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Yves BAYARD : Hommage à Yves Bayard, l’architecte du Mamac de Nice

Yves Bayard, l’architecte poète, s’est éteint à 72 ans d’un accident vasculaire cérébral.

Plus qu’un architecte, Yves Bayard était un artiste au sens fort du terme, qui aimait autant dessiner que peindre, photographier ou jouer du piano. Né en 1935 à Paris, Yves Bayard sort architecte diplômé des Beaux-Arts avec un projet utopique intitulé « le Maréolien », où on trouve en germe les grands thèmes de son oeuvre : l’observation de la nature, le postulat des contraires (le vide et le plein, la violence et la plénitude), sa forme géométrique fétiche, l’arc et l’idée de promenade sensitive.

Yves Bayard

Dans les années 70, il participe à la réflexion sur l’urbanisme de Sophia Antipolis et signe plusieurs bâtiments, comme le laboratoire Allergan, le restaurant de France Télécom ou le Théâtre en plein air. Parmi ses réalisations phares, la Technopole de Limoges en forme de soucoupe volante, un collège à Bagneux en forme d’arc … Et à Nice, le MAMAC et le Théâtre de Nice, ainsi que, plus récemment, la Bibliothèque et sa Tête au carré, une sculpture monumentale habitée inspirée de Sosno. Mais l’œuvre dont il était le plus fier, c’était le MAMAC et son double, d’une architecture audacieuse et poétique.

Détail de l’architecture inventive du MAMAC
©JChDusanter

Voila comment il expliquait ses intentions de départ : « créer une opposition totale entre le froid du Musée et le chaud du Théâtre, le yin et le yang, puisque le théâtre s’inscrit dans le musée, le musée est en creux alors que le théâtre reprend la même forme en plein.

Une façade du MAMAC (détail)
©JChDusanter

Construire le musée à cheval sur la route (Nationale 7) afin de ne pas couper la ville en deux. Alterner les pleins et les vides, les tours en marbre et les passerelles en verre et métal. Jouer les transparences en faisant évoluer les stores en fonction de la lumière. Reproduire une falaise de marbre de Carrare au naturel, et s’inspirer pour les escaliers de ceux de la Scala de Milan. Enfin, relier les deux bâtiments par une esplanade surélevée, dans le but de susciter un dialogue entre l’art contemporain et le théâtre. »
« On peut habiter n’importe quelle forme … sauf le néo-provençal », disait-il. Et pour le prouver, il avait dessiné à ses heures perdues une « rose des sables habitable » destinée à servir de studio à un pianiste : « Dans cette géométrie particulière, j’ai imaginé un lieu où de grands pianistes pourraient séjourner quelques temps, y composer, recevoir des amis dans l’auditorium puis faire descendre le piano par un système de câbles, comme au théâtre, pour donner un concert en extérieur ».

Vue depuis le parvis du MAMAC
©JChDusanter

En véritable artiste, Yves Bayard se souciait peu de l’argent, roulant depuis des années dans la même vieille Peugeot. Son seul luxe : un piano qui lui permettait d’exprimer d’une autre manière encore sa profonde sensibilité.

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