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Choré, le nouveau spectacle de Jean-Christophe Maillot

Avec Choré, Jean-Christophe Maillot, Directeur Artistique des Ballets de Monte Carlo, quitte momentanément
l’univers des grands ballets narratifs pour se consacrer
à ces pièces courtes et abstraites qui caractérisent
tout autant son travail et sa réflexion. Composé en cinq
sections contrastées, Choré a pour toile de fond l’émergence
aux États-Unis des comédies musicales. Cette période,
que le chorégraphe fait apparaître moins lumineuse
que dans notre imagination, est ici le prétexte pour interroger
l’évolution de la danse et tenter d’échapper, c’est
une obsession chez lui, à la querelle des anciens et des
modernes. De quoi se nourrit la danse ? Jusqu’où peutelle
s’émanciper ? À quel moment réclame-t-elle sa part
de beauté, d’humour et de passé pour se sentir encore
de ce monde ? L’univers des comédies musicales offre de
précieux éléments de réponse et Jean-Christophe Maillot
y puise de nombreux ingrédients pour développer la sienne.
Évoquant les déhanchements des hommes primitifs ou
encore la danse de Saint Guy chez les fous, les premiers
instants de Choré nous rappellent que la danse obéit
avant tout à une pulsion. Jean-Christophe Maillot, s’interrogeant
sur la nature de celle-ci, se demande si à travers
elle nous exprimons notre désir de nous élever dans les
airs ou au contraire de mieux nous enraciner dans le sol
 ? Confronté à la gravitation, le danseur a le choix : lutter
contre cette force ou l’épouser - un dilemme qui a longtemps
servi, avec l’utilisation des pointes notamment, de
ligne de démarcation entre les anciens et les modernes.
Jean-Christophe Maillot transpose ce débat dans l’univers
des comédies musicales en comparant le style léger et
élégant de Fred Astaire au martellement rageur et terrestre
de Gene Kelly.

Prolongeant cette divergence originelle, les cinq sections
de Choré mettent en scène les grands antagonismes
qui agitent de manière récurrente le monde de la danse
mais avec lesquels Jean-Christophe Maillot prend plaisir
à jouer. Le rôle de la musique, le rapport à l’Histoire, les
liens avec le théâtre, le cinéma, la littérature, sont autant
d’arènes anciennes qu’il préfère réhabiliter en laboratoire
ouvert à toutes les expérimentations. Choré joue la carte
de la diversité mais n’est pas pour autant une tentative
de conciliation aveugle ou de gommage des différences.
Elle fait simplement le constat ironique que les contraintes
dont on cherche à se débarrasser sont celles que l’on
retrouve le plus surement sur son chemin. Repousser les
limites de l’art ne fait que rendre plus lisibles encore les
frontières auxquelles on croit échapper.

Les 25, 26, 27 avril à 20h30
Le 28 avril à 16h
Grimaldi Forum - Salle des Princes

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