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CRITIQUE CINEMA : " RESTLESS" / Gus Van Sant : Un Certain Regard Cannes 2011 - Par Robert Ceresola pour Art Côte d’Azur

La mort vous va si bien.

Projeté en ouverture de la Sélection Parallèle cannoise "Un Certain Regard", "Restless", qui signifie "agité", "sans répit" est le douzième long métrage de Gus Van Sant, révélé à Cannes en 1995 par l’excellent "Prête à tout" qui fût par ailleurs le tremplin artistique de Nicole Kidman.

Semblable dans son thème à "Harold et Maud" de Hal Ashby, grand classique du cinéma américain des années 1970, narrant une histoire d’amour morbide entre une grand-mère et un jeune homme, "Restless" raconte une love story entre un adolescent encore traumatisé par le décès de ses parents (Enoch) et une frêle et jolie jeune fille (Annabel) en phase terminale d’un cancer.

D’abord, les acteurs Mia Wasikowska et Henry Hooper (le fils de Denis Hooper) y sont remarquables.

Ensuite, Gus Van Sant renoue ici, avec succès, avec la veine mainstream de ses premiers films en renonçant pour un temps au style post-moderne expérimental comme dans : "Psycho" ; "Elephant" ; "Last days" ; "Paranoïd Park", que nous apprécions moins et qui a pourtant fait son succès à ce jour ("Elephant" Palme d’Or à Cannes en 2003).

Point d’afféterie ou de prise de risque stylistique dans "Restless" mais une histoire d’amour et de mort contée avec une extrême simplicité, pudeur et délicatesse, là où d’autres se seraient inévitablement vautrés dans le pathos.

Gus Van Sant démontre avec "Restless", si besoin était, qu’il demeure un très grand cinéaste dans l’actuel paysage cinématographique mondial.
Le film est traversé par certains thèmes essentiels comme :
Aimer quelqu’un qui est en train de mourir, est-ce aimer la vie ou aimer la mort ?
N’y a t-il pas une forme de narcissisme à aimer quelqu’un qui vous renvoie le reflet de votre propre mort ?

Autant de réflexions philosophiques évoquées en filigrane avec finesse, pudeur, psychologie et intelligence par Gus Van Sant dans "Restless". Un summum de délicatesse ...

Ne rater donc pas ce joli petit film périssable avant que sur vos écrans, inexorablement, il ne défaille.

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