| Retour

Les dessins originaux de Glen Baxter à Nice !

La Station présente l’exposition de Glen Baxter, "La situation semblait désespérée " du 29 juin au 5 octobre 2013 à Nice.

La Station accueille pour son exposition estivale, l’artiste britannique Glen Baxter. Il investira pour l’occasion la totalité des espaces d’exposition de la Station (soit 350 mètres carrés) avec
notamment un grand dessin mural réalisé in situ. Il proposera également une édition limitée, spécialement conçue pour sa venue à Nice.
Glen Baxter invente dans les années 70 une formule de dessins légendés, dont il fait par la suite sa forme d’expression usuelle  : "j’ai trouvé ma propre voie en détournant l’imagerie des livres pour adolescents des années 30...  » explique-t-il. Jouant avec les associations entre textes et images, il agrémente ses dessins
old fashion de commentaires délirants pour obtenir d’inénarrables effets de décalage. Attitude figée des personnages, absence d’ombres portées et d’expressions, arrière-plan strictement délimité,
ses dessins sont construits avec une grande rigueur et évacuent tout pathos stylistique.
Explorateurs en casque colonial, étudiants en blazer, buveurs de thé et joueurs de cricket, cow-boys et autres scouts sont les héros ordinaires de Glen Baxter. Issus des récits populaires pour la jeunesse des années 30 et 40, ces personnages sont placés dans des situations absurdes et extravagantes, au milieu desquelles ils restent impassibles.

Si l’écart entre le visible et le dicible déclenche l’hilarité, c’est parfois l’incongruité commune du texte et de l’image qui prête à rire. Ainsi, dans la plus grande confusion des époques, deux cow-boys munis de colts et de lassos semblent disserter sur des œuvres apparentées à des Mondrian, ce que confirme la légende au style direct : « C’est soit un faux Mondrian des débuts soit
un authentique Burberry tardif
 ». Au burlesque de la situation dépeinte répond ici le grotesque d’un commentaire énoncé le plus sérieusement du monde. De même pour ces trois cow-boys qui, juchés
sur leurs chevaux, regardent à l’horizon des figures évoquant celles de Giacometti et s’exclament : « Des Giacometti à perte de vue Shérif ! ».

Sans titre , GLEN BAXTER, encre et crayons de couleur sur papier, 2012, 57 x 77 cm
©galerie Martine et Thibault de La Châtre, Paris

Ni aphorismes illustrés, ni simples dessins légendés, les œuvres de Glen Baxter jouent simultanément de la disjonction et de l’interdépendance d’images et de textes au style doucereux pour provoquer le rire.
Ce maître de l’incongru sait parfaitement où placer le détail que l’oeil découvre avec un temps de retard et qui change tout le sens de la scène. "Il suffit d’une flèche, d’un hennin, d’un feu au second
plan pour que soudain la normalité bascule dans l’absurde.
« Les surréalistes appelaient ça le ‘frisson’ [en français dans le texte], cette impression soudain que le sol se dérobe, qu’on est allé trop vite, que l’on s’est trompé. (...) C’est une sensation fugitive, mais très forte, comme si l’esprit perdait momentanément l’équilibre. Exactement ce que j’essaie de faire éprouver à ceux qui regardent mes dessins. J’ai toujours adoré ces accrocs dans la réalité, ces légers vertiges. »

Dans ses interviews, Glen Baxter cite volontiers ses sources : Lewis Caroll, le livre « What a life » considéré par Raymond Queneau comme pionnier du surréalisme, Buffalo Bill, Tom Mix, George Herriman
(créateur de « Krazy Kat »), et ceux qu’il admire le plus : Jarry, Queneau, Raymond Roussel, Beckett, Magritte, Chirico, Desnos, Man Ray....

« Mon modèle absolu pour les phrases, c’est Raymond Roussel. Il
utilisait un style très journalistique, très à plat décrivant des événements absolument fantastiques
 ».

Sérigraphie noir et blanc sur papier velin rives blanc 250 gr - 35 x 42 cm
© Glen Baxter pour La Station - 100 exemplaires - éditions Balléor en collaboration avec la galerie Martine et Thibault de la Châtre.

C’est après avoir découvert le surréalisme et le dadaïsme (...) que le jeune Baxter développa, soulagé, son appétence pour le
non-sense, l’incongru, l’ironie. Jusque-là, « Mr Imperfect », comme l’appelait son père, se sentait un peu fou, en tout cas déphasé. D’autant que, longtemps bègue
(« J’ai commencé par voir et imaginer les mots, à défaut de pouvoir les prononcer »), il a noué un rapport intense avec la langue et ses sonorités.

pub