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Yvon Lambert, la Collection vue de Vence

Dans le cadre de son cycle « Regards sur les collections », le Château de Villeneuve s’ouvre depuis cet été sur
la collection Lambert. Yvon Lambert, un galeriste qui
vit le jour à Vence et y fit ses débuts avant d’occuper cinquante ans plus tard le devant de la scène de l’art
contemporain.

Yvon Lambert

Aujourd’hui à la tête de deux galeries (Paris, New York) Yvon Lambert s’est constitué une collection de cœur qui a anticipé sur l’émergence de nombreux talents actuels au point que l’on a pu le qualifier de galeriste « révélateur ». En 2000 à l’occasion des célébrations « Avignon, capitale européenne de la culture » sa collection si enviée s’installa dans un ancien hôtel particulier (Hôtel de Caumont) en vue d’une donation future. 300 œuvres venant d’artistes aussi différents que Donal Judd, Daniel Buren, Dennis Oppenheim, Julian Schnabel, Jean-Michel Basquiat, Douglas Gordon, Bertrand
Lavier et couvrant 50 années de passion ont constitué un premier fonds remarquable.

Oeuvre de Nan Goldin - Guido on the docks Venice 1998

« L’état n’avait pas eu de collection si riche en qualité et en nombre depuis la célèbre donation Picasso dans les années 70 » souligna l’expert nommé par le Ministère de la Culture. C’est à partir de cette prestigieuse réserve de 1200 références que bon nombre d’expositions hors les murs ont vu le jour : « Blooming » en 2007 qui a permis de faire découvrir le peintre Cy Twombly, celles dédiées à Sol LeWitt, à Nan Goldin (au Musée d’art contemporain de Montréal en 2003), à Robert Comas à Tarascon. Sans oublier celle consacrée depuis cet été à Miquel Barceló au cœur de la cité papale, afin de célébrer les dix ans d’activité de la collection Lambert en Avignon. Une collection qui a investi dans le même temps le Château de Villeneuve (jusqu’ au 31 octobre) marquant le retour aux sources de l’enfant du pays.

Vence, Paris, New York

Enfant Yvon Lambert, entendait parler de Renoir, Matisse et de Chagall « qui se promenait à Vence dont les rues lui rappelaient son village
natal ». Autant de figures qui suscitèrent sa vocation. Issu d’une famille peu portée sur l’art plastique (sa mère tenait une épicerie, son père fut chauffeur de taxi), Yvon se forme en dévorant des revues d’art puis en visitant les musées. À 14 ans, avec son premier salaire, il acquiert sa première œuvre, un tableau d’un post-impressionniste anglais représentant une rue de Vence.

Christian Boltanski - Monument Odessa

Quelques années plus tard, en 1962 avec le soutien de ses parents il ouvre sa galerie Place du grand Jardin. C’est Jean Cocteau qui dessinera le carton d’invitation de l’exposition inaugurale « Dessins de Modigliani à Picasso ». Par la suite, Yvon exposera des artistes comme Auguste Chabaud, rencontrera des créateurs tel Robert Malaval installé à Vence et à qui il achète des pièces. Très vite il s’ennuie. Les artistes de l’École de Nice, ne sont pas sa tasse de thé. Yvon Lambert rêve d’ailleurs, il sent que le vent a tourné, qu’il souffle de l’Amérique avec les prémices de l’art minimal, l’art conceptuel, le land art qui représentent les piliers de sa collection. « Au bout de trois ans je suis monté à Paris. J’ai commencé dans une petite galerie à Saint-Germain où j’ai invité des artistes à tendance « géométrique », j’ai déménagé pour pouvoir montrer des artistes d’avant garde, comme Sol Le Witt, Tony Smith, etc. ». Après être resté huit ans près du Centre Pompidou, il s’installe en 1986 dans le Marais. En 2003 il ouvre une galerie à New York. Pour lui l’activité de galeriste et de collectionneur participe à un même engagement : « Pendant toute une période, j’ai acheté de façon quasi exclusive des œuvres que je montrais à la galerie et il en est encore ainsi aujourd’hui. La plupart des artistes que j’ai exposés et vendus sont présents dans ma collection ».

Un parcours en autoportraits

C’est cette collection passion qui se raconte en 120 œuvres au Château de Villeneuve. De l’effervescence des sixties à nos jours, de Matisse à Barceló, de Duffy à Loris Greaud, le plus jeune (30 ans) car Yvon Lambert s’est toujours tourné vers la création en devenir.

Andres Serrano - La Comédie française, 42 portraits

Ce parcours construit comme un dialogue intime entre le collectionneur, la Fondation Emile Hugues et sa ville natale, se révèle grâce aux « touches personnelles » qu’il a souhaité apporter au fil d’une scénographie réalisée avec Eric Mézil (Commissaire) et le Conservateur Zia Mirabdolbaghi. « Pour la première fois nous avons ouvert l’intégralité du Château y compris une salle au rez-de-chaussée qui fut jadis l’atelier de vermicellier que tenait son arrière-grand-père » explique ce dernier. Dans cette salle historique (le grand père d’Yvon naquit à coté, où se trouve aujourd’hui la Librairie du Château) ont été réunis entres autres pièces :
Une peinture sur bois de Basquiat et ses fameux sabots dessinés/
tagués, une toile de Combas dédiée au patron de la ville Saint
Lambert, ainsi qu’une maquette de Sol LeWitt pour la chapelle de Vence. Car Yvon Lambert était revenu officiellement au Château de Villeneuve en 1994 pour ce projet qui avorta.

Yvon Lambert et Zia Mirabdolbaghi le Conservateur du Chateau de Vence

Plus discrètement chaque été il revient dans sa maison familiale où il reçoit avec sa sœur Collette ses amis artistes Nan Goldin, Douglas Gordon et tant d’autres. C’est ce lien inextinguible qu’évoque ce parcours articulé en cabinets thématiques comme autant de facettes du galeriste. Portrait de l’homme fasciné par la mythologie et le sacré, du Christ noir de Serrano au Monument à Odessa de Boltanski, par la modernité tel l’hommage à Cézanne –
« Notre Père à tous » disait Picasso - à travers la Montagne Sainte Victoire changée en installation par Guilio Paolini. Portrait du collectionneur féru de photos comme en témoigne l’étrange faune de Nan Goldin, les portraits d’artistes (brulés) de Douglass Gordon ou posant comme en Avignon d’Andrés Serrano. Sans oublier ce cliché insensé montrant Gilbert & Georges couchés côte à côte dans le lit de Federico García Lorca. Portrait de l’adepte du minimalisme et du bibliophile amoureux de l’écriture. Portrait d’un passionné qui a continué à relier l’art le plus antique avec l’art le plus conceptuel, a entrelacé son enfance vençoise à celle du grand voyageur collectionneur qu’il est devenu.

http://www.ville-vence.fr/chateau-d...

DERNIERS JOURS POUR VOIR L’EXPO JUSQU’AU 31 OCTOBRE 2010 !!!!

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