Aux puces, l’art fait son chemin
Depuis toujours on trouve de tout aux puces, vaste centre commercial des Arnavaux – ouvert tous les jours sauf le lundi, des légumes et des épices, de la viande et du poisson, des frigos et de la peinture. Et puis de l’art, grâce à la galerie Saint-Laurent qui a investi il y a un an le hall des antiquaires. Presque 1000 m² pour faire une balade arty, flâner entre mobilier et oeuvres, boire un café dans son bistrot et même rencontrer des artistes autour de leurs
créations. Bref, un vrai pôle d’art contemporain au coeur des quartiers Nord emmené par un trio composé de Catherine Coudert, Jean-François Roux et Patrice Ruano. Une équipe volontaire comme une famille qui rêve de croisements. Mélange des gens mais aussi des genres, des générations et des goûts. Car dans l’exposition du moment, à voir jusqu’au 13 avril, une vingtaine d’artistes très divers cohabitent dans les nombreuses alcôves du hangar.
« La force d’une foire dans un seul espace, pour changer la vision des gens sur le quartier et réconcilier certains avec l’art », disent ces galeristes atypiques qui ont les pieds sur terre et demandent aux créateurs un bon lot de générosité. Ce supplément d’âme réside dans cette vingtaine de cabinets de curiosités. L’ensemble baptisé Sélection Naturelle forme un itinéraire imaginatif et récréatif.
« On a décidé d’être complètement à part, le mélange avec les brocanteurs désacralise l’art » note Jean-François Roux, le directeur artistique de la galerie Saint-Laurent. Aussi, on passe du mobilier design aux sculptures métalliques d’Éric Discepolo puis aux grandes bâches exaltant les paysages fantastico-marseillais de Joan Ceccaldi. Un faux désordre savamment orchestré, et un vrai désir de célébrer l’art pluriel d’artistes aux pratiques variées, des complicités qui perdurent naturellement. Un patchwork sensible où se mêlent les dessins finement composés de Luke Painter, les délires visuels de Frédéric Clavère, les photographies fascinantes d’Edward Hopley, les objets chamaniques de Maïla Gracia, les tableaux explosifs de Cédric Ponti. « C’est un endroit où venir chiner, découvrir de jeunes talents », estime Catherine Coudert. On peut en repartir avec des petites pièces et même des objets dérivés (affiches ou tee-shirts), trouver son bonheur « de 40 à 50 000 euros », s’amuse Patrice Ruano, le spécialiste des achats. Pour vivifier encore les allers-retours joyeux, un samedi par mois un artiste vient rencontrer les curieux dans une sorte de déjeuner sur l’art.
Gwenola Gabellec
Source :www.laprovence.com