| Retour

EXPOSITION : Sarah Morris au Musée Fernand Léger, la classe américaine

C’est toujours un plaisir de redécouvrir le Musée Léger de Biot, surtout sous un soleil radieux. Des mosaïques monumentales sur les murs extérieurs du musée, des espaces lumineux à l’intérieur et un excellent accueil.

A gauche : Sarah Morris, Niagara, 2010, peinture laque sur toile © Sarah Morris. Courtesy White Cube. A droite : Sarah Morris, Dulles (Capital), 2001, portfolio de 9 sérigraphies © Sarah Morris, courtesy Paragon Presse, Londres
Photo : Elsa Comiot

Mais ce qui nous éblouit aujourd’hui, ce sont les œuvres de Sarah Morris, artiste américaine reconnue internationalement. Née en 1967, elle vit entre New York et Londres. Présente au vernissage de l’exposition, il se dégageait d’elle une classe très « East Coast ».

Maintenant que cela est réalisé, il paraissait évident que l’exposition Sarah Morris ait lieu au Musée Léger, tant les points communs qui unissent ces deux artistes sont nombreux et notamment cette passion du cinéma.

"Le Ballet Mécanique" (1923-24), film réalisé par Fernand Léger avec la collaboration de Man Ray et de Dudley Murphy
© Elsa Comiot

« Le cinéma personnalise le fragment, il l’encadre et c’est un nouveau réalisme dont les conséquences peuvent être incalculables. Un bouton de faux col, placé sous le projecteur, grossi cent fois, devient une planète irradiante. Un lyrisme tout neuf de l’objet transformé vient au monde, une plastique va s’échafauder sur ces faits nouveaux, sur cette nouvelles vérité ». (Fernand Léger, « A propos du cinéma », Plans, n°1, Paris, 1931).

Sarah Morris a choisi comme titre pour son exposition « Mechanical Ballet », comme un hommage au film « Le Ballet Mécanique », réalisation expérimentale de Fernand Léger datant de 1924.

Sarah Morris, Hemisphere [Knots], 2011, peinture laque sur toile © Sarah Morris. Courtesy Air de Paris, Paris
Photo : Elsa Comiot

Sans pousser trop loin la comparaison, on retrouve chez Sarah Morris cette vision géométrique des choses. Elle ajoutera une vision architecturale à ses œuvres qu’avait moins Fernand Léger. Mais l’aspect multicolore demeure, chez ces deux artistes, dominant.

Sarah Morris, Midtown (Seagram Building), 1998, Peinture laque sur toile, Le Consortium, Dijon © Sarah Morris
Photo : Elsa Comiot

Mais ce qui identifie si bien les œuvres de Sarah Morris, c’est son quadrillage omniprésent (référence à la carte de New York ?). C’est comme si chez elle, tout était pixellisé. Elle tente d’enfermer ses visions de modernité dans son cadre où tout est bien aligné. Et pourtant, elle avoue « Nothing can be contained and everything spills over » (Sarah Morris, extrait de l’entretien publié dans le catalogue Mechanical Ballet, 2012). En français dans le texte : « On ne peut pas restreindre les choses et tout peut s’étendre ». Alors pourquoi s’obstiner à tout mettre en ordre ? Pourquoi imiter l’alignement des gratte-ciels des grandes villes américaines ?

Cette architecture est en effet indomptable et elle le sait. C’est le principe même de l’extension des villes, jusqu’aux banlieues qui effacent toutes frontières entre les villes. L’urbanité n’a pas de limites et se poursuit sans queue ni tête. Sinon, pourquoi avoir fait un portfolio de 9 sérigraphies, toutes différentes et semblables en même temps ?

Sarah Morris, Dulles (Capital), 2001, portfolio de 9 sérigraphies © Sarah Morris, courtesy Paragon Presse, Londres
Photo : Elsa Comiot

C’est bien la contradiction même de l’architecture que cela nous montre. On tente l’uniformisation, mais rien n’y fait, il y a toujours une forêt d’arbres plus ou moins hirsutes, mais jamais uniforme. Même la culture américaine n’y parvient pas ! C’est dire…

Artiste(s)