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THEATRE : "Un mariage follement gai" : Une caricature qui a un vrai fond

La comédie « Un mariage follement gai » faisait sa première à Nice le 5 juin dernier au Théâtre des Oiseaux. Elle est à l’affiche jusqu’au 29 juin prochain.

20h15, la salle du Théâtre des Oiseaux est minuscule mais pleine de charme. Parfaite pour ce genre de comédie. Il est, en effet, plus aisé de faire rire les gens dans une ambiance intimiste. Le rouge domine. Il y en a partout. Sur les chaises et banquettes confortables, sur les joues des spectateurs excités par l’attente. La lumière est même tamisée pour être accordée avec le décor. Une cinquantaine de personnes attendent impatiemment de rire. Et personne n’est déçu. On s’attache sans problème aux colocataires de choc Marcy et Sébastien, deux homosexuels. Et même à Anne-Lise la croqueuse d’hommes.

La salle du Théâtre des Oiseaux
© Emilie De Freitas

Le travail des comédiens est remarquable. Une caricature à point. Une pièce dynamique qui fait plaisir aux zygomatiques. « Les garçons ne m’ont jamais intéressé et les filles m’intimident » se plaint Marcy. « Essaie les chèvres » lui rétorque Sébastien. Quelques blagues, un franc parler et le tour est joué. Au final, on assiste à une pièce subtilement drôle, inattendue, qui brise à coup d’éclat de rire les barrières du classique. Ce soir-là la comédie a fêté sa 700e. Le succès est toujours au rendez-vous.

Les gens ressortent avec le sourire. « Un petit bijou », « les acteurs étaient vraiment bons » s’exclament les spectateurs ravis. Et le bouche à oreille commence dès la fin de la pièce, dans la rue. « Allez-y ! C’est super, parlez-en ! ». « Qu’est-ce que je ne ferais pas pour l’art » souffle une dame, enjouée.
Les comédiens, Caroline Riou, Thierry Dgim et Virginie Haro sont enchantés de cette première à Nice. « Avant de monter sur scène, on sent l’engouement du public. On aime le public niçois ! »

De gauche à droite Virginie Haro, Thierry Dgim et Virginie Riou
© Emilie De Freitas

Une pièce sur la tolérance

Thierry Dgim, comédien et auteur de la pièce, confie : « l’idée est venue d’un coup. C’est une pièce sur le mensonge. J’ai eu un flash. Mon premier but est de faire rire mais bien évidemment c’est une pièce sur la tolérance ». Homosexualité, homophobie, mensonge, mariage. De grands sujets sont abordés. «  Mais rien de vulgaire » poursuit Thierry Dgim. « Il y a beaucoup de visuel. Même les tous petits peuvent s’éclater. Je dirais que c’est quand même une comédie saupoudrée de politique  ». Mention spéciale pour les retouches apportées au texte qui nous renvoient à l’actualité sur le Mariage pour tous en France.

«  Avec la comédie tu peux faire passer pleins de trucs. C’est une caricature mais il y a un vrai fond  » s’exclame Caroline Riou (Anne-Lise). Virginie Haro (Marcy) renchérit : « c’est vrai qu’il y a énormément de pièces-gags juste pour le gag. Nous c’est différent ».

Quand on parle de sujets sensibles comme l’homosexualité, l’intolérance n’est pas bien loin. Thierry Dgim l’a bien compris. La pièce est bien ficelée et nous fait passer du rire à la gêne en quelques fractions de secondes. Quel sens du rythme ! « Ce passage où il n’y a plus de rires… J’adore ce moment. Quand on sent que ça plombe l’ambiance » révèle Thierry Dgim. « Un mariage follement gai » nous confronte ainsi à la réalité faite de respect et de haine. D’amour, de joie et de rire. De peur et de larmes. Une vraie comédie comme on les aime qui détend mais fait réfléchir en même temps.

La devanture du Théâtre des Oiseaux
© Emilie De Freitas

A voir au Théâtre des Oiseaux à Nice
Jusqu’au 29 juin

Plus d’infos sur http://www.bardesoiseaux.com/

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