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Exposition « 1960 -2010, Cinquante ans de l’École de Nice »

Pendant 6 mois, le Musée Rétif consacrera son espace à l’exposition anniversaire des 50 ans de l’Ecole de Nice. L’ambition de cette exposition est de mettre en lumière la diversité qui caractérise cette « Ecole », aux contours mouvants, et de saluer, cinquante ans après, sa richesse à la fois plastique et conceptuelle.

Commissariat : Alexandre de la Salle

Ce Mouvement célèbre naquit, selon les dires d’Arman, à la Galerie Alexandre de la Salle, place Godeau (Vence), le 17 mars 1967, Alexandre de la Salle s’y étant installé en 1960 tandis que la même année, le 16 avril 1960 à Milan puis en octobre à Paris chez Yves Klein, Pierre Restany fondait le Nouveau Réalisme, avec comme figures de proue les Niçois Arman, Yves Klein, et Martial Raysse qui se joindrait à eux.

@Photo Altmann

Le même Pierre Restany écrira une préface dans chacun des catalogues des expositions commémoratives d’Alexandre de la Salle : « École de Nice ? » (point d’interrogation), « École de Nice ! » (point d’exclamation), « École de Nice… » (points de suspension), « École de Nice. » (point final).
Mais ce point final ne fut pas symbolisé avec la même lisibilité que lorsque le Nouveau Réalisme fut dissous par son critique d’art et ses membres en 1970 à la Galerie Apollinaire de Milan. L’Ecole de Nice sera donc « exécutée » par Pierre Pinoncelli, célèbre « happeninger », au Musée Rétif, en décembre 2010,
à la fin de l’exposition. Cette dissolution, comme l’explique Alexandre de la Salle, n’étant que l’étape nécessaire à l’entrée définitive de « L’École de Nice » dans l’Histoire ; étape purement symbolique puisque cette entrée s’est faite immédiatement, comme l’a aussi remarqué Arman l’été 1965 dans le n°11
d’Identités : « L’École de Nice ? Du moment qu’on a employé cette expression, elle existe » !

Revisiter les origines de Nice...

Ce retour aux sources effectué par Alexandre de la Salle permet une heureuse revisitation des origines de l’École de Nice, origines merveilleuses, prises dans les élans contestataires d’artistes de toutes disciplines (et d’indisciplines) depuis Dada et Marcel Duchamp. En 1960, c’est Yves Klein qui déclara : « Je pense que l’École de Nice est à l’origine de tout ce qui se passe depuis 10 ans en Europe ». Et la masse des travaux accomplis depuis par des artistes ayant plus ou moins le goût de la gloire, mais toujours d’une insistance absolue eu égard à la pertinence de leurs oeuvres, est là aujourd’hui pour en apporter la preuve.

Dans cette exposition, la présentation d’oeuvres majeures sera soutenue par un déploiement de documents, affiches, lithographies, livres, catalogues raisonnés, par des rencontres, débats, et par la projection de films où la voix d’artistes de l’École de Nice vivants ou disparus pourra se faire entendre.

Oui, comme le dit L’École de Nice, « la vie est plus belle que tout ! »

Cette exposition, sur l’invitation de Mireille et Philippe Rétif, n’est pas une

manifestation qui viendrait s’ajouter aux cinq expositions de groupe « École de Nice » que j’ai réalisées en 1967, 1974, 1977, 1987, 1997, et à la cinquantaine d’expositions individuelles que j’ai réalisées d’artistes de ladite École de Nice.
Non, cette dernière exposition doit être aussi importante que celle de mars 1967 par laquelle Arman déclara en 2000 que je fédérai une École de Nice. Elle doit être aussi importante, mais à l’inverse : tout ce qui naît doit mourir, mais quand il s’agit de « Mouvements », ce n’est pas triste. C’est même indispensable. Car c’est au-delà d’un terme, d’une dissolution, d’une fermeture, que toute chose peut renaître à l’intemporel, à l’infini. Peut dépasser. Bien sûr les artistes qui un jour ont été inscrits ici ou là sous le label de Nice, n’ont rien attendu du tout pour croire en leur oeuvre, la poursuivre, la peaufiner.

Leurs recherches ils les ont certainement commencées dans l’enfance sans le savoir (certains le savent), et en tous cas, dans notre région, en tant que ces adolescents ivres d’une certaine lumière, d’une certaine autorisation, invitation à vivre, et, à ce titre, contestataires des arts plastiques avant eux, de l’art de vivre tout court.

Et c’est ainsi que je les ai rencontrés alors que, poursuivant à Vence depuis 1960 l’oeuvre de mon père Uudo Einsild, marchand à Paris de Modigliani, Soutine, Picasso, Wols etc., Robert Malaval que j’avais commencé à exposer en 1965, avec qui je devins ami, avec qui j’échangeais une correspondance, a attiré mon attention sur eux, et j’en réunis un certain nombre, des tenants du Nouveau Réalisme, des tenants de Fluxus, des tenants de Support-Surface, certains déjà célèbres, certains qui très vite le deviendraient, tous habités par une problématique personnelle très forte, très excitante, et que j’allais suivre, au fil des années, rajoutant, au fil du temps, d’autres strates, d’autres alluvions, en particulier le Groupe 70, et, plus tard des individualités rattachées de manière signifiante à un certain état d’esprit, à un rapport à l’objet, ou au signifiant, justement, et surtout à une certaine forme de goût pour la liberté, pour le hors norme. Il est bon aujourd’hui de réinterroger les moments originaires de cette aventure, pour mieux comprendre la nature de cette onde tenace, indicible, qui les traversa, qui traversa le Mouvement, qui traversa les Alpes-Maritimes, et, au dire d’Yves Klein, à travers eux, l’Europe, et donc le monde.

Alexandre de la Salle - Commissaire de l’exposition

Musée Rétif
1670, Avenue Rhin et Danube
Route de Grasse
06140 VENCE
- Tél. : 04 93 58 44 20
- Fax : 04 93 58 70 30
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- Site : www.museeretif.com

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