Il émane des histoires contées de Raphaël Monticelli un doux parfum d’antan. De ces figures du passé dont on connaît parfois les noms mais non les visages (croqués par l’artiste-peintre Martine Orsoni, 28 illustrations reprenant les grandes lignes du livre), l’écrivain raconte les existences tragiques ou bienheureuses. Ces Saintes et Saints ainsi rappelés à la vie "s’humanisent" par les mots du poète, car il y a poésie dans les paroles de Raphaël Monticelli.
Devenus divins après maintes épreuves douloureuses, leurs histoires sont évoquées par l’Orateur, celui aujourd’hui disparu mais qui fut en son temps le véhicule de toute une culture antique. Empruntant les traits de son aïeule, une grand-maman dont on devine la sage beauté, Raphaël Monticelli rend ainsi hommage à ces traditions transmises au fil des siècles, aujourd’hui oubliées dans un trop-plein culturel qui ne signifie plus rien.
Deux figures au coin du feu
Tandis que la vieille femme murmure les saintes légendes, Raphaël Monticelli imagine une jeune fille au nom étrange : Aprica (signifiant « l’ensoleillée »), agenouillée auprès de la parente. S’imprégnant de ces contes aux accents démystificateurs et parfois même iconoclastes, l’enfant écoute et retient en silence. Le temps d’une lecture au coin du feu, ces petits apologues habilement contés émerveille celui qui demeure en chacun de nous. Nombre de questionnements existentiels apparaissent en filigrane lors de la lecture : les thèmes liés à l’amour, au sexe, à l’amitié - entre autres - sont d’actualité, donnant à l’œuvre une dimension résolument moderne.
Dans la lignée d’une littérature chrétienne et mythologique, Raphaël Monticelli évoque ainsi l’auteur de la « Légende dorée », l’archevêque Jacques de Voragine, qui des siècles plus tôt (au XIIIème siècle) narrait dans un ouvrage rédigé en latin la vie de 180 saints et martyrs chrétiens. Suivant le calendrier, des passages de l’existence du Christ et de la Vierge étaient également évoqués, ce que Raphaël Monticelli reproduit au même titre dans ses légendes fleuries.
Des Saints en pagaille
Entre autres saints à qui se vouer on retrouvera ainsi Sainte Marine de Bithynie qui fut toute sa vie moine et non sœur, et dont la leçon de vie est en partie la cause heureuse de ces enchantements littéraires que nous procure l’auteur. Pour les niçois fidèles aux ruelles enchevêtrées de la vieille ville, Sainte Réparate ne leur sera pas inconnu. Au détour d’une petite place se dresse l’Église au nom évocateur d’une vierge martyre persécutée durant le règne de l’empereur romain Dèce. Il faudra ainsi prier Sainte Réparate pour la Persévérance des jeunes dans la foi...Ou bien Sainte Agnès et Sainte Agathe, dont la sueur soulevait des rumeurs d’algues mariées à une légère brise de sauge...Mais aussi des hommes, Joseph et Jésus lui-même, Saint Georges de la Manade de Marie, Saint Michel d’Aliboron..
.Autant d’histoires de souffrances et d’abandon dans la foi à lire à tête reposée.
Ainsi, de l’existence de ces figures divines, - loin de nos dodus angelots sonnant le clairon - il faudra retenir qu’elle ne fut pas toujours des plus heureuses. Écorchés, écartelés, décapités : de nos jours, n’ayez crainte, les déboires de ces martyrs ne sauraient se reproduire sans quelques protestations... Quelques belles histoires dont la « Légende fleurie » de Raphaël Monticelli revisite en quelques 220 pages.
Contes et apologues déclinés avec sagesse sont à lire dans cet ouvrage définitivement éclairé.
OVVR du 19/03/10 sur Nice Azur TV
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