| Retour

Le Prix littéraire Jacques Audiberti 2023 a été remis, par la Ville d’Antibes, à l’écrivain italien Erri de Luca

Ce vendredi 20 octobre 2023, le Prix littéraire Jacques Audiberti a été remis, par la Ville d’Antibes, à l’écrivain italien Erri de Luca, pour l’ensemble de son oeuvre.
Impossible de ne pas se réjouir de ce choix de l’un des plus grands écrivains actuels ! Chacun de ses livres est fort apprécié et remporte un grand succès, autant en Italie que par le monde. Sa présence à Antibes a été fort réjouissante !

Erri de Luca est né à Naples en 1950, dans une famille bourgeoise appauvrie par la guerre

Erri de Luca lors de la remise du Prix Audiberti 2023/ ©DR

Humaniste, volubile, plein d’humour, avec un regard à la fois malicieux et bienveillant - et un rien d’ironie en plus - il a raconté qu’enfant, il n’avait pas de chambre et qu’il dormait dans la bibliothèque de son père. Ainsi, cela a créé un lien avec les livres et avec son père qui était très exigeant.
Il parle beaucoup de ce père devenu aveugle, mais qui a cependant pu tenir dans ses mains son premier livre édité. « Quand on n’est pas père soi-même, on reste nécessairement un fils », confie-t-il. En écrivant, il chuchote les mots pour son père qui, sans vue, ne peut lire, mais peut entendre. Et alors que son père est mort depuis longtemps... On parle beaucoup du cordon ombilical qui relie à la mère, mais, dit-il, il y a aussi un lien qui relie au père.

Dès l’âge de 18 ans, il est parti pour lui désobéir

Il a travaillé en usine chez Fiat et sur des chantiers en France et en Italie, et, au printemps 68, il est devenu militant d’extrême gauche en rejoignant « Lotta continua », le parti ouvrier contre le patronat durant les années de lutte, avant la désillusion. Ensuite, il est parti, en 1983, en mission humanitaire en Tanzanie et dans l’ex-Yougoslavie.
Son combat le plus récent est celui de la Vallée de Suse, pour laquelle il milite contre le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin. Il ne cesse donc de s’impliquer !
Il a beaucoup parlé de Naples : Napoli, ville inventée, sur un sol sismique, non par les Napolitains, mais par les Grecs. Ville donc toujours renouvelée par des coulées de lave. Mais c’est grâce à la Méditerranée qu’on peut la rapprocher d’Antibes, les deux villes, bordées de cette même mer, ont des forces communes par cette voie liquide de navigation, de communication.
Avec un sourire malin qui plisse ses yeux , il se définit davantage comme lecteur plutôt que comme écrivain. En solitaire au coeur de Naples, il se défend de cette ville en lisant et en s’évadant grâce à sa capacité d’identification. « Le mot est directement une force créatrice », dit-il.
Son oeuvre exigeante est tout à fait classique : 70 livres, souvent brefs et denses sans rien d’ennuyeux, qui amènent le lecteur à rêver et à réfléchir. Fréquemment cela se passe à la montagne dont il est devenu le disciple pour respirer l’air des cimes et être au-dessus des contingences matérielles.
Les alpinistes ne sont pas là comme des hommes qui se dépasseraient, mais pour se mettre à l’épreuve. Etre plus proche de Dieu ? Il ne le croit pas. Il se dit non-croyant, mais pas davantage athée ! Il a cependant étudié avec passion les paroles de l’Ancien Testament qu’il a partiellement traduit de l’hébreu. Il déclare être avant tout un homme terrestre. «  Le mot est directement une force créatrice », dit-il.
Au sommet d’une montagne, il n’est proche de rien, seulement ailleurs... Ses livres sont pourtant toujours en rapport avec la montagne, y serait-il donc plus attaché qu’il ne le pense lui-même, qui, à Antibes, nous parle de Naples au bord de la mer ...
Caroline Boudet-Lefort

Son livre « Impossible » a été adapté au théâtre et sera représenté les 28 et 29 novembre à Anthéa, avec Fanny Ardant et Carlo Brandt.

Visuel de Une (détail) DR Ville d’Antibes Juan les Pins sur X

Artiste(s)