Et en attendant, il me brûlait , en guise de contre-pied, de vous parler de deux petits livres qui ont atterri ensemble sur nos tables de libraires.
Le premier , « Initiation au judaïsme, au christianisme et à l’islam » est exactement ce que le titre promet : une belle et lisible introduction au .. heu.. je ne vais pas me répéter. Trois clercs dans leur domaine y ont mis la main : Richard Ayoun, maître de conférence à l’institut national des langues et civilisations orientales, Ghaleb Bencheik , président de la conférence mondiale des religions pour la paix et Régis Ladous, professeur à l’université Jean Moulin Lyon III. Il ne s’agit pas d’une juxtaposition opposant les dogmes des uns et des autres, mais d’une vision historique, dans laquelle la succession dans le temps rend aisée la présentation des sources, des origines communes, des confluents et des divergences… Passionnante à lire, cette introduction l’est surtout parce qu’elle reste topique : sans être superficielle, elle ne nous abreuve pas de controverses savantes mais nous raconte, tout simplement, avec une distance bienfaisante, l’histoire du Livre et de ses Prophètes. .
Vous parler en même temps du « Traité des trois imposteurs Moïse, Jésus et Mahomet » peut sembler tenir d’une saine juxtaposition. Les titres sont trompeurs. Cet opuscule, anonyme , date en effet de 1712 . En tout cas c’est la date de la première version imprimée connue, l’opuscule ayant circulé sous le manteau sans doute pendant quelques années avant sa « publication ». Le texte est ravageur et polémique à souhait et d’autant plus étonnant qu’on doit bien le dater du 18e - les gens étaient moins libres penseurs à cette époque. L’esprit de M. Spinoza est à la fois une préface, une désignation d’auteur et un pamphlet indépendant du Traité. Ni l’un ni l’autre ne sont de la main de Spinoza lui-même, sans doute postérieurs à sa mort. Reste que l’esprit libertaire du chrétien converti au judaïsme flotte délicieusement sur ces lignes. Ce n’est pas très long mais c’est un peu plus ardu à lire, même « traduit » en français moderne. Mais cela reste un joli témoignage de la naissance de l’esprit libre penseur… et en cela cet opuscule est d’une saine contre-lecture de l’introduction précitée.
Le couple des deux livres donne envie à se plonger dans les sources, loin des tumultes de notre monde ou l’indicible n’est que le politiquement incorrect ou le spectre d’une déflagration financière. Il y a eu des temps ou la crainte de Dieu était aussi puissante que l’est aujourd’hui celle de Standards and Poors. ..