"The Servant"
- Affiche du film (c) dr
Brillant réalisateur de 48 ans, Im Sang-Soo auteur de "Une Femme Coréenne" en 2003 et de "The President’s last Bang" en 2005 mais également du récent "Le vieux jardin" est à la fois capable de nous livrer des oeuvres d’une maîtrise impressionnante mais aussi d’une violence de très mauvais goût.
C’est ici le piège dans lequel il est partiellement retombé notamment dans la dernière partie du film ce qui l’a vraisemblablement empêché de figurer au Palmarès du festival de Cannes 2010 dans le cadre duquel il participait à la Compétition Officielle.
Son interprète féminine principale Jeon Do-Yeon, prix d’interprétation féminine à Cannes en 2007 pour son rôle dans "Secret Sunshine" de Lee Chang Dong, y délivre pourtant une performance remarquable dans les scènes à forte connotation sadomasochiste qu’elle joue avec Lee Jung-Jae (Hoon, le protagoniste masculin).
Par une grande maîtrise technique Im Sang-Soo illustre de façon troublante la relation perverse qui s’installe entre cette domestique qui joue le rôle de l’innocente soumise qu’on attend qu’elle soit et ce maître supérieur et dominateur, tous deux finalement manipulés par la femme trompée et sa mère qui complotent en silence.
Visages figés, sourires de complaisance, lumières froides, couloirs en trompe l’oeil, tables tranchantes, escaliers de marbre pour une scène finale qui ne vous laissera pas ... de marbre.
Un film au climat magnifiquement inquiétant, sournois et morbide, qui porte en lui un charme diabolique si ce n’était justement la scène finale, baroque, grandiloquente voire grotesque et outrancière pour certains mais totalement justifiée par l’explosion de violence trop longtemps contenue tout au long du film.
"The Housemaid" nous semble donc mériter d’être vu et tous ceux qui, docilement se plieront à cette invitation y découvriront une nouvelle façon de boire du vin... en se souvenant que parfois l’innocence bafouée peut devenir une terrifiante menace.