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Palmarès 2012 FONDATION PRINCE PIERRE DE MONACO

Crédit Photo : Charly Gallo
autour de S.A.R. la Princesse de Hanovre, Présidente de la Fondation Prince Pierre de
Monaco, les lauréats de la Fondation Prince Pierre 2012 : de gauche à droite, Martin Smolka (Prix de
Composition Musicale), Jean-Paul Kauffmann (Prix Littéraire), Kaija Saariaho (Coup de Coeur des Jeunes
Musiciens), Hélène Gestern (Coup de Coeur des Lycéens) et Philippe Lançon (Bourse de la Découverte).

Le Palmarès 2012 de la Fondation Prince Pierre vient d’être proclamé :

- Lauréat du Prix Littéraire :

Jean-Paul KAUFFMANN

- Lauréat de la Bourse de la Découverte :

Philippe LANÇON, Les îles, J.-C. Lattès, août 2011

- Coup de Coeur des Lycéens :

Hélène GESTERN, Eux sur la photo, Arléa, août 2011

- Lauréat du Prix de Composition Musicale :

Martin SMOLKA pour son oeuvre "Blue Bells or Bell Blues", 2011

- Coup de Coeur des Jeunes Musiciens :

Kaija SAARIAHO, pour son oeuvre « D’Om le vrai sens », 2010

Prix Littéraire

- Jean-Paul KAUFFMANN

Né en 1944, Jean-Paul Kauffmann a été journaliste à l’Agence France-Presse, puis au Matin de Paris dès 1977, avant de devenir grand reporter à L’Evénement du Jeudi. Il est enlevé à Beyrouth en 1985 et libéré trois ans plus tard grâce à l’intervention de Jean-Charles Marchiani. En 2002, Jean-Paul Kauffmann reçoit le Prix de littérature Paul Morand remis par l’Académie française.

En 1993, dans L’arche des Kerguelen : voyages aux îles de la Désolation (1993 –Prix des maisons de la presse) Kauffmann tente de découvrir « le sens caché de cette France australe longtemps maudite […]. Ces îles dites de la Désolation, où règne le vent, passent pour être le point le plus isolé du globe. » (Mot de l’auteur)

« Récit de voyage et enquête sur les derniers jours de l’Empereur, [La chambre noire de Longwood : le voyage à Sainte-Hélène (1997 - Prix Fémina essai, Prix Roger Nimier, Grand Prix Lire-RTL, Prix Jules Verne et Prix Joseph Kessel)] décrit avec justesse la captivité et l’enfermement. […] Une méditation sur la mélancolie historique, un huis clos policier qui atteste que
Napoléon a bien été empoisonné. Par la nostalgie de sa gloire et le regret de son passé. » (Présentation de l’éditeur)

« À la fin de sa vie, Delacroix a représenté La Lutte de Jacob avec l’Ange […] Cette peinture décore le mur de la chapelle des Saints-Anges à Saint-Sulpice. […] Jean-Paul Kauffmann a enquêté sur cette peinture et sur cette église, s’attachant surtout à en explorer la face cachée […]. La Lutte avec l’Ange est un livre sur l’origine, la trace, le Mal. Tout homme lutte fatalement un jour avec l’ange. Mais comment identifier le moment de vérité ? » (Présentation de l’éditeur)

Dans 31, allées Damour : Raymond Guérin, 1905-1955, paru en 2004, Kauffmann retrace le parcours de cet « Écrivain inclassable, victime d’une des plus grandes erreurs littéraires de l’aprèsguerre, Raymond Guérin […] reste incompris par son obsession de tout dire […]. Prisonnier en Allemagne, sous-officier réfractaire, il rate le Goncourt en 1941. De cette captivité qui le brisa, il revint avec un livre d’une noirceur irrémédiable, Les Poulpes, chef-d’oeuvre de dérision écrit dans une langue dont on n’a pas encore mesuré la profonde originalité. » (Présentation de l’éditeur)

Tous les livres de Kauffmann ont une thématique commune : l’enfermement, la solitude, mais n’abordent jamais directement son expérience d’otage. Ce n’est qu’en 2007 dans La maison du retour qu’il évoque sa captivité. « Jean-Paul Kauffmann s’est réfugié dans les Landes et a fait de son exil un royaume... Quelques mois après sa délivrance, [il] a donc choisi une maison où s’enfermer, le plus souvent seul, dont il serait à la fois l’architecte, le gardien, le jardinier, l’oblat et le reclus conditionnel. Une prison à ciel ouvert. » (Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur, 15 février 2007)
Distingué amateur de vins, Kauffmann a publié plusieurs ouvrages sur les cépages bordelais : Voyage à Bordeaux (1989) ; Le Bordeaux retrouvé (1989) et La morale d’Yquem : entretiens avec Alexandre de Lur (1999) qui parle pour la première fois de l’histoire, de la morale et de la magie d’Yquem, domaine au sud de Bordeaux, qui produit le plus grand liquoreux du monde. Courlande (avril 2009), « Longtemps occupée par les Soviétiques, interdite d’accès jusqu’en 1991, cette contrée des confins bordée par la mer Baltique surgit aujourd’hui intacte avec ses ciels infinis, ses forêts, ses plages désertes et ses châteaux en ruine
détenus naguère par les barons baltes, descendants des chevaliers teutoniques. Poursuivant une très ancienne histoire d’amour, Jean-Paul Kauffmann a succombé à l’attraction de cet ailleurs, dernière écluse entre le monde slave et le monde germanique. Il s’agit aussi de retrouver la trace d’une jeune Courlandaise, d’un chercheur de tombes, d’un monarque français... Retrouver aussi un pays, autrefois une anomalie historique, aujourd’hui à la recherche de son âme. » (Présentation de l’éditeur)

« Jamais voyage n’avait été plus frustrant pour moi, constate [l’auteur]. Finalement, j’avais tout loupé. Mais, de ce fiasco, justement, va naître un livre superbe, dont chaque mot semble avoir été cueilli avec amour. Car il y aura un second voyage, dont l’auteur ne nous dit pas mot, mais qui nourrira le récit du premier. Cette alchimie s’appelle Littérature. » (Robert Solé, Le Monde des Livres, 24 avril 2009)

Bourse de la Découverte

- Philippe LANÇON, Les îles, J.-C. Lattès, août 2011

Philippe Lançon a 48 ans. Il est journaliste à Libération, chroniqueur et critique littéraire. En 2004, il a publié, sous le pseudonyme de Gabriel Lindero, un roman intitulé Je ne sais pas écrire et je suis un innocent.
« C’est l’histoire d’une femme élégante et éduquée de Hong Kong qui devient folle lors d’un voyage à Cuba. C’est l’histoire des raisons pour lesquelles elle y est allée. C’est l’histoire de l’effet de cette folie sur celui qui la raconte, l’imagine : ses souvenirs, ses amours, ses amis, ses rêveries. C’est l’histoire d’un homme dont le coeur est vissé à ces deux îles où rien n’aurait jamais dû le conduire, sinon l’obscur et capricieux désir de
vivre l’instant, de n’en plus sortir, de l’écrire et d’aimer. C’est l’histoire de gens qui vivent à Hong Kong, à Paris, à Cuba, en Inde. Ils sont seuls et voyagent parce qu’ils sont seuls. Ce sont des îles. » (présentation de l’éditeur)

« Si l’ensemble peut paraître un rien décousu et répétitif, Les îles valent justement pour l’âpreté de ces pages faussement inutiles (et plus théoriques qu’elles n’en ont l’air), où Lançon se révèle un remarquable styliste, capable de provoquer l’émotion là où on ne l’attend pas. Aux antipodes d’une littérature touristique, il brosse quelques magnifiques portraits, dignes du meilleur Emmanuel Carrère - lequel ne renierait pas cette phrase : Un écrivain, ce n’est qu’un homme qui rêve qu’il écrit d’un bout à l’autre de sa vie. Au sujet de celle des autres... » (Baptiste Liger, Lire, août 2011)

La folie ne m’intéresse pas et ne me fascine pas. Je n’ai ni assez de talent ni assez de liberté pour elle. Je manque de violence et d’angoisse pour l’imaginer. La solitude et les souffrances qu’elle engendre, quelles que soient les formes prises, me paraissent dépourvues de charme, de romantisme, de leçons, et même de mystère : chez la plupart de ceux qui le vivent, qui en parlent, qui la décrivent, et d’abord en moi. C’est une affaire misérable et sérieuse. Mieux vaut la laisser à des professionnels, qui ne guérissent de rien, et, peut-être, à quelques génies souffrants, des types jaillis sabre en
main d’une lampe à huile éclairant de vieilles oubliettes. Les autres, qu’ils profitent du château et qu’ils la ferment.

Coup de Coeur des Lycéens

- Hélène GESTERN, Eux sur la photo, Arléa, août 2011

Hélène Gestern a quarante ans. Elle vit et travaille à Nancy.
« Une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer. Hélène
cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Ses indices : deux noms et une photographie retrouvée dans des papiers de famille, qui montre une jeune femme heureuse et insouciante, entourée de deux hommes qu’Hélène ne connaît pas. Une réponse arrive : Stéphane, un scientifique vivant en Angleterre, a reconnu son père. Commence alors une longue correspondance, parsemée d’indices, d’abord ténus, puis plus troublants. Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps, dépouillant
leurs archives familiales, scrutant des photographies, cherchant dans leur mémoire. Peu à peu, les histoires se recoupent, se répondent, formant un récit différent de ce qu’on leur avait dit. Et leurs découvertes, inattendues, questionnent à leur tour le regard qu’ils portaient sur leur famille, leur enfance, leur propre vie. Avec Eux sur la photo, Hélène Gestern nous livre une magnifique réflexion sur le secret de famille et la mémoire particulière que fixe la photographie. Elle suggère que le dévoilement d’éléments inconnus, la résolution d’énigmes posées par le passé ne suffisent pas : ce qui compte c’est la manière dont nous les comprenons et dont nous
acceptons qu’ils modifient, ou pas, ce que nous sommes. » (présentation de l’éditeur)
« Ce premier roman est une réussite, la plume est délicate, l’histoire émouvante et l’on se laisse porter avec émotion par le côté épistolaire brillamment maîtrisé. Bref, une très jolie découverte ! » (La Croix, 13 octobre 2011)

Comme il est ironique de penser, en attendant, que la suite de nos recherches dépend des souvenirs improbables d’un homme au cerveau en partie mort et d’une vieille femme à la mémoire dévastée. Curieuse allégorie de ce présent que nous ressuscitons de ses ruines de papier, une photo après l’autre.

Prix de Composition Musicale

- Martin SMOLKA pour son oeuvre "Blue Bells or Bell Blues", 2011

Martin Smolka (né à Prague en 1959) étudie la composition à l’Académie de musique de sa ville natale puis prend des cours particuliers avec Marek Kopelent. En 1983, il cofonde Agon, un ensemble spécialisé dans la musique d’avant garde d’hier et d’aujourd’hui. Il en sera le directeur artistique et pianiste (piano préparé) jusqu’en 1998. En 1996, Smolka publie avec Petr Koron un livre et un CD intitulé « Grafické partitury a koncepty / Graphie Scores and Sketches » (Czech-English). Parallèlement à ses activités de composition, il se produit comme improvisateur de musique – pour the Vizita Theatre – de 83 à 86 et encore en 2002, pour Ivan Vyskocil’s Kuchyn (Kitchen) en 1988/89 et pour le studio théâtral Cisté radosti (Pure Joy) de 1994 à 2001.

Il arrange et joue dans le groupe mené par le chanteur chinois Feng-jun Song pour le CD Horska karavana (Mountain Caravan, 2001). Il compose également pour le théâtre et le cinéma. Smolka vit à Prague. Ses oeuvres sont principalement jouées en République Tchèque. A Prague, il reçoit en 2004 le Prix Alfréd Radok son opéra Nagano. Depuis l’automne 2003, Smolka enseigne la composition à l’Académie Janacek de Brno. Smolka a reçu des commandes de Festivals prestigieux tels que the Warsaw Autumn
Festival, the Donaueschinger Musiktage, Eclat Stuttgart, Wittener Tage fur neue Kammermusik, Musik-Biennale Berlin, musica viva Munich, Prague Spring Festival et Bang on a Can Marathon, New York.

Coup de coeur des Jeunes Musiciens

- Kaija SAARIAHO (1952) pour son oeuvre « D’Om le vrai sens », 2010

Née en 1952 en Finlande, Kaija Saariaho vit une enfance imprégnée de musique et joue de plusieurs instruments. Parallèlement à des études musicales, elle entame, à l’école des Beaux Arts d’Helsinki, un cursus qu’elle abandonne vite pour se consacrer ntièrement à la musique. À l’Académie Sibelius d’Helsinki, elle reçoit l’enseignement de composition de Paavo Heininen avant de suivre, à Darmstadt puis à Fribourg, les cours
de Brian Ferneyhough et Klaus Huber. Caractéristique de ses oeuvres des années 1980, son écriture sensuelle, descriptive et lyrique s’emploie à de subtiles transformations. Sa recherche en matière de timbres nouveaux aura stimulé son étude de nouvelles techniques instrumentales et de l’ordinateur auquel, depuis 1982, elle s’est initiée à l’Ircam. Cette pratique constitue
depuis un élément important de ses compositions.

Elle confirme sa notoriété internationale avec des oeuvres telles que Verblendungen pour orchestre et bande magnétique (1982-84), Lichtbogen pour formation chambriste et électronique (1985-86), Nymphéa (1987) commande du Lincoln Center pour le Quatuor Kronos.
À partir des années 1990, sa musique devient plus expressive, souvent plus rapide dans ses fluctuations mélodiques. Les éléments rythmiques deviennent plus forts en dépit de l’absence, toujours, de pulsations rythmiques régulières. Ce qui demeure central : le timbre et les couleurs. Ses oeuvres principales comprennent un concerto pour violon, Graal théâtre, écrit pour Gidon Kremer en 1995 ; deux oeuvres dédiées à Dawn Upshaw : Château de l’âme créé au Festival de Salzbourg en 1996 et Lonh un
cycle de mélodies pour soprano et électroacoustique créé au Festival Wien Modern en 1996 ; Oltra mar pour orchestre et choeur mixte, créé en 1999 par l’Orchestre Philharmonique de New York ; un concerto pour flûte, Aile du songe, composé pour Camilla Hoitenga (2001) ; Nymphea Reflexion pour orchestre à cordes, dédié à Christoph Eschenbach (2001) ; Orion pour l’Orchestre de Cleveland (2002) ; QuatreInstants, pour soprano, piano/orchestre, pour Karita Mattila, créé en avril 2003. Kaija Saariaho participe également à de nombreuses productions multimédias telles que le ballet Maa (1992) chorégraphié par Carolyn Carlson ou Prisma, cd-rom consacré à son oeuvre (Prix multimédia Charles Cros en 2000).

Son premier opéra, L’Amour de loin, livret d’Amin Maalouf et mise en scène de Peter Sellars, a remporté un vif succès lors de sa création au Festival de Salzbourg en 2000 et a été récompensé en 2003 par le Prix de composition Grawemeyer. Parmi les nombreux autres prix qu’elle a reçus, citons le Prix Italia, le Son second opéra, Adriana Mater, sur un livret original d’Amin Maalouf, entremêlant la réalité sombre du présent et le rêve, a suivi, également mis en scène par Peter Sellars, à l’Opéra Bastille en mars 2006. Il sera repris à Helsinki et à Santa Fe en 2008. Kaija Saariaho a aussi signé un vaste oratorio, La Passion de Simone, commande du Festival de Vienne, du Los Angeles Philharmonic, du Barbican et du Lincoln Center. Le texte de cette oeuvre a été écrit par Amin Maalouf autour de la vie et de la pensée de la philosophe Simone Weil. La création s’est faite en novembre 2006 à Vienne, puis à Londres, Helsinki, Stockholm, New York au Lincoln Center for the Performing Arts, ainsi qu’à Los Angeles.

En février 2007, fut donnée à Boston la première de Notes on Light pour violoncelle et orchestre, commande à l’occasion du 125ème anniversaire du Boston Symphonic Orchestra. Cette pièce a déjà été interprétée plus d’une dizaine de fois à travers le monde par Anssi Karttunen. La création mondiale de Mirage, pièce pour soprano, violoncelle et orchestre, écrite pour Karita Mattila et Anssi Karttunen, a eu lieu Salle Pleyel avec l’Orchestre de Paris dirigé par Christoph Eschenbach en Mars 2008. La pièce a été ensuite jouée à Londres, Berlin et au Carnegie Hall de New York. L’ensemble Les Jeunes Solistes a crée en Mai 2008 à l’Amphithéâtre de l’Opéra de Paris Bastille, Écho ! pour huit voix et électronique, commande conjointe de l’Opéra de Paris et des Jeunes Solistes.

Laterna Magica, pièce d’orchestre pour le Berliner Philharmoniker dirigé par Simon Rattle, a été créée en Septembre 2009 à Berlin puis à Lucerne. Son troisième opéra, Émilie, a été crée par Karita Mattila à l’Opéra de Lyon en Mars 2010, puis immédiatement après à l’Opéra d’Amsterdam, par Mattila puis par Karen Vourc’h. D’om le vrai sens, son concerto pour clarinette pour Kari Krikku, a été commmandé par le Finnish Radio Symphony Orchestra - qui a donné la première en September 2010 au Finlandia Hall, Helsinki, dirigé par Sakari Oramo -, et la BBC, Fundação Casa da Musica, le Swedish Radio Symphony Orchestra et Radio France.

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