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Les garçons et Guillaume, à table !

Comédien de talent (sociétaire de la Comédie Française), Guillaume Gallienne voue, dès sa petite enfance, une admiration sans bornes à sa mère qu’il imite sans cesse. Ses frères, sportifs et casse-cou virils, font le bonheur de leur père (superbement interprété par André Marcon), tandis que lui reste scotché à sa mère adorée. Jeune adolescent sensible aux manières délicates sinon efféminées, le futur comédien aime les fanfreluches et se déguiser - particulièrement en Sissi - ainsi se comporte-t-il comme une fille surtout pour s’approprier l’amour maternel, tandis que toute sa famille imagine, pour lui, un avenir d’homosexuel. Pourtant, après quelques expériences malheureuses dans des boîtes gays, il rencontre une jeune fille qui lui plaît et qu’il épousera.

En racontant les problèmes identitaires d’un garçon de famille d’une bourgeoisie aisée, ce premier film de Guillaume Gallienne s’inspire de son one-man-show à succès, en insérant, au long du film, des miettes de son spectacle sur scène, mais sans faire pour autant du théâtre filmé, ni une adaptation de la pièce. Le comédien a réalisé une sorte d’autofiction irrésistible de drôlerie et il est facile de prévoir que plusieurs séquences resteront dans les mémoires, ainsi celle du Conseil de Révision, ou celle du « massage bavarois » avec une épatante Diane Kruger, ou encore quelques séances chez divers psychanalystes au cours desquelles sa mère reste fantasmatiquement présente, tel un surmoi envahissant, comme l’avait montré Woody Allen dans New York Stories.

Victime consentante d’un Oedipe monstrueux, Guillaume devra se dégager de l’emprise maternelle et rejeter tous les messages – conscients et inconscients – inculqués par la famille. Ah ! les projections familiales ! Sur ce sujet, le film, sans quitter le mode comique, dit plus de choses qu’il n’en a l’air !

Réalisateur et comédien, Gallienne interprète à la fois sa mère et lui-même, sans que le spectateur ne découvre un quelconque trucage malgré deux incarnations différentes dans le même plan et sans difficulté pour lui, semble-t-il, de passer d’une mère autoritaire à un adolescent timide et maladroit. Aucune actrice n’aurait pu interpréter cette mère comme il l’a fait lui-même. Il a toujours si bien su l’imiter !

Lors de sa présentation au Festival de Cannes à la Quinzaine des Réalisateurs, le public a manifesté un accueil triomphal à ce film vraiment désopilant !

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