles l’exclusivité de quarante ans de clichés au cœur de la jet-set dont il partage la vie de fête et de voyages. À cette occasion, une soirée au Théâtre Antique, réalisée par Jean-Jacques Naudet, est consacrée aux photographes mondains.

- Promenade Argentique

La montée en puissance du numérique a entraîné la disparition de certains films et procédés. Les Rencontres d’Arles 2010 ont décidé de donner un coup de projecteur sur les conséquences esthétiques de ces changements technologiques.

L’Autrichien Ernst Haas, injustement méconnu, premier photographe à tirer son talent des merveilleuses possibilités du film Kodachrome, est présenté avec une sélection de son travail couleur par William Ewing, ancien directeur du musée de l’Élysée à Lausanne.

Le tir photographique forain : étonnants autoportraits derrière un fusil réalisés par des anonymes et des célébrités sur les stands de tir des fêtes foraines du milieu du xxe siècle, et sa réappropriation singulière par des artistes contemporains. Shoot ! La photographie existentielle est une exposition réalisée par Clément Chéroux, conservateur pour la photographie au Centre Pompidou avec la participation du collectionneur Erik Kessels.

Au palais de l’Archevêché, François Cheval, le directeur du musée Nicéphore-Niépce de Chalon-sur-Saône, a carte blanche pour montrer par des créations inédites des outils multimédias expliquant des pratiques photographiques du passé.

La collection Polaroid court le danger d’être dispersée, seule collection qui accompagne toute l’histoire d’une pratique, Edwin H. Land en ayant eu l’initiative dès la commercialisation de son procédé en 1947. William Ewing en présente une sélection à l’Espace Van Gogh.

Le photomontage à l’ancienne, colle et ciseaux, est remplacé par les palettes graphiques. L’artiste chinois Zhang Dali montre ce qui se faisait en Chine à des fins politiques dans les années 1950 à 1970 : des dizaines de trucages photographiques et leurs documents originaux retrouvés et décryptés grâce à cinq ans de recherche.

Les dernières chambres noires à travers le monde ont été photographiées avec poésie par le Québécois Michel Campeau.

Pour symboliquement confirmer les intentions du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, de décentraliser à Arles une partie du patrimoine photographique de l’État, Anne de Mondenard propose une sélection d’autoportraits issus des collections nationales.

Dans la salle des Tapisseries du cloître Saint-Trophime sont présentés les touchants clichés de l’Argentin Augusto Ferrari, le père de León, photographies préparatoires à la réalisation de fresques peintes dans l’église San Miguel à Buenos Aires.

- Promenade avec les amis de la Fondation LUMA

La Fondation LUMA présente pendant l’été un point d’étape de l’ambitieux et généreux projet de réhabilitation du Parc des Ateliers conçu notamment avec l’architecte Frank Gehry et le paysagiste Bas Smet, initié et financé par Maja Hoffmann avec la région PACA, la Ville d’Arles et le ministère de la Culture.

Pour l’édition 2010 du Prix Découverte à l’Atelier de Mécanique, les Rencontres d’Arles invitent cinq des membres du collège de réflexion de la Fondation LUMA à être les sélectionneurs des quinze expositions en compétition pour le prix de 25 000 euros. Ce « core group » est lui même constitué d’artistes ou commissaires de la scène internationale de l’art contemporain : Tom Eccles, directeur exécutif du Center for Curatorial Studies du Bard College à New York, Liam Gillick, artiste et professeur à la School of the Arts de Columbia University à New York, Hans-Ulrich Obrist, codirecteur des expositions et des programmes de la Serpentine Gallery à Londres, Philippe Parreno, artiste, et Beatrix Ruf, directrice et conservatrice de la Kunsthalle de Zürich.

La Fondation LUMA, qui soutient le Prix Découverte depuis 2002, crée un nouveau « prix LUMA », d’une valeur équivalente à celle du Prix Découverte, qui est attribué en 2010 par les artistes Fischli/Weiss à l’un des quinze artistes exposés. Ces deux merveilleux artistes présentent eux-mêmes une exposition d’œuvres récentes maniant l’ambiguïté et l’humour en s’interrogeant sur l’art comme ils en ont le talent.

Luke Fowler est invité par la Fondation LUMA à exposer dans l’hôtel du Cloître.

- Promenade des passages de témoins

Le cinéaste Marin Karmitz présente pour la première fois sa collection de photographies, avec la complicité de Christian Caujolle dans l’église des Frères-Prêcheurs. Faisant le pont entre différentes époques et pratiques, sa démarche a la particularité d’accompagner notamment une douzaine d’artistes sur le long terme, plutôt que de balayer une période ou un genre. Marin Karmitz, qui s’est lié d’amitié avec ceux qu’il collectionne, complète pas à pas le corpus de chacun, les aidant ainsi à produire.

Cette collection est emblématique de l’évolution des pratiques, de la photographie directe à l’installation en passant par le banc-titre, elle établit un lien entre des univers de plus en plus variés qui rendent le champ photographique passionnant. Elle préside à cette promenade qui présente nombre de jeunes artistes émergents et interroge différentes directions possibles pour la photographie.

France 14, projet de production né à Arles, à l’initiative de quatorze photographes invités du programme de Raymond Depardon en 2006. Ils présentent à l’abbaye de Montmajour leur propre regard sur la France, en écho à la Bibliothèque nationale de France qui présentera à l’automne la mission de cinq ans réalisée par Raymond Depardon sur la France.

L’église Saint-Blaise et le couvent Saint-Césaire, nouveau lieu magnifiquement restauré et mis à la disposition des Rencontres par la Mairie, regroupent de jeunes artistes dans l’exposition reGeneration2, fruit d’une sélection des écoles d’art et de photographie du monde entier. Ce projet débute simultanément au musée de l’Élysée de Lausanne et à Arles, célébrant la passation de pouvoir entre deux directeurs de cette institution, de William Ewing à Sam Stourdzé, amis des Rencontres.

Le Grand Prix SFR Jeunes Talents Photo 2010, sélection interactive, a su faire émerger en peu de temps de jeunes artistes ; son jury est présidé cette année par Isabel Muñoz.

Interrogeant la place actuelle du photographe documentaire, Paolo Woods expose salle Henri Comte ses portraits de familles iraniennes en parallèle de l’actualité de Téhéran, couverte par les manifestants eux-mêmes, à l’aide de leurs téléphones portables et de sa diffusion par Twitter.

L’École Nationale Supérieure de la Photographie présente à l’église Saint-Blaise une sélection de la promotion 2010 et nous accueillons cet été le nouveau directeur, Rémy Fenzy, qui succède à Patrick Talbot.

La lauréate 2009 du Photo Folio Review, Lea Golda Holterman, est exposée à l’espace Van Gogh avec le soutien de la Fnac.

- Promenade dans les prisons françaises

Les Rencontres étant à leur façon un média, une exposition basée sur le rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté montre combien l’univers carcéral français est loin d’être un lieu d’aide à la réinsertion, et invite à franchir le mur des idées reçues.

Autour de l’événement

Le magazine Télérama fête à Arles son soixantième anniversaire à travers plus de 3 000 couvertures, pour lesquelles les rédacteurs en chef successifs ont privilégié la qualité de création.

L’année de la Russie en France est l’occasion d’une soirée et d’une exposition réalisée avec Olga Sviblova du musée de la Photographie de Moscou.

Le rendez-vous annuel Des Clics et des Classes qui est produit en milieu scolaire avec l’Éducation nationale.

L’École Nationale Supérieure de la Photographie présente à la galerie Arena les travaux de sept artistes sur la thématique du déplacement dans les villes et les campagnes.

Le Méjan expose au Magasin Électrique les artistes récemment publiés par Actes Sud et rendra hommage au laboratoire Picto pour ses soixante ans.

La semaine d’ouverture rallongée permet de proposer plus de rendez-vous avec les artistes et les commissaires du programme.

Un colloque réalisé avec Connaissance des Arts tire partie de la présence d’experts d’horizons très différents, pour tenter d’évaluer s’il est encore pertinent de distinguer la photographie de l’art contemporain. Un autre sur l’exclusion et la pauvreté se déroule pour la première fois entre les trois festivals, lyrique d’Aix-en-Provence, de théâtre d’Avignon et les Rencontres d’Arles, installant ainsi une nouvelle collaboration « 3A ».

La Nuit de l’Année retrouve le chemin du centre-ville du côté de la Hauture, les stages se multiplient et améliorent leur capacité d’accueil, le Photo Folio Review s’étend sur dix jours et la Rentrée en Images attend près de 10 000 visiteurs scolaires avec leurs enseignants, grâce au nouvel allongement du festival en septembre.

Une autre exposition est à ne pas rater est dans la promenade des passages de témoins. Le cinéaste Martin Karmitz présente pour la 1ère fois sa collection de photographies dans l’église des Frères-Prêcheurs où le travail d’une douzaine d’artistes est suivi sur le long terme.

Sans aucun doute, vous repartirez d’Arles avec des images plein la tête !

http://www.rencontres-arles.com

Informations pratiques :
Rencontres d’Arles 2010, 41ème édition
Quinzaine d’ouverture : du 3 au 13 juillet
Soirées : 7, 8, 9 et 11 juillet au Théâtre Antique à 22h15
Nuit de l’Année : 9 juillet
Prix des Rencontres d’Arles : remis le 11 juillet au soir au Théâtre Antique.
Expositions : du 3 juillet au 19 septembre (certains lieux du centre-ville ferment le 31 août)
Heures d’ouverture : 10h - 19h
Village des Rencontres d’Arles au Parc des Ateliers : du 6 au 11 juillet
Colloque : du 7 au 9 juillet au Théâtre d’Arles
Séminaire : du 11 au 13 juillet au Théâtre d’Arles
Rencontres européennes : du 13 au 15 juillet au Théâtre d’Arles
Conférences et débats durant toute la quinzaine d’ouverture au 34 rue du Docteur Fanton
Signatures de livres quotidiennes durant la quinzaine d’ouverture au 34 rue du Docteur Fanton
Visites guidées des expositions par les photographes et commissaires : du 3 au 13 juillet et par des médiateurs tout l’été
Photo Folio Review : du 4 au 12 juillet
21 stages en avril, juillet et août
Une Rentrée en Images : du 3 au 17 septembre

pub