| Retour

L’Arcadie retrouvée

La Provence, et plus particulièrement le pays de Grasse
qui offre des conditions exquises à la fois pour le repos
et le travail, est aux yeux de nombreux artistes et écrivains
une « Arcadie retrouvée ». Francis de Miomandre (1880-
1959), lauréat du prix Goncourt en 1911, affirme “ qu’il n’a
jamais compris l’Antiquité avant de connaître la campagne
grassoise.”...Laissez-vous séduire à votre tour par cette exposition aux facettes multiples !

Afin de mieux faire connaître les richesses
artistiques du pays de Grasse,
le département patrimoine de la bibliothèque
municipale organise une
exposition pluridisciplinaire, conçue
autour du thème de l’Arcadie retrouvée.

Cette manifestation se décline en trois parties :
- l’Arcadie comme lieu de la création,
- la campagne grassoise qui évoque cette antique
contrée,
- les maisons d’écrivains en pays grassois en tant
que créations artistiques à part entière.

Au-delà de la mise en valeur des abondantes collections
patrimoniales de la bibliothèque municipale,
l’objectif de cette exposition est de sensibiliser le
plus large public aux aspects du patrimoine local
souvent oubliés et mal connus comme les maisons
d’écrivains.
L’exposition se déroulera du 27 janvier au 28 février
2009. Elle sera complétée par des conférences, des
circuits de maisons d’écrivains et un concert de flûte
rustique.

Loisir et création en Arcadie...

- D’après la description que Virgile, poète romain du Ier
siècle av. J.-C., dressa dans Les Bucoliques, cette région
montagneuse de la Grèce antique était habitée par les
bergers qui vivaient en harmonie parfaite avec la nature. Les
Bucoliques, chef-d’oeuvre de la poésie pastorale, nous livrent
la vision d’un lieu idyllique où l’homme peut trouver la sérénité,
la simplicité et le bonheur.
Cette évocation nostalgique de l’âge d’or perdu inspira de
nombreux poètes mais aussi des peintres paysagistes.
Parmi eux, l’un des plus célèbres, Claude Gelée, dit le Lorrain
(1600-1682).

- Au-delà de la littérature et de la peinture, le mythe de
l’Arcadie
est également perpétué dans la musique. La
nymphe arcadienne Syrinx, poursuivie par Pan, dieu protecteur
des bergers qui la pressait de l’aimer, se jeta dans le lac et se
trouva métamorphosée en roseau.
Pan, après avoir découpé les roseaux en sept morceaux de
longueurs différentes, les attacha avec de la cire et de la ficelle,
créant ainsi une flûte qu’il nomma syrinx en souvenir de son
aimée.
La plainte de Pan, après la disparition de son aimée, accompagnée
par les sons de la flûte imitant le bruit du vent dans les roseaux,
inspira à Jean-Baptiste Lully (1632-1687), compositeur
à la cour de Louis XIV, les gémissements des roseaux dans le
troisième acte d’Isis, qui répondent en écho à la plainte du dieu
des bergers. Ce passage sublime valut à cette oeuvre le nom
d’Opéra des musiciens.

- Ainsi l’Arcadie, lieu de retraite et de repos, constituait un cadre
particulièrement propice au loisir intérieur ; affranchi de la
contrainte du temps, il représentait une sorte d’oisiveté créative.
Ce loisir -visant l’enrichissement personnel et intellectuel, connu
dans l’Antiquité sous le nom d’otium- englobe, entre autres, la
lecture, les arts et plus généralement toute création artistique
.

Arcadie retrouvée...

La Provence, et plus particulièrement le pays de Grasse
qui offre des conditions exquises à la fois pour le repos
et le travail, est aux yeux de nombreux artistes et écrivains
une « Arcadie retrouvée ». Francis de Miomandre (1880-
1959), lauréat du prix Goncourt en 1911, affirme “ qu’il n’a
jamais compris l’Antiquité avant de connaître la campagne
grassoise.”
- Cependant, c’est dans l’oeuvre de jeunesse de Jean Giono
(1895-1970), que la parenté entre l’Arcadie et la Provence
trouva sa meilleure expression. Son engouement pour Virgile
apparut déjà dans son premier recueil de poèmes, Accompagnés
de la flûte, illustré et édité à Grasse en 1924 par Lucien
Jacques (1891-1961).
- En 1953 fut édité Arcadie ! Arcadie ! dans lequel Jean Giono livra
la description d’une certaine Provence, « contraire d’un pays à
idées fixes » et aussi « ce qu’on appelle bêtement la Côte d’Azur ».
Ce « canton virgilien classique », accessible « par le simple détour
d’un chemin », est un lieu de séjour mythique pour les poètes. Là,
dans l’oliveraie, qui « représente ce que représente une bibliothèque
où l’on va pour oublier la vie ou la mieux connaître », Jean Giono
se sustentait à ces moments d’oisiveté créative : « quand je lisais
Homère, Eschyle, Sophocle dans les vergers d’oliviers, j’appelais
mes combles du bonheur des dimanches à Delphes. »
- Cependant, cette terre de Virgile et de Pan, où les oliveraies
constituent « la charpente de notre joie », connut également
les désastres naturels « d’une humanité bouleversante ». Après le
gros hiver 1956 qui transforma « certains vallons de délices virgiliens
 » en « places d’armes de l’enfer », deux millions cinq cents
mille oliviers trouvèrent la mort.
- Cette réaction de Jean Giono, exprimée dans un texte intitulé Sur
des oliviers morts, s’articule avec la
série de lithographies et de tableaux
à l’huile de Erwin Sutter (1897-
1974), artiste originaire d’Alsace et
ardent animateur de la vie artistique
et culturelle de Grasse dans les années
1950-1960. Son Olivier crucifié
est en effet d’une expressivité comparable
aux descriptions de Jean
Giono des « squelettes d’oliviers
morts » qui, contrairement aux
hommes, « restent debout ».

Lieux de la création...

Le paysage bucolique de la campagne grassoise constitue également
un cadre propice à la création littéraire. De nombreux
écrivains l’ont choisie comme lieu de villégiature ou d’habitation.
« J’ai décidé de m’établir dans un coin tranquille, entre les collines,
de rester là, loin de tracasseries quotidiennes de ma vie. » Ainsi,
George Herbert Wells présente les raisons qui l’ont fait venir à
Grasse. Là, « menant une vie très simple et effacée », loin « de la vie
mondaine de la Côte d’Azur », il s’adonnait à des réflexions sur des
« grands problèmes de la guerre et de la paix », traités dans ses écrits
des années 1920.
- Les maisons de Maurice Maeterlinck, Francis et Anne-Thérèse de
Croisset, George Herbert Wells et Odette Keun ou Marguerite
Burnat-Provins offrent, chacune, un exemple original de ce
que peut représenter la fusion du lieu de travail avec celui du repos.

- Cependant, à l’instar des oeuvres littéraires, certaines maisons
d’écrivains constituent elles-mêmes une création artistique à
part entière. « Un livre d’images créé avec la nature », ainsi Ferdinand
Bac (1859-1952), à la fois écrivain, architecte et créateur de
jardins, présente l’une d’elles, la villa Croisset et ses jardins, conçue
en collaboration avec les « nuages, les rochers et les oliviers » du
pays de Grasse.
La villa Messuguière à Cabris, que fit construire Aline Mayrisch
de Saint-Hubert (1874-1947), mécène d’innombrables écrivains
français, constitue un exemple frappant de la qualité artistique exceptionnelle des maisons d’écrivains en pays de Grasse. Cette imposante demeure est en effet l’oeuvre unique, sur le sol français, du
célèbre architecte allemand Otto Bartning (1883-1959), directeur
de l’école du Bauhaus, qui constituait dans les années 1920
un véritable berceau pour l’architecture contemporaine.

Une exposition pluridisciplinaire

- Mardi 27 janvier : 17h30 Vernissage et concert
de flûte rustique à partir de 18h
- Circuits de maisons d’écrivains :
- Samedi 7 février : 14h30-17h
- Samedi 28 février : 14h30-17h
Inscriptions au 04 93 40 56 40 à partir du 28 janvier 2009

- Rendez-vous à 14h à la bibliothèque municipale
- Conférences :
- “Du palais de la Belle au château de l’âme :
maisons d’écrivains au Pays de Grasse.”
par Przemys ?aw B. Witkowski
Samedi 14 février : 17h15
- “Gide et Thésée, un mythe revisité :
du labyrinthe vers l’hédonisme” par Yves Ughes
Samedi 21 février : 17h15
« C’est bien connu, nous réécrivons toujours les mêmes livres,
nous retravaillons en permanence les textes fondateurs. Ainsi ce
"Thésée" produit par André Gide. Mais avec cet auteur ce qui
pourrait n’être qu’un exercice littéraire devient travail jubilatoire
de réinvention. Et si Thésée avait commis un acte manqué en ne
hissant pas la voile blanche et en précipitant ainsi son père dans
la mer qui portera son nom ? Et si le Minotaure dormait, lors de
la rencontre fatale... et si finalement tout n’était que support du
plaisir… le maître-mot de Gide ? Une réécriture pour qu’émerge
un nouvel hédonisme, un lien heureux avec le monde. Un vrai
message grec. »

Autour de l’exposition ...

Liste de maisons d’écrivains
en pays de Grasse ...
- Château des Quatre-Chemins
(aujourd’hui Bastide du Peyrard), Grasse
Maurice Maeterlinck
- Villa Croisset, Grasse
Francis de Croisset
- Villa Bastidou, Magagnosc
Odette Keun et George Herbert Wells
- Villa Lou Pidou, Grasse, Saint-Mathieu
Odette Keun et George Herbert Wells
- Cyprès de Saint-Jean, Grasse, Saint-Jean
Lucien Jacques
- Clos des Pins, Grasse, Saint-Jacques
Marguerite Burnat-Provins
- Villa Jeanette, Grasse
Ivan Bounine
- Villa Belvédère, Grasse
Ivan Bounine
- Villa les Audides, Cabris
Maria Van Rysselberghe
André Gide
Pierre Herbart
- Villa la Messuguière
Aline Mayrisch de Saint-Hubert
André Gide
Henri Thomas
- Les Fioretti, Cabris
Marie de Saint-Exupéry

Informations pratiques

- COMMISSAIRES DE
L’EXPOSITION :
Maryse Furia, Annie Garra,
Przemys ?aw B. Witkowski
- DÉPARTEMENT PATRIMOINE
- BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE
- Boulevard Antoine Maure
- 06130 GRASSE
- Tél : 04 93 40 56 40
- [email protected]

pub