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Jean-Charles Blais

Nous connaissons tous les personnages aux formes rondes et sans visages de Jean-Charles Blais, les
corps et les paysages opportunément tracés au hasard des affiches déchirées, les dessins de silhouettes
à l’encre noire. Œuvres qui nous parlent d’identité, et de notre propre rapport au corps : comme tout
artiste, à travers la création de cet objet qu’est l’œuvre, Blais nous parle de matière, et donc aussi du
corps, et de la mortalité...

Jeu évident entre le tangible et son contraire, le vrai et la représentation, le réel et l’illusion. Si le support
des affiches déchirées est très concret , il n’est qu’emprunté, et porte une autre image que celle que
l’artiste y appose, mais qui demeure invisible. Les œuvres, à la fois joyeuses et inquiétantes, présentent
souvent un recto et un verso, une dimension visible et une dimension cachée, un aveu et un secret, un
endroit et un envers, comme ces œuvres-vêtements exquisément cousues, tout à fait emblématiques.
Tout aussi souvent les œuvres demeurent « inqualifiables », ni affiches ni tableaux, ni habits ni sculptures,
ni gouaches ni collages. Ce que l’artiste dérobe, ne révèle pas, nous permet paradoxalement d’accéder
à l’essentiel, puisque aucun succédané de vérité n’est imposé.

© Jean-Charles BLAIS Courtesy Galerie Catherine Issert.

L’essentiel ? Mais de quoi s’agit-il ? De la
vulnérabilité de l’être humain peut-être, voué malgré lui à l’éphémère, au temporaire, inscrit d’avance
dans la disparition programmée de sa mort. Radicales, les œuvres « dématérialisées » du début des
années 2000, créées sur des supports numériques, sans réalité plastique, qu’une simple panne de
courant pourrait faire disparaître, et dont la survivance dans le temps – la conservation des supports -
demeure des plus problématique. Formes indéfinies projetées sur un écran, conservées par l’invisibilité
fragile d’un DVD, formes qui tentent de se rejoindre sans jamais y parvenir, qui se touchent, se superposent,
se séparent à nouveau.

Fragilité semblable à la nôtre : Blais nous parle d’une impossible réconciliation,
non seulement entre deux êtres mais tout simplement avec soi-même, et avec l’idée de sa propre
volatilité. Pourtant les œuvres présentées à la galerie, peintures sur papier, ont plus de texture que
jamais : les découpages, assemblages, épinglages, les superpositions, les reliefs que créent les ombres
portées, confèrent aux silhouettes imaginées une présence qui n’a plus rien de virtuel, bien au contraire.

Cette matérialité incontournable infuse sa troublante vérité aux personnages, devenus non plus représentation
mais créature –ni image ni chair vivante -, par la magie des morceaux de papier, et la volonté
de création."
Claire Bernstein

Biographie de l’artiste

L’apparition publique du travail de Jean Charles Blais a lieu au début des années 80 avec des tableaux
peint sur des matériaux de récupérations et particulièrement des affiches arrachées. Sa première exposition
personnelle au Capc de Bordeaux en 1982 sera suivie de nombreuses présentations dans les
galeries ; Yvon Lambert à Paris, Léo Castelli à New York, Buchmann à Cologne, Catherine Issert à Saint
Paul et Kenji Taki à Tokyo.

© Jean-Charles BLAIS Courtesy Galerie Catherine Issert.

En 1987 une exposition personnelle lui est consacrée au centre Pompidou à
Paris. En 1990 il signe l’aménagement de la station de métro "Assemblée Nationale" à Paris constituée
d’une gigantesque frise de posters imprimés et renouvelés périodiquement, il est invité l’année suivante
à présenter une exposition personnelle à la Staatsgalerie Morderner Kunst de Munich puis en 1994 au
musée de La Haye. La même année il présente une nouvelle exposition à la chapelle de la Salpetriere
à Paris en collaboration avec le festival d’automne. En 1996 il réalise un projet public "the telephone
booths" à la demande du musée d’art moderne de New York à l’occasion de l’exposition "thinking
print".

En 1998 il présente à Paris puis à la Bawag Foundation à Vienne une série de travaux qu’il fait
fabriquer en tissus par un atelier de couture. Il poursuit cette recherche en croisant l’impression digitale
sur des toiles synthétiques qu’il assemble en forme d’objet mi-tableau mi-écran, ces travaux sont exposés
en 2000 à la galerie Kenji Taki à Tokyo. Dès cette période il collabore à la création du studio Art-Netart
et envisage la conception d’oeuvre utilisant les technologies numériques. Les premiers éléments de
ce travail ont été présentés par Modernism à San Francisco, la Collection Lambert à Avignon mais aussi
sous la forme de DVD dans des lieux de diffusion tel que la FNAC, Virgin, ou And A store au Japon.

Jean Charles Blais a conçu en 2004 pour la station de métro "Assemblée Nationale" à Paris, une
seconde suite de posters intitulée "la chambre double" développant à nouveau un programme de transformation
pour une durée de dix années. Il réalise plus récemment à la demande du "Grand Théâtre,
Opéra de Genève" une suite de projets pour les affiches des représentations de la saison 08/09. Cette
série d’images inaugure une prolifique suite de grandes gouaches sur papier, croisant sources photographiques,
collages et papiers découpés, qui deviendront l’objet principal du travail qu’il poursuit
aujourd’hui.
En février 2010, Il collabore avec l’architecte Jean nouvel à la présentation du "100 eleventh
avenue" à New-York, La galerie Florian Sundheimer à Munich présentera ce printemps un ensemble de
ces grandes gouaches, Il prépare également avec la galerie Catherine Issert à Saint Paul une exposition
cet été de ses travaux les plus récents.

Informations pratiques :

2 ROUTE DES SERRES · F - 06570 SAINT PAUL · T 33 (0) 4 93 32 96 92
F 33 (0) 4 93 32 78 13 · c a t h e r i n e @ g a l e r i e - i s s e r t . c o m · www . g a l e r i e - i s s e r t . c o m

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