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Le MIDEM classique 2013, un excellent cru

Evénement incontournable du monde de la musique, le MIDEM s’est tenu à Cannes du 26 au 28 février, proposant un rendez-vous aux professionnels qui cherchent à s’adapter aux besoins de l’époque en se tournant en direction du numérique et vers les toutes dernières technologies. L’innovation est maintenant au coeur du marché de la musique et de nouvelles dimensions ont émergé vers une véritable explosion de l’offre. Après les années de gloire où, durant une semaine, le MIDEM proposait aux mélomanes de merveilleux concerts, la manifestation s’est aujourd’hui réduite à trois jours avec une petite place dans une salle de l’Hôtel Majestic pour la musique classique et dans la salle Miramar pour le jazz.

Iurii Samoilov
© MIDEM

Le Midem Classique offrait l’opportunité de découvrir les talents les plus prometteurs. La révélation d’artistes lyriques, qui vont s’illustrer sur les scènes du monde entier, ont été un enchantement grâce à la spontanéité et la fraîcheur des interprétations. A la puissance de leur voix s’ajoutait toute l’énergie et l’enthousiasme de leur jeunesse. Leur trac, qu’on perçoit immense, est peu à peu vaincu par ces jeunes chanteurs qui prennent de plus en plus d’aisance et de liberté, ainsi lorsque, dans le duo Zerlina-Don Giovanni de Mozart, le baryton Iurii Samoilov soulève la soprano Maria Celeng telle une mariée de film américain, notre plaisir est à son comble. Nous étions déjà sous le charme de la voix de velours du ténor autrichien Clemens Kerschbaumer et séduits par le piment coquin de Benedetta Mazzucato, toute jeune mezzo-soprano de 24 ans, sélectionnée par « Le Jardin des voix » dirigé par William Christie, un label de qualité qui ne trompe pas.

Clemens Kerschbaumer
© MIDEM

La « soirée piano » était présentée par la pianiste germano-japonaise Alice Sara Ott. A peine âgée de 24 ans, elle est l’une des artistes actuelle les plus prometteuses de sa génération. Sans aucun doute, les formidables jeunes pianistes sélectionnés pour ce concert seront les « stars » de demain. Le jeu très inspiré de la Russe Varvara Nepomnyashchaya - retenez bien ce nom, il s’inscrit dans la célébrité ! – a développé une magistrale énergie pour interpréter Stravinski contrastant avec sa grande fluidité pour Mozart et Chopin. Bravo à Lorenzo Soulès quand il joue Debussy, qui semble être son compositeur de prédilection ! Il a commencé à étudier le piano à l’âge de 3 ans, il n’y a pas à s’étonner que, à 20 ans, il ait déjà acquis un toucher magique et une reconnaissance internationale. Né à Kiev, Antoni Baryshevskyi maîtrisait avec autant de rigueur que de lyrisme un répertoire traduisant les tourments de l’âme russe. Le Chino-suisse Louis Schwizgebel, né dans une famille d’artistes, interprétait, avec une pulsation rythmique chevillée au corps, aussi bien Mozart que Liszt ou Ravel.

Varvara Nepomnyashchaya
© MIDEM

Offerte par la SACEM, une seule soirée était proposée aux amateurs de jazz. Au demeurant, une superbe soirée qui réunissait deux jeunes compositeurs dont la renommée est en plein essor. Le pianiste français Dominique Fillon a fait preuve d’une dextérité époustouflante avec toujours un dialogue proprement affolant entre ses deux mains. Composé de Kevin Reveynand à la contrebasse électrique, de Francis Arnaud à la batterie et de Sylvain Gontard à la trompette, son quartet a régalé le public de ses originales compositions (Samberland, Jacket, El paseo,...) souvent en référence au pays basque ou à l’Amérique latine : Cuba, le Brésil. Des morceaux toujours séduisants, complexes et parfois émouvants ! Avec un jazz soft, qui s’insinue doucement en nous, le trio de l’Italien Giovanni Mirabassi nous a envoûté. Avec Lukmil Perez à la batterie et Gianluca Renzi à la contrebasse, il a prouvé que leur jeu incisif portait une attention passionnée aux détails du son. Quelques solos énergiques de la bizarre double-basse a subjugué le public qui a manifesté son enthousiasme pour ce jazz sensible et audacieux.

Lorenzo Soulès
© MIDEM

Après dix ans de crise sévère, reviendra-t-on à l’âge d’or de la musique enregistrée ? Avec l’initiative de diversifier les sources de revenus, les « professionnels de la profession » (comme dirait Godard !) ont manifesté un certain optimisme pour l’avenir.

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