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Théâtre Le Merlan

Le théâtre du Merlan est la « Scène Nationale » (label du Ministère de la Culture) de Marseille, implantée dans les quartiers Nord (14ème arrondissement) de la ville.

Association loi 1901, elle est présidée par Alain Vidal-Naquet et est subventionnée par la Ville de Marseille, le Ministère de la Culture et de la Communication, la Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil Général des Bouches-du-Rhône. Elle bénéficie également de l’aide de l’Office National de Diffusion Artistique (ONDA).

Son équipe, dirigée par Nathalie Marteau jusqu’à juin 2014, se compose de 18 permanents et d’intermittents du spectacle : voir l’équipe

Son budget annuel est d’environ 2,2 M€

Son bâtiment se compose d’un hall d’accueil (bar, restauration, espace-salon), de la salle de spectacle de 390 places, d’un studio de danse de 180m2 et d’un cinéma de 80 places. voir les fiches techniques

Un peu d’histoire...

Le théâtre du Merlan est situé dans un « centre urbain », abritant un grand centre commercial.

Le bâtiment du théâtre est né de l’urbanisation des années soixante, soixante-dix qui a structuré les 13ème et 14ème arrondissements de la ville : les cités des quartiers nord. La réalisation du théâtre du Merlan a été opérée dans ce contexte, en 1976. En effet, c’est à l’issue d’une négociation au début des années soixante-dix, entre la municipalité et des promoteurs immobiliers qui souhaitaient l’implantation d’une galerie marchande dans ce secteur de la ville, que 2000 m2 de « surface sociale » ont vu le jour.

Cet espace de « surface sociale », qui n’avait pas de prédestinations initiales particulières, a été investi dans un premier temps par les travailleurs sociaux. Très vite l’arrêt du travail social a laissé vacant un espace très vite occupé pour une première expérience de théâtre sur le site. Dans une dynamique de recherche d’utilisation de ces nouveaux espaces et de projets de services pour le quartier, Jean-Pierre Daniel, alors animateur social de ce secteur, y implante dans des conditions très difficiles une action culturelle pour la promotion du cinéma et du théâtre.

Dans les années quatre-vingt, cette expérience a pris la forme d’un théâtre de ville qui a perduré jusqu’en 1992, dirigé par Renaud Mouillac. Cet espace théâtrale était particulièrement fermé aux quartiers nord. C’est en 1992 que le Maire, Robert Vigouroux, a fait une demande auprès du ministère de la Culture et de la Communication pour la création d’une scène nationale à Marseille, à cet endroit là. C’est ainsi que très vite après la naissance du label de scène nationale, et conformément à la procédure, un appel national à candidature pour la direction du théâtre du Merlan - scène nationale à Marseille a été lancé en 1993.

Alain Liévaux prend alors la direction de ce théâtre pendant 10 ans, autour d’un projet très engagé politiquement, avec un tel engagement vers les cités qu’il en fera une scène nationale de quartier.
Alain Liévaux part à la fin de la saison 2002-2003. Un appel à candidature est lancé par le Ministère de la culture et de la communication. C’est le projet de Nathalie Marteau, qui vient du Centre d’art et d’essai de Mont Saint Aignan dans la région de Rouen, qui fut retenu.

Nathalie Marteau a quitté ses fonctions le 30 juin 2014. Le théâtre du Merlan est dans l’attente d’une nouvelle direction pour janvier 2015.

Le projet du Théâtre

La programmation du Merlan est pluridisciplinaire, très ouverte à tous les arts vivants. Le projet de la scène nationale se déploie autour de 3 axes particuliers et complémentaires : le corps, le vagabondage et les projets participatifs.

Le projet artistique de la scène nationale est centré sur le corps ; soit à travers des spectacles qui le valorisent (comme la danse, le cirque) ; soit à travers des créations qui le questionnent dans ses divers aspects (esthétiques, sociaux…).
La manière que nous avons d’appréhender la relation scène/salle, acteur/spectateur est, traditionnellement, dans notre pays, très intellectuelle et savante.

Il s’agirait, comme l’ont longtemps véhiculé les sciences sociales, de posséder des « clefs » permettant de « déchiffrer », de « décoder » un message.
En souhaitant accorder à la danse une place prépondérante dans la programmation, les tutelles, dans leur appel à candidature à la direction du Merlan en 2004, ont permis à Nathalie Marteau de lui offrir l’occasion de présenter un projet, plaçant, non pas seulement la danse au centre de la programmation, mais, le corps au centre d’un projet dépassant la question d’un champs artistique disciplinaire proprement dit pour rejoindre une problématique sociétale plus large et majeure : le corps et les rapports que nous entretenons avec lui.
Prenant en compte la sociologie spécifique de Marseille, un projet centré sur le corps permettait de revaloriser, à côté de l’appréhension intellectuelle et savante de l’œuvre, les notions de sensation, d’ « éprouvé » et d’ « émotion » : Autre manière, trop dévalorisée dans le champ de la création contemporaine, d’appréhender la relation spectateur/spectacle.
S’adresser au corps du spectateur, et pas seulement à sa tête, permet à certains spectacles de toucher profondément le spectateur, de le relier à une qualité de présence, d’émotion et de conscience que l’art est capable d’apporter.
Comme il est capable, dans une société du paraître, de rapprocher chacun de son être, intimement et collectivement.
Or, ce contact, rare, que nous pouvons avoir avec nos émotions, seul le corps, malheureusement trop malmené dans notre société et notre quotidien, le permet tout à fait. Et, notre quête du sensible, dont parlent de plus en plus les chercheurs en sciences sociales, montre certainement combien le « ressenti » gagne aujourd’hui sur le « cérébral ».

Une autre partie importante du projet du Merlan concerne la Ville, questionnée par les artistes.
En 2014, c’est sur la mise en valeur des pratiques, non issues du champ professionnel et institutionnel, que nous souhaitons, avec les artistes, porter une attention particulière ; notamment sur les pratiques populaires de danses urbaines.
Manière de prendre en compte ceux qui expriment le sentiment de ne pas l’être assez, notamment par l’institution.

Manière de regarder et de s’intéresser à ce qui “fait culture”, sur notre territoire, et de le mettre en résonance avec ce qui se passe ailleurs.

Manière de célébrer la diversité des cultures et des territoires, si forte à Marseille, et de prendre en compte les transformations qui s’opèrent.

Manière de faire coexister l’exigence artistique, l’excellence professionnelle, avec les pratiques amateurs.

Manière de s’appuyer sur l’extraordinaire capacité des artistes à créer du lien.

Manière de décloisonner, de déhiérarchiser (la culture “savante” et “populaire”), d’aller au-delà des frontières, de dépasser les limites, comme nous y invitent les acteurs de la danse urbaine et les artistes présents dans cette programmation.

Bref, manière d’élargir notre vision de l’art…

L’ensemble de la programmation de la scène nationale se déroule soit dans la salle de spectacle, soit en vagabondage, en divers lieux de la Ville.
Le projet artistique et culturel de Nathalie Marteau, nommée à la direction du théâtre du Merlan en 2004, a fait ses premiers pas en janvier 2005, pour démarrer un vagabondage dans la ville, dans le quartier des Goudes, manière d’appréhender le territoire marseillais dans sa diversité et sa très grande étendue.

Ce vagabondage artistique, poétique et culturel dans la ville de Marseille a d’abord été pensé pour pallier à la fermeture du théâtre (à partir de septembre 2005, jusqu’à novembre 2007) pour raison de travaux de rénovation.

Au moment de la réouverture du théâtre, en novembre 2007, décision a été prise, en concertation avec les Tutelles, de poursuivre le vagabondage, parallèlement à la programmation en salle, tant le succès (public et d’image) et les bénéfices du vagabondage étaient flagrants : toucher des personnes qui ne vont pas au théâtre, faire résonner des lieux emblématiques et symboliques de la ville (voir liste des lieux investis), faire redécouvrir leur ville aux marseillais, transformer la « sortie au théâtre » en un « rendez-vous » et une « expérience », donner aux œuvres artistiques une dimension plus large et supplémentaire (en choisissant les sites les plus adaptés pour les présenter), dessiner une cartographie sensible du territoire, relier des quartiers entre eux, éclairer certains d’entre-eux, quelque peu « oubliés ».
La liste est longue pour qualifier et analyser ce qu’a représenté et apporté le vagabondage pour le public.
Plusieurs écrits, ouvrages, articles, conférences, discussions sur le vagabondage ont permis de montrer l’importance de ne pas seulement accueillir au théâtre (« faire venir »), mais, d’ « aller vers », vers ceux qui ne franchissent pas certains murs invisibles qui les séparent du théâtre et de l’art, mais aussi des quartiers Nord de Marseille (où est implantée la salle de spectacle).
Dans une ville comme Marseille, marquée par la segmentation et l’éclatement de son territoire, par l’inégalité sociale et économique, par la diversité culturelle et par une culture nomade, le principe et l’esprit du vagabondage ont trouvé la ville propice à leur concrétisation.
Multiplier les lieux de présence artistique à Marseille, en dehors stricto-sensu de ses lieux culturels institutionnels, a permis d’offrir une vision élargie de l’art et de ses connexions possibles avec le quotidien de populations diverses. En effet, en investissant des sites et lieux très différents, représentatifs de tous les domaines de la vie (la santé, la religion, la recherche, l’économie, le social, le sport, l’éducatif etc.), en contractant des partenariats avec des acteurs très variés, le vagabondage a pu toucher un public élargi.
Enfin, le vagabondage a initié et scellé un esprit collaboratif qui a permis d’accueillir ou de co-accueillir des spectacles (de Pina Bausch, Rodrigo Garcia, Joël Pommerat, Pippo Delbono etc.) dans des salles plus grandes que celle du Merlan (qui ne contient que 380 places).
Pour les artistes, la résonance décuplée de leurs œuvres et de leurs propositions, présentées en des lieux choisis, a été une expérience exceptionnelle et importante dans leurs parcours.
Au fil des années, le vagabondage a également soutenu et accompagné un mouvement artistique qui fait de la ville sa matière même de création et qui questionne l’urbain (notamment à travers la manifestation « En corps urbains »).

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