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Nouvelle Exposition à La Maison : Éric Pougeau “Au nom du père”

Parce que depuis son inauguration en 2006, la Maison, galerie singulière se place en marge de l’activité marchande et institutionnelle, elle offre un cadre propice à l’expérimentation dans son acceptation la plus large et où les occupants doivent composer avec les propositions artistiques
accueillies.
L’invitation faite à Éric Pougeau participe de cette dynamique et c’est ce qui plait à la rédaction d’Art Côte d’Azur ! Ne manquez pas cette nouvelle occasion de découvrir enfin ce lieu atypique dédié à l’art !

Consacrer une exposition personnelle à l’artiste Éric Pougeau à la Maison n’est pas anodin. Outre le
caractère monographique communément entendu, il s’agit de convoquer dans un espace d’exposition singulier,
un appartement, le rapport complexe qu’entretient l’artiste dans son travail artistique à l’intime, à la sphère personnelle
comme lieu pour questionner, parler et critiquer des systèmes de pouvoir, d’autorité, d’enfermement, de manipulation
et d’abandon, ainsi que notre propension à digérer la violence, qu’elle soit morale, institutionnelle ou médiatique.

- Dans l’exposition “Au nom du père” point de couronnes et de plaques mortuaires aux inscriptions lapidaires,
mais un glissement des signes et des rituels religieux (la confession, la prière, le rapport à la chair et au sang) vers
la cellule familiale tout en préservant l’imbrication de ces deux entités à travers les travaux d’écriture de l’artiste
qui transcendent (transgressent) les liens du sang, le rapport au corps et à l’esprit de famille conventionnel.
- Le “Nom du père” implique le fils, cet enfant fictif prenant la plume, le petit Éric Pougeau. mais aussi “Les enfants”,
l’oeuvre centrale de l’exposition. “Le nom du père”, enfin, est une expression utilisée en 1951 par Jacques Lacan
pour désigner un concept psychanalytique sur les psychoses infantiles, où le “nom” renvoie spécifiquement au langage
et à l’inscription de l’être dans le réel. L’"Hôpital Marquis de Sade” fantasmé par l’artiste dans une oeuvre de 2004
n’est plus très loin.

- Depuis “Ne me cherchez pas je suis mort” (2004), Éric Pougeau a fait de l’écriture son matériau, la chair de
ses fictions dont il a réuni pour l’exposition à la Maison, les plus récentes et les plus importantes. La série de 33 mots “Les enfants”, présentée dans “le salon”, recense un corpus de petits mots que les parents laissent habituellement à
leurs enfants sur la table de la cuisine. L’écriture appliquée et manuscrite est portée sur du papier à lettres : “Les
enfants, nous allons vous enfermer. Vous êtes notre chair et notre sang, À plus tard, Papa et Maman”. La messe
est dite.

UNE DES OEUVRES PRESENTEES
Les enfants (série de 33 lettres) - 2005
stylo sur papier - 18 x 14 cm

Dans une seconde salle, c’est l’écriture enfantine sur des pages de cahier d’écolier qui prend la parole, une
parole silencieuse “J’ai peur, je veux être la peur”, une prière “Mon Dieu, faites que je n’espère plus, Eric”, et ces
objets pour lesquels l’on pourrait presque éprouver une forme de nostalgie, si les extrémités de ces trois règles en
fer n’étaient pas dangereusement acérées, et la chemise d’écolier consciencieusement suspendue sur un cintre avec
Éric Pougeau amoureusement brodé, une camisole taille 6 ans.

- Les oeuvres d’Éric Pougeau, écritures et objets, abordent sans complaisance par l’entremise de la famille et
de la religion, la mort, la violence, la morale, avec une insolence radicale, avec humour, économie, et d’une certaine
manière pureté. J’entends ici pureté de la forme, l’artiste ne fait pas le jeu de l’image choc ou sanglante, les médias
remplissent fort bien cet office. Dans ses différents travaux d’écriture, la violence est entièrement contenue dans le
pouvoir des mots, nous ne sommes pas dans un art de l’outrance ou de la vulgarité, nous devenons le témoin d’échanges
secrets entre parents et enfants, entre l’enfant et lui-même, sans considération morale, sans parti pris, ni jugement.
Présentation de l’exposition par Diane Pigeau, 2008.

Contact et informations :


- www.galeriesingulière.com
- [email protected]
5 rue Offenbach - 06000 Nice
06 11 98 64 04 (Jérémie Strauch)

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