À quelles règles les médias,
anciens ou nouveaux, obéissent-ils ? Quelle influence exercent-ils sur chacun de nous, sur les
diverses collectivités, sur la vie internationale ? Peuvent-ils enfin contribuer à « civiliser » le village
planétaire ? Les médias sont aujourd’hui l’un des lieux privilégiés d’où l’on peut le mieux observer
et comprendre le monde dans lequel nous vivons.
En renvoyant dos à dos ceux qui dénoncent
l’américanisation rampante de la culture et ceux qui chantent les charmes du multiculturalisme,
ce livre pose autrement la question des relations entre les médias et les collectivités qui composent
la société. Enrichie et mise à jour, la 15e édition de Médias & Sociétés répond à chacune de ces
interrogations.
L’auteur, Francis Balle, professeur à l’Université Paris 2, ancien membre du CSA, nous présente la 15e édition de son best-seller “Médias & Sociétés”
Quelles sont les évolutions, voire les bouleversements que vous pointez dans cette nouvelle
édition ?
L’actualité, depuis l’édition de fin 2009, a été particulièrement dense ! Il faut au premier rang citer
les deux Hadopi et l’après Hadopi, Twitter et la politique, la neutralité du Net, les livres numériques
aux Etats-Unis, au Japon et en France, les réseaux sociaux, les abus de position dominante des
stars du net, les nouvelles règles pour la production des chaînes françaises…
Comment se traduisent concrètement toutes ces évolutions dans cette 15e édition ?
75 pages supplémentaires ont été nécessaires pour les analyser et les mettre en perspective ! 30
nouveaux tableaux font leur apparition : le modèle économique de la presse en ligne, le palmarès
des groupes mondiaux des médias, l’évolution de la presse imprimée et d’Internet comme moyens d’information aux Etats-Unis, l’évolution des plateformes de distribution de la télévision payante en
France, la notoriété et les comptes ouverts de Twitter, les flux du financement des médias, le
classement des sites marchands français par l’audience, la lecture d’un quotidien imprimé en
France selon l’âge, les médias les plus souvent utilisés par les Français pour s’informer sur la
politique, l’audience des chaînes internationales d’information, etc. Révélateurs de ces bouleversements,
c’est plus de trente mots nouveaux qui intègrent l’index !
Vous écrivez : “Les médias sont aujourd’hui l’un des lieux privilégiés d’où l’on peut le mieux observer
et comprendre le monde dans lequel nous vivons. En renvoyant dos à dos ceux qui dénoncent
l’américanisation rampante de la culture et ceux qui chantent les charmes du multiculturalisme,
ce livre pose autrement la question des relations entre les médias et les collectivités qui composent
la société.” C’est-à-dire ?
Les médias sont un révélateur pour la société, le miroir de ses espérances et de ses angoisses, par
les espoirs et les craintes qu’ils inspirent, depuis les réflexions de Platon sur l’écriture ! En sommes-nous
les maîtres ou les esclaves ? La bonne information est-elle celle qu’on attend ou bien celle
que l’on ne veut pas entendre ? La culture n’est-elle pas mise en péril par des médias souvent
voués au divertissement ? Le numérique et la mondialisation feront-ils échapper l’humanité au
dilemme de l’uniformité et de la fragmentation ?
Vous écrivez : “Au tournant du troisième millénaire, la technique semble offrir sa revanche à
l’écrit, en même temps qu’elle annonce la fin de l’hégémonie des « mass media ». D’un côté, les
nouveaux réseaux font circuler les textes, les images et les graphiques, d’un ordinateur à l’autre,
au sein des collectivités les plus restreintes et par-delà les océans. De l’autre, les moyens
d’expression ou de communication se multiplient, accessibles à un nombre toujours plus grand de
personnes ou de collectivités.” En quoi peut-on parler de la fin de l’hégémonie des « mass
média » ?
Les médias, plus que jamais, font le grand écart entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, entre
le village planétaire de CNN et les réseaux d’amis comme Facebook ou Twitter. En se multipliant,
ils donnent la parole au plus grand nombre qui, jusque-là, en étaient privés.
Vous écrivez : “Pour l’information et le divertissement, pour la communication et l’éducation, pour
la création culturelle et sa diversité, une ère nouvelle vient de s’ouvrir, sous l’effet conjoint de la
révolution numérique et de la mondialisation de l’économie.” Qu’est ce qui caractérise cette ère
nouvelle ?
Aucune des finalités susceptibles de leur être assignées n’est à l’abri des bouleversements engendrés
par la révolution numérique et la mondialisation de l’économie : l’information d’actualité, les
multiples divertissements, les relations publiques, l’éducation et l’instruction de tous, la création
artistique enfin, quelles qu’en soient les formes.
Phénomènes de mode ou véritables nouveaux médias qui vont perdurer, quel est selon vous
l’impact des réseaux sociaux, Facebook, twitter et les autres ?
Avec ses sites web, ses SMS, ses blocs et ses réseaux sociaux, Internet est devenu, en quelques
années, tout à la fois une source et un moyen supplémentaire d’information. Aucun grand média
d’information ne peut s’en passer. Et les grands événements de l’histoire récente ont tous été portés
à notre connaissance, jusqu’à les influencer grandement, par Internet et les outils auxquels il adonné naissance : depuis le blog californien qui révéla l’affaire Levinsky, en 1998, jusqu’aux
révolutions au sein du monde arabe en ce début d’année 2011.
Les journalistes professionnels sont-ils aujourd’hui véritablement concurrencés par certains blogueurs ?
Les blogueurs informent les journalistes en même temps qu’ils peuvent réagir à leurs propos. Ainsi
le journalisme est-il en train de se réinventer, bien plus qu’il n’a été contraint de le faire avec
l’essor, dans les années 1960, de la télévision. L’utopie d’un monde où tous seraient journalistes,
grâce au Web, ne peut conduire qu’à un monde sans journalistes, voué à la désinformation, au
sens littéral du terme.