| Retour

EXPOSITION PHOTO : "Je photographie donc je marche" - Nicolas Frémiot - du 22 Juin au 30 Octobre, Porte Sarrazine, Mougins village

Je photographie donc je marche ! s’inscrit dans le cadre de la Manifestation « l’Art contemporain sur la Côte d’Azur, un territoire pour l’expérimentation. » Elle a été organisée conjointement avec le Théâtre de la Photographie de Nice (TPI). Le deux structures présentent exposition dont la thématique est identique : l’investigation et l’observation du territoire au moyen de la marche. Quelques œuvres de Nicolas Frémiot seront présentées à Nice, alors que les clichés de Gabriele Basilico, Galith Sultan et Lionel Bouffier feront partie de l’exposition mouginoise sur proposition TPI et de Marie-France Bouhours.

Nicolas Frémiot avait depuis quelques temps émis le vœu de réaliser une exposition pour le compte du Musée de la Photographie. Son propos était de traverser la nature de part en part. Marcher à travers le Mercantour constituait certes une belle option de projet, mais demeurait tout de même un peu éloignée des centres d’intérêt du Musée de la Photographie.

Nicolas Frémiot. Pont de Carros, Huitième jour 29 septembre 2010
Nicolas Frémiot

A la question « Alors, pensez-vous que je pourrai exposer à Mougins à 2011 ? », nous répondions par la négative. En 2011, le musée est intégré au projet « l’Art Contemporain sur la Côte d’Azur ». Comme s’il ne manquait qu’une marche à gravir pour entrevoir le champ des possibles, la participation de Nicolas Frémiot semblait compromise, n’ayant aucune relation avec la Côte d’Azur. Et puis, chemin de la conversation faisant, l’idée est venue. Pourquoi ne pas réaliser une marche reliant les lieux participants à la manifestation ?

Cette exposition aurait ainsi multiples ramifications sémantiques dans sa conception et sa destination. Elle mettrait en valeur le territoire, les acteurs de celui-ci et leurs réalisations. Les structures muséales et les œuvres qu’elles conservent seraient instituées comme étapes, comme but à atteindre quotidiennement.
La photographie retournerait à sa source originelle, se voulant l’instrument du reportage. Elle reprendrait en même temps cette définition que Baudelaire lui avait péjorativement attribuée en la qualifiant « d’humble servante des arts. » Mais avant tout, ce travail s’inscrit dans la logique de la performance.
Les marcheurs ont en effet pour habitude d’établir des itinéraires dans la montagne, dans la forêt, dans ces lieux au sein desquels il est bon de se régénérer. Ici, il s’agira d’emprunter les chemins qui ne sont plus adaptés à l’homme non assisté d’un véhicule. L’artiste se placera ainsi dans des conditions qui ne sont pas les plus appropriées à l’activité de la marche, déclenchant ainsi chez lui une forme de tension qui peut s’accentuer au grès des aléas climatiques.

Cette aventure s’est déroulée entre le 22 septembre et le 5 octobre 2010. Elle a relié Mougins à Menton. Entre ces deux points géographiques se sont révélés au regard de l’artiste les Musées Nationaux des Alpes Maritimes, les grandes structures institutionnelles telles que le Mamac, le TPI, la Villa Arson, la Fondation Hugues ainsi les galeries privées d’avant garde qui font la fierté culturelle du département. En chemin, le photographe s’est attaché à montrer le territoire sous l’angle des paradoxes qui fondent sa singularité. Une nature aussi accidentée que généreuse et esthétique. Au sein de ces paysages parfois féeriques, ont été installées d’innombrables infrastructures. Celles-ci ont été intégrées avec plus ou moins de réussite esthétique…

Nicolas Frémiot. Carros, Huitième jour 29 septembre 2010

La photographie s’engage ici dans une démarche oscillant entre mouvement et fixité. Sur certains clichés de Nicolas Frémiot, le mouvement est suggéré mais la plupart ses images montrent bien le temps d’arrêt. Ils expriment une certaine surprise face à la découverte d’une scène, d’un « tableau », se révélant subitement à son regard. Un rien peut faire une photographie, surtout dans la nature, Nicolas Frémiot ayant eu « droit » à un espace de respiration via le chemin de randonnée l’acheminant de Carros à Aspremont. Un bloc de roche peut présenter des qualités plastiques digne d’une sculpture, avec ses teintes et ses veinules et devenir l’objet d’une installation lorsqu’elle s’insère dans la composition.
Avant la prise de vue, un mouvement est naturellement engagé par la fonction de la marche, avec tout ce que cela implique physiquement lorsqu’il s’agit d’effort de longue haleine. Une respiration différente, un rythme cardiaque accentué, un flux d’endorphine, un esprit qui vagabonde. On sent très bien, suivant le lieu, la différence d’état d’esprit qui peut animer le photographe. Au sein de la nature, on prend le temps de s’imprégner de la magie du paysage. Dans les contextes urbains et périurbains, le bruit, la circulation, la sensation de danger pousse à la rapidité de l’acte et à la poursuite de la marche. Ceci est très palpable dans la l’œuvre de Nicolas Frémiot.

Olivier Lécine, Commissaire de l’exposition

Nicolas Frémiot

Né en 1964 à Neuilly-sur-Seine - Vit et travaille à Paris
Photographe depuis la fin des années 1980, il s’est d’abord attaché au portrait pour questionner les rapports sociaux. En 1991, il réalise sa première déambulation dans les îles bretonnes qui inaugure alors un nouveau rapport aux paysages, qu’il traverse à pied, pour mieux s’en imprégner pour mieux les recréer selon son propre désir. Son travail s’inscrit dans la lignée de photographes tels que Hamish Fulton ou Thierry Girard qui créent des œuvres grâce et à partir de leurs déplacements dans la nature. Il vagabonde selon des itinéraires fantasmés ou hasardeux. Il a participé à de nombreuses expositions collectives et personnelles. Lauréat de plusieurs prix et aides à la création (Lauréat pour l’exposition du Prix Kodak de la Critique Photographique en 1999, Aide à la création du Musée d’art contemporain Val-de-Marne/ Vitry-sur-Seine en 2005, etc.), il est présent dans de nombreuses collections privées et publiques, dont le Fonds Départemental d’Art Contemporain de Seine St Denis, la Bibliothèque Nationale de France...

Ce projet a été réalisé en collaboration avec le Théâtre de la Photographie et de l’image de Nice. La démarche de Nicolas Frémiot s’inscrivait dans le cadre du mouvement. Dans le cas de Gabriele Basilico, Nicolas Bouffier et Galith Sultan, prédomine le sentiment de fixité. Nous aurions ainsi pu appeler cette exposition marche – arrêt.

A tout seigneur, tout honneur. Gabriele Basilico est l’un des plus grands photographes de l’architecture. Ses clichés des ensembles urbains de la planète ont fait le tour du monde. A Nice, il s’est attaché à photographier les grandes structures métalliques de la ville, les autoponts notamment. Ceux-ci apparaissent comme complètement disgracieux lorsqu’on les considère dans leur ensemble, surtout lorsqu’on les confronte aux bâtissent du XIXème siècle placées dans leur périphérie. Sous l’angle de vue de Basilico, transpire la magie de la géométrie qui elle même retranscrit le génie humain imposant aux éléments naturels un véritable tour de force.

Lionel Bouffier, a de son côté, s’approprie la ville de Nice en l’investissant de ses performances noctambules. La ville apparaît ici comme un espace de liberté au sein duquel tout devient possible. Il joue en grandeur nature une partition surréaliste capable de créer la surprise dans l’œil du spectateur…

Galith Sultan, nous propose quant à elle quelques instants de repos dans les jardins qu’elle a arpentés et dont elle a su tirer la quintessence. Dans la ville il y a toujours une autre ville… sans la ville, la vie en plus. Les espaces verts deviennent des refuges pour les urbains en manque de respiration, en déficit d’inspiration se laissant aspirés comme un simple bruissement de feuilles.

Ouvert du mardi au samedi, entrée libre

Tél : 04.93.75.85.67

[email protected]

Artiste(s)