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LITTERATURE : Le livre tient salon

Voici le joli mois de juin, prélude à l’été, et pour l’heure, l’été appartient encore aux Azuréens, avant la Grande Migration. Voire…

A Nice, la migration parisienne débute traditionnellement de la plus belle manière, avec le festival du Livre. 250 auteurs sont attendus cette année sur les pelouses du Jardin Albert 1er , en plein centre ville, dans le village de tentes blanches qui s’y dresse pour la 17e fois. L’année dernière 56 000 visiteurs s’y étaient pressés en trois jours et cette année la météo s’annonce exceptionnellement clémente, le succès devrait donc être une fois de plus au rendez-vous.

C’est la Russie qui est à l’honneur cette année avec une délégation d’auteurs et traducteurs russes, mais aussi quelques personnalités particulièrement aptes à en parler : entres lectures et conférences, la Russie sera évoquée avec Vladimir Fédorovski et Alexandre Adler, auteurs du Roman du siècle rouge (Le Rocher), et le sociologue Marek Halter, auteur de L’Inconnue de Birobidjan (Robert Laffont)

Soljenitsyne focalise plus particulièrement l’intérêt avec Bertrand Le Meignen, auteur de Soljenitsyne (Actes Sud), et Claude Durand, ancien éditeur, pour son livre Agent de Soljenitsyne (Fayard) dans lequel il raconte son aventure d’éditeur français du plus illustre romancier russe contemporain.

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Déclamation poétique et débats sont au programme autour de ce thème comme d’autres, et cette année le festival essaime plus encore que les années précédentes dans plusieurs lieux magiques de la ville : le jardin des Arènes de Cimiez, le théâtre de la Photographie et de l’Image Charles Nègre et le splendide Amphithéatre rénové du CUM et l’Abbaye de Roseland

Autour de Jean d’Ormesson, président de cette édition et Franz Olivier Giesbert, son directeur artistique, on retrouvera une brochette de vedettes, au hasard et dans le désordre : Michel Onfray, Douglas Kennedy, Didier Van Cauwelaert, Aldo Naouri, Jean François Kahn, Alexis Jenni et.. Brigitte Lahaie. Tandis que les frères Bogdanov présenteront en avant-première leur dernier ouvrage, la pensée de Dieu. Polémiques et débats garantis !

Les régionaux ne sont pas en reste avec tous les éditeurs niçois représentés sur leurs propres stands, tandis que leurs auteurs se retrouvent tantôt ici tantôt sur l’esplanade des libraires : Christian Maria qui vient de sortir « la félonie des Grimaldi », Carine Marret avec le second tome des aventures de l’inspecteur Levignan, Jean Siccardi, André Vignol, Marc Magro, et plein d’autres.

Pour les enfants, des animations et un espace jeunesse particulièrement riche ainsi que des stands réservés aux BD et Manga : les parents pourront donc tranquillement vaquer aux conférences et dédicaces.

Les amateurs de livres anciens enfin trouveront leur bonheur en curiosités et éditions vénérables.

C’est la fête de la lecture, et c’est la fête du livre. Le caractère généralement festif de la manifestation prélude joyeusement aux festivals de l’été et rappelle, s’il y avait lieu, que si notre époque est tellement tournée vers l’image et la sophistication des spectacles audiovisuels, toute création intellectuelle procède à jamais d’une première matérialisation : l’écrit. Et à l’heure du numérique on découvre, peut-être avec surprise, que les outils nouveaux, desquels on attendait une révolution dans la consommation culturelle, ont également, d’abord et surtout, facilité la création : aujourd’hui, écrire est largement facilité par l’ordinateur et publier est un jeu d’enfant avec internet. Quant à la lecture, le public pratique instinctivement ce que les sciences comportementales et cognitives essayent de dégager : l’écran est excellent pour s’informer, mais quand il s’agit de lire pour le plaisir, s’immerger dans un univers, se laisser emporter par une histoire, une pensée, la mélodie des mots, le livre demeure, inexplicablement, l’outil de choix. Pas étonnant que le nouveau gouvernement ait planifié le retour du livre à l’ancien taux de Tva, reconnaissant par là son caractère d’objet précieux (mais pas cher) d’objet de première nécessité….

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