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Menton : Le duo Diefenthal-Hamon sublime les Kramer !

La saison théâtrale de Menton reprend de plus belle en janvier à Menton. Pour "Kramer contre Kramer" c’est Frédéric Diefenthal, Gwendoline Hamon et Urbain Chancelier que vous retrouverez sur scène, pour une adaptation scénique du roman américain d’Avery Corman. Une date à noter dans vos agendas : le jeudi 26 janvier à 21h au théâtre Francis Palmero.

« Kramer contre Kramer » débute sur une intention. Celle de Joanna Kramer de quitter son mari Ted, le jour de l’anniversaire de son fils, lui laissant sur les bras Billy, six ans. Ted va devoir apprendre à concilier activités professionnelles et éducation de son enfant. Il se révèle même un excellent père célibataire, tandis que Billy se fait peu à peu à l’absence de sa mère et s’attache de plus en plus à Ted. Jusqu’au jour où Joanna vient réclamer son fils. S’engage alors une bataille juridique pour avoir la garde de Billy. Kramer contre Kramer est l’adaptation du roman américain d’Avery Corman, immortalisée par le film éponyme de Robert Benton sorti en 1979, avec Dustin Hoffman et Meryl Streep. Par ailleurs, Daniel Balavoine en aurait puisé l’inspiration pour « Son fils sa bataille »... Et si avec tout ceci vous n’avez pas encore pris vos billets, nous laissons la parole à son interprète qui transcende public et personnage, Gwendoline Hamon...

© Charlotte Schousboe

Gwendoline Hamon, un nom, un visage qui ne vous sont pas inconnus et pour cause ! Cette actrice française a écumé les planches mais aussi grand et petit écrans. Dans « Kramer contre Kramer », en tournée depuis maintenant deux mois et demi, la petite-fille de Jean Anouilh campe une femme désespérée, faible mais forte, en pleine dépression, incomprise de son mari. Discussions...

"Gwendoline Hamon comment êtes-vous arrivée sur le projet ?

Quand Didier Caron (ndlr : l’un de deux metteurs en scène avec Stéphane Boutet), nous l’a proposé, il ne devait pas la mettre en scène au début. On a trouvé les personnages tellement extraordinaires à jouer que l’on (ndlr : avec Frédéric Diefenthal) a accepté tout de suite. On a même participé avec eux à l’élaboration du projet, c’est-à-dire trouver un théâtre, coproduire le spectacle…

Vous incarnez Joanna Kramer, cette femme qui tente de tout plaquer, du moins mari et enfant… Une décision pourtant pas évidente, d’autant quand le rôle est tenu par son propre compagnon ! Parlez-moi du personnage ?

C’est surtout un personnage que j’ai aimé tout de suite ! Je n’ai pas du tout été réfractaire, en plus ça n’a rien à voir avec le film qui est beaucoup plus misogyne. Il s’agit d’une femme en dépression, qui communique de moins en moins avec son mari. Un mari qui ne l’entend pas, qui ne l’écoute pas, qui refuse qu’elle travaille, qui refuse de voir qu’elle a besoin de se réaliser autrement qu’en étant que « maman » et qui à moment la frustre tellement qu’elle perd les pédales, elle a des crises d’angoisse, elle ne sait plus qui elle est, elle se sent mal et tombe en dépression. Je n’ai pas vécu de dépression mais j’ai connu des gens, des proches autour de moi. Pour ceux qui en ont fait, c’est très particulier, on ne maîtrise plus, on se dit juste « je vais crever ». Cette femme croit qu’elle va devenir une mauvaise mère et pour ne pas faire de mal à son enfant elle part, pour se soigner, pour mieux revenir… C’est un couple comme tous les autres couples, ils s’aiment, et par manque de communication, d’écoute, finissent par s’éloigner. En plus dans les années 80, lui c’est le « chasseur », lui travaille, va aux matchs de foot, elle doit s’occuper des enfants, il la culpabilise dans son « rôle unique » de mère avec des phrases fortes comme : « Tu veux que notre enfant soit mal dans ses baskets ou déséquilibré puisque sa mère travaille ? »
Une culpabilité qui s’installe progressivement, en sept ans. Le film commence par cette femme qui part on ne comprend pas bien, dans la pièce on est reparti du roman, on comprend que ce couple s’est aimé par un flashback, jusqu’à ne plus se comprendre et que la seule issue soit pour elle de partir. Enormément de gens en sortant ont le film en mémoire, c’est différent ici.

Il est question de procès dans l’histoire, un couple se sépare, les enfants au milieu trinquent…

Oui on dit que les choses ont changé aujourd’hui, ça n’a pas tant changé que ça ! Oui un peu peut-être, mais les juges sont encore « pro-mamans », il est rare qu’un père obtienne la garde de l’enfant, souvent ce sont des gardes partagées. Mais si la mère veut la garde exclusive, elle gagne encore trop souvent. A mois qu’elle soit épouvantable et qu’elle ait fait des trucs horribles ! Dans la pièce, il apprend à être une mère, il ne savait rien, pas faire le petit-déjeuner, l’école, les devoirs, et se dit « J’ai failli passer à côté de ça » ! Finalement cet évènement, va leur permettre de se réaliser, elle de passer par-dessus les lois du mariage et de trouver un boulot, lui de connaître son enfant… Elle va gagner le procès et lui laisser l’enfant, c’est un peu tout ça pour ça ! Le message pour moi c’est : communiquez ! Même si vous avez peur, si vous avez l’impression qu’il n’y a pas d’issue, à un moment donné nous ne sommes pas stupides les hommes et les femmes. Les séparations c’est quoi ? C’est chacun reste sur ses positions et on n’évolue pas ! Et les dommages sont souvent les enfants…

© Charlotte Schousboe

C’est ce qui vous a séduit dans cette pièce, les relations homme-femme, qui évoluent mais finalement pas tant que ça ?

La vraie première chose c’est que ces personnages sont extraordinaires à jouer pour des acteurs, il y a une palette d’émotions à jouer peu habituelle. J’en suis ravie mais ça me met dans un état, ça me demande une telle énergie même un peu douloureuse. Je ne dis pas que je souffre mais je me mets dans cette énergie de souffrance pour incarner cette femme au bout du rouleau. C’est ce qu’il y a de plus génial à jouer, il y a une vérité touchante dans ces personnages.
Il y a une deuxième chose, depuis les représentations à Paris, on a remarqué que le public est essentiellement féminin, les femmes y amènent leurs hommes qui se demandent un peu ce qu’ils vont voir. Il y a des moments à hurler de rire, comme des passages touchants où beaucoup pleurent. C’est rare de pleurer au théâtre, ici tout le monde se reconnaît, c’est assez universel : on a tous été plus ou moins proche d’une séparation, où avec quelqu’un qui ne nous a pas compris !

On sent que la pièce vous habite, qu’elle vous prend aux tripes !

C’est très rare que je parle comme ça, oui il faut assurer la promo mais c’est tellement sincère ! C’est vraiment beau ! Ce n’est absolument pas plombant, on a tous un peu pleuré puisque finalement cela nous touche tous que l’on soit jeune, vieux, de la ville, de la campagne…

Et puis vous êtes un peu Niçoise, une partie de votre famille habite dans le coin, la représentation en sera d’autant plus touchante que vos proches seront dans la salle !

Sans tomber dans le pathos bien sûr mais je suis ravie de jouer face à mes grands-parents aujourd’hui âgés de 90 ans ! Mais tous les soirs, on donne le maximum, on ne joue pas mécaniquement, mon personnage demande trop de vérité, trop d’absolu, même si ça reste du théâtre. J’ai envie de tout lui donner, d’abord pour qu’on lui pardonne assez vite…"

Les Kramer, un couple comme tous les autres... ?
© Serge Kadoche

Nous vous en avions parlé :

http://www.artcotedazur.fr/menton-karmer-contre-kramer,4892.html

Réservations & Billetterie auprès du Palais de l’Europe : 04 92 41 76 95

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