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HUMOUR : Nice : « Laurent Barat a presque grandi »

Le titre est évocateur, jean, baskets et pull rouge à capuche, un jeune comme tous les autres ? Non, un adulte qui a du mal à trouver sa place dans ce monde de brutes… Ou de grands. Les copains font des enfants, lui des sketches. Les copains vont courir sur la Prom’, lui monte sur scène. En décalage et pourtant pas tout seul… Laurent Barat, comédien, partage ses angoisses au Théâtre des Oiseaux le 7 décembre. Rencontre…

L’énergie d’un passionné, des heures d’improvisation au compteur, la gouaille d’un sudiste, la répartie d’un homme inquiet du temps qui passe, le one-man show de de Laurent Barat est une bouffée d’air frais ! Repéré par Noëlle Perna (Mado la Niçoise) alors qu’il est chroniqueur radio, Laurent a atterri sur les planches il y a plus de trois ans. Il a grandi avec le théâtre, a assuré les premières parties d’Anthony Joubert, d’Emilie Atlan, des Trimarrants, d’Yvette Leglaire, des Frères Taloche ou encore de Michael Gregorio, s’est retrouvé finaliste de la Factorire 2009 présidée par Cauet et a arpenté en solo ou en duo les théâtres des environs… Quoiqu’il en dise, Laurent Barat est un homme de scène, qui partage sa vie entre boulot le jour et écriture la nuit, bien qu’il ait aussi des projets de pièce avec les collègues diurnes (mais ça nous y reviendrons plus tard).

« Si toi aussi tu aimes le sport (à la télé), si toi aussi tu es un trentenaire looser, si toi aussi au début d’une relation tu planques une boite de tic-tac à la menthe sous ton lit pour avoir bonne haleine le matin… » Et bien sache que tu n’es plus seul, Laurent Barat aussi est passé par là… On s’est tous énervés après un téléconseiller, on a tous une amie qui raconte son accouchement dans les moindres détails… N’en déplaise à certains, le quotidien des trentenaires est parfois pénible ! Et le mieux c’est encore d’en rire tous ensemble au théâtre des Oiseaux ce soir à 20h30.

Laurent Barat à l’affiche
Directo Productions

"Laurent Barat, pour ceux qui ne connaissent pas encore, revenons sur ton parcours…

Laurent Barat : J’ai commencé petit, au collège Les Muriers à Cannes-la-Bocca et puis j’ai choppé le virus. Ça ne m’a jamais lâché, j’ai abandonné un peu le théâtre et puis j’ai repris sur l’initiative de Mado la Niçoise, qui m’avait demandé de faire une soirée test, je n’avais rien du tout, mais avec quelques copains dans la salle ça a marché ! Je racontais leur vie… Elle a aimé l’énergie et non le texte, j’ai retravaillé en gardant cette spontanéité.

33 ans, à cet âge-là Charles Ingalls avait 3 enfants… Un modèle pour ta génération, mais surtout un créateur d’angoisses pour toi ?

C’est un spectacle autobiographique… 33 ans, l’âge de Michel Platini quand il est parti à la retraite…

On a nos références…

On a nos références ! C’est un peu le Christ, Michel Platini ! C’est un spectacle sur mes errances de trentenaires. Plein de copains ont des enfants, je n’en ai pas…

Quelles sont ces angoisses de trentenaire ? Ce sont toutes celles de Laurent Barat ?

En tous cas la mienne c’est ça ! J’ai un lourd héritage génétique de mon père qui lui m’a eu ! Mais j’ai l’impression que toute ma vie est un film de Romain Duris, très comédie romantique, très bordelique… C’est ma vie de trentenaire ! Un matin tu te réveilles, tu veux aller courir sur la Prom’ et t’es vachement essoufflé alors qu’il y a deux ans de ça tu faisais le semi ! Tu montes sur ta Wii elle te dit que tu as grossi… Et ton pote Cédric, lui court comme une belette, quand il te propose d’aller faire quelques foulées « à ton rythme » et bien lui trotte à l’allure d’un ciao ! Et moi je ne suis pas un ciao ! Le piège de courir sur la Promenade des Anglais, c’est que tu te sens entrainé par la musique dans tes oreilles, sauf qu’il y a beaucoup d’abris bus, et quand tu jettes un œil au reflet, tu as l’impression de voir ton père. Et c’est tout ça que j’essaie de raconter. Je suis vietnamien par mon père et pied noir par ma mère… Un joyeux mélange et une belle demande en mariage finalement, sous-titrée peut-être… A 33 ans, je suis en panique.

Tu veux atteindre certains objectifs avant quoi, la quarantaine ?

Disons que j’étais bien engagé et que je le suis moins maintenant. Je mise tout sur …

« Plus tard » ?

Sur le « je sais pas ». En tout cas, ce spectacle j’y mets tout mon cœur et rien n’a été inventé.

Tu as écrit justement au coin d’une table en t’inspirant des amis, de toi, des ressentis de tous ? Tu as travaillé seul ?

J’ai passé une année et demi sympa, à noter tout ce qu’il m’arrivait. L’être humain me fait rire. J’ai bossé tout seul dans l’écriture, et ma copine m’a conseillé, aidé pour la mise en scène, c’était un peu mon miroir. Elle m’a aiguillé sur ce qui est drôle, ce qui ne l’est pas.

Tu as fait la première partie de Michael Gregorio récemment, maintenant que tu as une boite de production (Directo Productions) quels sont tes projets ? Remonter sur scène à chaque crise existentielle due au temps qui passe, quand les angoisses sont trop oppressantes ?

C’est une équipe jeune, dynamique qui t’accompagne sur des dates et tout le reste ! C’était une belle expérience et de belles opportunités suite à tout ça. Je reviendrai peut-être pour mes 40 ans, puis la cinquantaine…

Et pourquoi pas un best-of pour fêter la soixantaine ?

Pourquoi pas si le Théâtre des Oiseaux le veut bien ! Il faut déjà continuer à travailler ce spectacle. C’est encore un peu brouillon, il faut le bosser sur la continuité. Je suis un peu un feu follet !

« Laurent Barat a presque grandi », one man show au Théâtre des Oiseaux.
Copyright : Aurélie Mignone

Y-a-t’il des choses que tu aurais voulu accomplir, d’où cet exutoire sur scène ?

J’aurai voulu être un bon mari et un bon père…

Ce qui n’est pas trop tard !

Pas trop tard mais quand même, il faut se dépêcher, j’ai envie de faire quelques passes de foot avec mon fils. Pas juste ressembler à Just Fontaine (meilleur butteur de la coupe du monde 68). J’essaie de rire de tout ce qui me tracasse et de tout ce qui me fait rire aussi, comme mes grands-parents, une source d’inspiration au quotidien… Emile et Emilie, 61 ans de mariage ! (rires) J’aimerai bien être un mec comme tous les autres…

C’est quoi un « mec comme tous les autres » ?

Un mec qui va faire ses courses avec sa femme et ses enfants qui courent partout. En pantacourt, avec un break, un Winnie sur la vitre arrière… J’aimerai bien être ce genre de type là. Je ne vais pas faire l’artiste torturé, qui se lance dans une analyse par la scène, mais si je suis drôle sur les planches, je le suis peut-être pas tant que ça dans la vie."

La rédaction émet quelques réserves au vue des rires provoqués par cette rencontre… Pas sûr que Laurent Barat perde sa fougue hors projecteurs.

Propos recueillis par Aurélie Mignone

« Laurent Barat a presque grandi » One man show mercredi 7 décembre à 20h30
Théâtre des Oiseaux
6 Rue de l’Abbaye 06300 Nice
04 93 80 21 93

Prochaines dates :
Les 23 et 24 mars au Théâtre de la Tour à Nice Gorbella

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