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Festival du Cinéma Brut : Cinéma brut : et la toile met les voiles !

Alors que le Festival de Cannes est en pleine effervescence, celui du Cinéma Brut dédié aux nouvelles images ouvre sa troisième édition au Château de Mouans-Sartoux. Il fallait être fou pour « narguer » à moins de 10 kilomètres, le géant Cannois. Pascal, Pat, Vincent et les autres l’on fait et ça marche !

Les frères Lumière immortalisèrent l’arrivée du train en gare de la Ciotat, Méliès nous envoya dans la Lune en 1902, Dziga Vertov recadra la réalité, la nouvelle vague dépava la fiction dans les rues de Paris, le cinéma brut requalifie la fin en éclatant les moyens… images par images, la toile n’en finit pas de s’agrandir !

Cinéma Brut ! Y aurait-il donc un cinéma doux voire bouché comme le cidre ?

Et c’est à Mouans-Sartoux, entre Cannes et Grasse que le miracle a lieu chaque année. Si l’argent manque, la passion et l’huile de coude y suppléent explique Pascal Cadaré à la barre du collectif Cinéma Brut, à l’origine du Festival.

Le collectif en charge de l’organisation du Festival de Cinéma Brut

Une dizaine de membres bien décidés à faire de ce village gaulois qui résiste à l’envahisseur la Mecque d’une nouvelle race de créateurs audio-visuel. Un allié de poids pour Pascal Pat Marcel, l’homme qui créa les « Houses movies party » dans la capitale et anime depuis quatre ans sur Canal + l’émission « Les films faits à la maison ». Un dangereux récidiviste qui s’était déjà commis il y a vingt ans dans une émission devenue culte : « l’œil du cyclone ».

Un peu de brutalité dans un monde de douceurs

Flo59 : festival brut : nouvelles images décoiffantes !

Cinéma Brut ! Y aurait-il donc un cinéma doux voire bouché comme le cidre ? En tous cas un cinéma sans caméra et sans producteur à gros cigare, un cinéma autonome surfant sur la vague numérique se cristallise autour du château de Mouans-Sartoux. « En fait, l’idée est partie des films faits à la maison, un genre né avec l’accessibilité des moyens vidéo. On a voulu réunir tous ces francs-tireurs issus du docu, de l’art vidéo, du clip, ou de leur trois pièces/cuisine ». Remettre au goût du jour le « Power People », on avait déjà entendu ça du coté du Free cinéma dans l’Angleterre d’après-guerre, puis à Paris avec la Nouvelle vague, du coté de New York où le cinéma indépendant servi de tremplin à des auteurs comme Jim Jarmush. Si l’histoire se répète, le Cinéma Brut fait sauter définitivement les ponts (et les bouchons) avec ses aïeux grâce à la technologie du XXIIème siècle. Aujourd’hui n’importe qui peut filmer avec sa webcam, son mobile, son appareil photo, pour un coût dérisoire et une immédiateté qui renvoie à la niche le lion énervé de la Metro-Goldwin-Mayer. Et, aux antipodes des blogbusters qui se repaissent de capitaux tels des multinationales, émerge parallèlement un cinéma autoproduit, libéré des contraintes de l’industrie. Les robins des bois sont dans la forêt « d’Holly(sher)wood ». Attention les yeux !

David contre Goliath ?

Quatre bouts de chandelles, quatre boules de cuir pour boxer dans une catégorie budgétaire poids plume mais loin d’être anecdotique quant à son impact. Car le genre insurrectionnel a déjà ses meneurs : Charlie Mars, Jérôme Torrel, Félicien Chaveau et d’autres qui ont intégré le collectif Cinéma Brut tels Julien David intervenant à l’Ecole des Gobelins qui réalise pour Canal+ « Les Multiples », une série adaptée en bande dessinée. Et aussi, Vincent Pompignoli réalisateur de nombreux courts métrages diffusés à la télévision et Président de l’association House Movie qui édite une collection de DVD autour de la création vidéo indépendante, ou encore le duo « Joe la Mouk » qui détourne sans vergogne les films de genre.
Ce vent de renouveau qui draine chaque année à Mouans-Sartoux plus de 1500 spectateurs pour une quinzaine d’heures de projections azimutées et « déformatées » (de 1 à 90 minutes) n’a pas échappé à Daily Motion qui, en partenariat avec le collectif, a mis en ligne le miel de la ruche azuréenne. Une programmation qui accueille cette année quelques remakes improbables de standards de science-fiction. Des films qui ont répondu à l’appel lancé par Michel Gondry qui nage dans les eaux troubles du cinéma brut et du cinéma d’auteur : ce plasticien vidéaste après avoir griffé les clips de Björg, Massive Attack, Daft Punk, Beck ou des Rolling Stones, présentera d’ailleurs son premier long métrage sur la Croisette. L’an dernier c’est David Lynch (Président du jury du Festival de Cannes en 2002) qui s’était invité au Château avec un film d’animation « Dum Land ». Bref, la distance entre Cannes et Mouans-Sartoux se resserre : « Les professionnels du circuit conventionnel sont attirés comme un aimant par ce feu sacré qui couve sur les hauteurs cannoises, comme Georges Lautner -le papa des tontons flingueurs- qui parraina notre seconde édition » confirme Pascal Cadaré.

Une main de velours dans un gant de crin, le cinéma brut prend à rebrousse poil l’industrie cinématographique, le meilleur moyen pour éviter qu’elle ne s’endorme sur ses lauriers et pour qu’elle garde un œil ouvert sur une époque qui va, aujourd’hui, beaucoup plus vite que 24 images à la seconde.

2008, c’est du Brutal !

Parmi les 16 heures de projections et la quarantaine de réalisateurs qui concourent pour le Brutal 2008, à découvrir : « 99 cent dreams » le voyage autour du monde de 8 canadiens, « Minutes Moments » un film expérimental de 1 minute. 30 minutes de programmation offertes par Daily Motion. Mais aussi des spectacles interactifs-numériques, des installations d’artistes de la Villa Arson et d’AtomArt. A noter le 23 mai, un concert signé « Les Plages Electro » avec Micronautes, Dip et Washing Majazz.

Un des lieux accueillant des événements du Festival du Cinéma BRUT : le cinéma La Strada

Retrouvez le programme sur http://www.cinemabrut.com
Festival Cinemabrut 2008 23, 24, 25 Mai - Mouans-Sartoux.

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