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Saint Paul : Retrospective Fabrice Hyber à la Fondation Maeght

La Fondation Maeght propose, jusqu’au 6 janvier 2013,
une rétrospective inédite des Peintures homéopathiques de l’artiste
contemporain français Fabrice Hyber. Plus de vingt œuvres dont
certaines de très grandes dimensions (10 à 15 mètres) seront
présentées parmi les 30 réalisées par Fabrice Hyber à ce jour.
L’exposition présente également un ensemble d’Hommes de Bessines
qui, dans les fontaines au sein des jardins de la Fondation, dialoguent
particulièrement avec les œuvres de Miró mais aussi, Calder, Braque,
Dietman ou Takis.

« Avec cette exposition, la Fondation Maeght renoue avec les grandes
expositions consacrées aux œuvres innovantes d’artistes vivants, qui
interrogent le monde grâce à des prises de risque et des hypothèses
surprenantes qui sont la nature même de leur œuvre
, précise Olivier
Kaeppelin, directeur de la Fondation Maeght.

Fabrice Hyber est l’un des artistes les plus représentatifs de cette
recherche permanente
. Les Peintures homéopathiques que nous
présentons depuis 1986 à aujourd’hui sont la matrice de son œuvre,
dont les sujets centraux sont la mutation, la transformation, les
dynamiques positives ou négatives qui changent l’espèce, les
entreprises humaines, modifiant ainsi le monde et ses formes. En ce
sens, il est dans la droite ligne des objectifs fixés par Aimé et
Marguerite Maeght comme par André Malraux.

© Marc Domage

Passionné par la question de la contradiction et la puissance de ses
effets sur nos comportements
, il se sert de cette énergie qui est la
même qu’utilisait Miró dont il est l’un des lointains héritiers grâce à la
philosophie, la science et l’esprit ludique avec lesquels il questionne le
cosmos humain.

Sa pensée se manifeste par son dessin et ce sont les deux que la
Fondation Maeght a choisi d’accueillir à travers la richesse des
Peintures homéopathiques et des Hommes de Bessines, véritables
« corps fontaines », dans les jardins de la Fondation. Avec cette
exposition, le public découvrira, après ceux d’Ovide et d’Apulée, de
nouveaux épisodes de l’histoire des Métamorphoses de la matière et
du monde. »

Essentiel de Fabrice Hyber

Essentiel, titre de l’exposition choisi par Fabrice Hyber et Olivier
Kaeppelin, souligne le sujet des Peintures homéopathiques à travers
tous les sens et les jeux auxquels ce mot se prête ainsi que
l’importance que lui accorde l’artiste.

Rassemblées pour la première fois, cette exposition des Peintures
homéopathiques, synthèses libres et contradictoires de ses recherches,
permettra au plus large public de découvrir l’œuvre de Fabrice Hyber.
Les amateurs avertis trouveront quant à eux à la Fondation Maeght un
cadre exceptionnel pour s’immerger au cœur de l’œuvre de cet
artiste « essentiel ».

© Marc Domage

Fabrice Hyber : « Le dessin est la formulation de ma pensée »

Né en 1961, peintre, dessinateur, sculpteur, Fabrice Hyber est l’un des
artistes les plus surprenants et les plus inventifs de sa génération. Passé
par des études scientifiques avant d’intégrer les Beaux-Arts de Nantes,
Fabrice Hyber crée un univers formel original et polymorphe à travers
une démarche faite de recherches plastique, poétique et
philosophique, proches des disciplines scientifiques comme la
médecine, la biologie ou la neurologie.

Dans ce contexte, Fabrice Hyber fait naître des idées en acte : il croise
les pratiques et les disciplines, explorant une grande variété d’écritures
et de supports, entre le dessin, la peinture, la sculpture, la vidéo et les
installations. C’est ainsi que le réseau, le faisceau, l’artère ou encore le
rhizome structurent le vocabulaire formel de Fabrice Hyber qui déclare
« je ne veux jamais arrêter les choses, les contacts, ni les formes,
encore moins les figer dans des protocoles confortables. »

Interprète des données de notre époque, il interroge leurs virtualités,
leurs énergies, leurs flux. « Cette pensée agissante dans l’univers traite
des organisations sociales comme des comportements individuels.
Fabrice Hyber questionne les formes vivantes de nos sociétés dont il
pense les relations, les combinaisons et les développements. Il le fait
par une étonnante création de figures en relation et en mutation
permanente »
analyse Olivier Kaeppelin, qui souligne aussi le rôle de la
nature dans l’œuvre de Fabrice Hyber.

Les Peintures homéopathiques

© Marc Domage

Homéopathie, avec ce mot une méthode est définie : soigner les
maux à partir d’éléments qui, utilisés différemment, provoqueraient les
maladies à combattre. Autrement dit soigner par l’usage maîtrisé du
poison. Il s’agit en effet de cela avec les Peintures homéopathiques,
conçues comme des amalgames où s’accumulent des écritures, des
dessins, des photographies, des objets englobés et liés par la résine.

« La résine fait ici office de loupe pour mieux faire apparaître le
désordre des dessins dont l’assemblage permet toutes les dérives
(enflures, greffes, prothèses, surimpressions, juxtapositions, …). Car la
forme n’est pour Hyber qu’une suite d’arrangements, de modifications
physiques élémentaires ; elle est ouverte à des évolutions impromptues
qui s’illustrent dans les diverses sédimentations de couches à la surface
de la toile (résine soufflée, saillie de papiers, entailles, … » explique
Pascal Rousseau, critique d’art, auteur de nombreux textes sur l’artiste.

Fabrice Hyber y assemble les différents éléments de ses recherches :
« j’y fais la mise au point de mes travaux, sous une forme plus dense et
resserrée, plus synthétique. Il me faut là un temps de digestion pour
pouvoir assimiler les images que je produis, les voir aussi différemment
pour leur donner une direction. »

Dès 1986, ces peintures sont comme des « story-boards » où se forme le
récit de son travail et s’élaborent de nouvelles hypothèses. La
démarche est spéculative, la forme est une suite d’arrangements que
l’on observe dans la sédimentation des couches à la surface de la
toile. Les informations sont ainsi assimilées, les données digérées.

« En 1986, je réalisais des œuvres qui se développaient selon de
multiples formes. La critique principale portait sur le “dispersement”.
J’ai alors voulu montrer que tout était lié. Pour faire le point il fallait que
j’écrive et dessine le story-board de ce que je venais de réaliser. En le
construisant, celui-ci n’avait pas une seule mais de multiples entrées et
scénarios. Plus complexes qu’un film sur mes œuvres, les story-boards
sont devenus essentiels pour décrire toutes les ramifications de ma
pensée. A absorber par bribes, le titre m’est apparu évident : peinture
homéopathique.

Régulièrement pour montrer ces scénarii, surgissent ces peintures
homéopathiques. Je résume en réécrivant et dessinant les scénarii
d’une année (quelques mois) réunissant toutes les questions et formes
qui ont jalonné mon travail.

A la fin de ces montages complexes, ces ensembles proliférants sont
généralement figés dans une résine conçue pour ce moment,
plongés dans une Quantité Suffisante Pour (QSP, un des ingrédients de
chaque médicament !) les mettre en évidence. »

Les Hommes de Bessines

Fabrice Hyber s’intéresse aux états intermédiaires. Le corps prend une
part décisive dans ce jeu de Mutation (titre de sa première exposition
en 1986). Les Hommes de Bessines expriment cette préoccupation de
même que le choix de la fluidité qui parcourt le travail de Fabrice
Hyber, un flux que rien n’arrête. A l’origine, une commande publique
de la commune de Bessines en Poitou-Charentes en 1989. Fabrice
Hyber y propose une petite sculpture anthropomorphe dont les orifices
corporels qui informent le cerveau crachent de l’eau. Haut de 86cm,
ce petit personnage ordinaire fait office de fontaine qui relie notre
nature à un espace extraterrestre comme il peut en être dans l’œuvre
de Miró. Depuis 1991, les Hommes de Bessines envahissent peu à peu
des villes en France comme à l’étranger.

Grâce à l’aide de la Galerie Jérôme de Noirmont, la Fondation
Maeght présentera 15 Hommes de Bessines qui viendront rejoindre les
jardins de la Fondation Maeght pour dialoguer avec les grands Maîtres
de l’art Moderne et contemporain.

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