L’aristocratie anglaise, à la recherche de douceur hivernale, fréquente Nice dès le XVIIIe siècle. En 1821, le Révérend Lewis Way est à l’initiative d’une levée de fonds auprès de la communauté anglicane pour financer la création d’un chemin allant du quartier de la Croix de marbre, appelé New Borrow (la petite Londres) aux terrasses du cours Saleya, lieu de promenade de la bonne société niçoise.
Ce sera fait en 1824, date de la fin des travaux. En 1854-1856, la voie prend le nom de "Promenade des Anglais".
Elle sera prolongée jusqu’à Magnan, puis élargie pour avoir une allée à double rangée d’arbres, puis jusqu’au Var en 1903.
Les villas et leurs jardins vont être progressivement remplacés par des palaces, des hôtels, des casinos et des immeubles résidentiels.
En 1950, de nombreuses chaises de bois créées par Charles Tordo, employé dans une entreprise de maintenance de trains, disséminées le long de la promenade, vont donner à la Promenade son aspect actuel.
Connue mondialement, célébrée par les écrivains, les musiciens, les cinéastes et les artistes, la Ville de Nice a chargé M Aillagon, ancien Ministre de la Culture, de porter le dossier d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Afin d’appuyer cette demande, quatorze expositions ont lieu cet été sur le thème de la Promenade, de ses origines archéologiques aux actions les plus contemporaines des artistes.
Pour la première fois, les institutions nationales comme les Musées Chagall, Léger et Picasso de Vallauris s’associent aux institutions, aux musées et galeries de la ville de Nice.
Ainsi à la Galerie des Ponchettes, une collection en provenance du Muséum d’Histoire Naturelle révèle l’histoire géologique de notre bord de mer, ainsi que ses traces fossiles témoins du passé.
- Henri Harpignies, Un quai à Nice, Les Ponchettes, 1887, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais © Petit Palais / Roger-Viollet
Le Musée d’Archéologie présentera une exposition retraçant l’évolution des voies de communication Est-Ouest de l’époque romaine jusqu’à la période contemporaine.
- Decumanus (voie est-ouest) du site archéologique de site de Cimiez © MAN / Ville de Nice.
Raoul Dufy, acteur important de la diffusion d’un style Côte d’Azur dans les Années Folles et créateur de somptueux tissus, notamment en collaboration avec le couturier Paul Poiret, sera présenté au Musée des Beaux Art Jules Cheret.
- Raoul Dufy, Feu d’artifice à Nice, le casino de la jetée-promenade, 1947, peinture, huile sur toile, Musée des Beaux-arts Jules Chéret © Muriel Anssens / Ville de Nice
Le Musée Masséna évoquera les diverses formes de tourisme (des aristocrates au tourisme de masse) ainsi que les mutations touristiques qu’il a engendrées.
De son apartelier du bout du cours Saleya, dominant la Baie des Anges, Matisse a exploré une peinture lumineuse à la recherche d’équilibre de formes et de couleurs faite de simplicité, de fraîcheur, nées de longues réflexions (au Musée Matisse).
Marc Chagall, à la demande de Jean Médecin, Maire de Nice, a réalisé en 1962 une affiche destinée à faire connaître la ville à l’étranger. "Nice, soleil fleurs" : l’affiche représente la Baie des Anges au dessus de laquelle planent un poisson et une sirène tenant un immense bouquet de fleurs. Les études préparatoires de l’affiche ont inspiré douze lithographies réunies en un port-folio (au Musée Chagall).
- Sirène au pin, lithographie gravée par Charles Sorlier sous la direction de Marc Chagall 1967 Lithographie appartenant au portfolio Nice et la Côte d’Azur, Collection particulière © ADAGP, Paris 2015 © cliché Ewald Graber.
Des fêtes musicales aux instruments anciens de la collection de Gisèle et Paul Tissier, le Palais Lascaris dévoile un pan peu connu des rapports de Nice et de la musique.
Avec La Prom’ pour atelier, le MAMAC retrace à l’aide de documents photos ou vidéos les réalisations et actions artistiques qui ont eu lieu ou ont été inspirées par la Promenade des Anglais. De Yves Klein (qui a signé la ligne d’horizon) à Ben, Noël Dolla, Venet, Jean Mas, etc, de nombreuses performances ont eu lieu. Et continuent d’avoir lieu.
- Noël Dolla (Nice, 1945), photographie de Restructuration Spatiale n°5, sur la plage du quai des États-Unis, 1980 Archives de la Villa Arson © ADAGP, Paris, 2015 / Photo : Noël Dolla.
La Promenade à beaucoup inspiré aussi les peintres Naïfs, Brut ou Singulier, nous offrant leurs visions étonnantes (Musée d’Art Naïf).
Outre ses photos en grands et moyens formats de plages de Grande-Bretagne, du Mexique, d’Espagne, du Brésil ou du Japon, mais aussi à Nice, Martin Parr installera un studio éphémère au Théâtre de la Photographie et de l’Image (les 8, 9,10, 11 et 12 juillet) où seront exposées les images réalisées, tirées et accrochées le jour même. Au terme de la performance, une exposition pop up sera présentée au public.
- Martin Parr © Martin Parr / Magnum Photos.
Nice a depuis toujours inspiré le cinéma et les plus grands réalisateurs (Carné, Vigo, Truffaut, etc.) G. W. Pabst, Jean Grémillon, Marcel Carné, Sacha Guitry, François Truffaut, Jean Vigo...). Marie Losier et Catherine Libert ont réalisé un portrait de la Promenade des Anglais à partir d’un montage d’images de films et d’archives et de plans saisis au cours de leur séjour à Nice. Cette création sera projetée dans la Galerie Carrée du centre d’art de la Villa Arson, du 13 juin au 31 août 2015.
- Marie Losier, Catherine Liebert, Echapée Bleue, 2015, d’après une carte postale © DR.
Trois expositions associées : les Diplômés de la Villa Arson à la Galerie de la Marine, Keith Sonnier et ses œuvres lumineuses au MAMAC, et "le Sport et la Mode" au Musée du Sport.
La Promenade des Anglais (seuls les Anglais étaient assez fous pour s’y promener) des origines, ainsi documentée et fêtée, promet cet été de très beaux moments.
- Les championnes du monde de ski nautique en démonstration sur la Côte d’Azur, 1967 © Musée National du Sport, 2015.
La Promenade des Anglais - 14 expositions dans la ville
Commissaire général des expositions : Jean-Jacques Aillagon