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Vers un Musée National d’envergure internationale

Initié par le Prince Rainier III, le projet du Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) monopolise depuis 2003 l’Etat et les instances culturelles. L’enjeu est de taille : faire de la Principauté une nouvelle grande destination culturelle !

Dans son discours d’avènement, S.A.S le Prince Albert II avait confirmé que la création du Musée National serait inscrite aux grands travaux de son nouveau règne. Est-ce le brillant parcours du Forum Grimaldi qui depuis 2001, au travers de ses événements estivaux connaît une fréquentation exponentielle, qui aurait réveillé cette soif de reconnaissance culturelle amorcée par l’Opéra et Les Ballets de Monte-Carlo ? Il est vrai que l’exposition « Les Années Grace Kelly » sous le Commissariat de Frédéric Mitterrand y a pulvérisé en 2007 son record d’affluence (135 000 visiteurs) et fut accueillie encore en juin dernier en grandes pompes à Paris (elle est à présent à Moscou) ! Toujours est-il que ce projet ambitieux qui devrait conférer à la Principauté la grande institution qui lui fait défaut depuis la fermeture en 1958 du Musée des Beaux-Arts, est entré dans sa phase active en 2004.

Les Lutteuses 1907 -Huile sur toile 105.5 x 164 cm-Collection du Nouveau Musée National, n° 2006.12.2
Crédits photos : Marcel Loli

De Van Dongen à Rebecca Horn

Trois objectifs ont été définis :
- l’élaboration d’un projet culturel,
- la mise en place d’une politique d’acquisitions et ,
- l’organisation d’expositions de préfigurations.
Afin de coordonner ces différentes missions qui devraient permettre de voir poindre à l’horizon 2015 ce navire amiral aux ambitions internationales, Jean-Michel Bouhours a été nommé en 2003 conservateur du NMNM. (Un mandat qui s’est s’achevé pour lui à l’automne 2008). Dès sa prise de poste, l’ex-Conservateur du Centre Georges Pompidou à Paris, a du mettre en place une stratégie cohérente ! En héritant du fond de l’ancien Musée des Beaux-Arts, d’une collection de 4500 costumes des Ballets de Monte-Carlo et de prestigieuses pièces contemporaines (Picasso, Mathieu, Monory, Villeglé)

Weisser – körperfacher 1- 1972 -Photographie noir et blanc – tirage argentique (2000)-80 x 60 cm-Collection du Nouveau Musée National, n°2003.11.2
Crédits photo : Rebecca Horn

Jean-Michel Bouhours a dégagé un fil d’Ariane : les arts et le spectacle devraient servir d’axe thématique au futur Musée. Depuis 2004 il a également initié une importante politique d’acquisitions soutenue par les collectionneurs et les d’amateurs d’art résidant sur le rocher, qu’une telle annonce n’a pas laissé insensibles.
Les mises en dépôts d’œuvres contemporaines, les donations ont ainsi élargi un spectre reposant initialement sur l’Ecole néo-classique, les tableaux lumineux du XIXème, un fond de peintures néo-impressionnistes ainsi que celui des Ballets russes.

Jean Michel Bouhours Conservateur du NMNM de 2003 à oct 2008
©J-Ch-Dusanter

« Un ensemble unique d’œuvres « fauve » de Kees Van Dongen qui résida à Monaco (1949-68) s’en dégage aujourd’hui, qui devrait permettre de faire du NMNM le plus beau musée Von Dongen ayant jamais existé ». Une vingtaine d’œuvres ont été acquises dans ce sens dont 7 toiles comme les rarissimes Lutteuses de Tabarin. Les autres acquisitions réalisées grâce aux dotations de l’Etat (près de 3,5 millions d’euros de 2006 à 2008) ont servi à combler une lacune dans le registre contemporain. Le fond s’est ainsi enrichi d’œuvres d’Alberto Magnelli, Valerio Adami, d’Ange Leccia, de Rebecca Horn ou plus récemment de Gabriele Basilico.

Gabriele Basilico Monte-Carlo 052A12-137 2005-Photographie noir et blanc - épreuve aux sels d’argent-110 x 140 cm-Collection du Nouveau Musée National, n° 2005.20.1
Crédits photos : Gabriele Basilico

« Une politique d’acquisitions qui a permis de multiplier par 20 depuis 2004 la valeur de la collection » précise Jean-Michel Bouhours.

Un Musée Phare sur le Larvotto ?

Le flou n’étant pas, pour une fois, artistique la collection en attendant de trouver ses murs se présente au public à travers des expositions temporaires qui permettent 4 fois par an de dévoiler ses enrichissements, ses champs d’activité et de réflexion.
- Ainsi le dernier accrochage au Quai Saint Antoine donnait à découvrir cet été toute l’étendue du talent de Kess Van Dongen.
- Toujours dans le cadre de ses missions de préfiguration, le NMNM investira en 2009 la Villa Paloma, « 600 m2 sur 4 niveaux », la Villa Sauber continuant, elle, d’abriter de plus petites expositions comme « la Scène Moderne » qui dévoilait en 2007 les acquisitions faites depuis 3 ans.
- « Il s’agit de lieux transitoires, de marchepieds vers la phase d’édification du futur Musée ! », tient à souligner Jean-Michel Bouhours au moment où l’on planche encore sur le choix définitif de l’implantation du NMNM.

Opéra glacé n°7 (erotico Gustave Moreau) 1975- Huile sur Toile -195 x 388 cm Collection du Nouveau Musée National, n°2003.9.1
Crédits photo : Marcel Loli

« L’édifice requiert une surface de 12 000 m² pour abriter les espaces d’expositions et toute la logistique. Sur le Rocher, cela ne se décrète pas du jour au lendemain ! ». Début 2008 une commission a été mise en place afin de départager les sites pressentis avant de pouvoir lancer le concours d’architecte. La future extension du Larvotto sur la mer semble réunir aujourd’hui tout les suffrages. L’endroit s’avérant particulièrement propice à recevoir cet édifice ainsi qu’une grande bibliothèque comme cela a pu être évoqué, créant en bout de jetée le grand phare culturel dont rêve la Principauté !

©J-Ch-Dusanter

« Construire un Musée, c’est transmettre la plus haute idée de l’homme » disait Malraux, pas une mince affaire pour Monaco où l’on est pourtant rompu à l’art de poser les premières pierres. Et si l’on prend son temps, c’est que le challenge est d’importance y compris au niveau des retombées économiques : « Une grande métropole d’affaire se doit d’être aussi une grande métropole culturelle. La Principauté qui en a pris conscience s’apprête à franchir un nouveau cap, voire à redéfinir une identité qui s’est nourrie jusqu’ici de ses casinos et de son aura glamour ».
Un virage à négocier aussi délicat pour Monaco que ceux qui jalonnent son célèbre Grand Prix automobile ? Pour son conservateur tout l’enjeu est là : « la Principauté est aujourd’hui au pied du mur. Ce nouveau Musée, c’est l’étape décisive si elle souhaite rivaliser avec le Gotha des destinations culturelles que sont Barcelone, New-York ou Paris ! »

Plus d’informations sur le Musée et les expositions temporaires : www.nmnm.mc

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