Kim Boulukos au Palais Carnolès

L’exposition du Musée des Beaux-Arts de Menton présente dix ans
de travaux de Kim Boulukos (2001 – 2011). Ces dix années décisives
dans l’histoire et la carrière de l’artiste, symbole d’un choix
d’expression à travers la création plastique, témoignent déjà de
l’évolution et de la maturation de son langage.
Originaire de New York, Kim Boulukos y étudie, ainsi qu’à Washington
D.C. où elle obtient successivement un « Bachelor » en arts
plastiques, puis un doctorat en biologie. A la suite de ses études, elle
vit à Lille, à Paris, puis retourne à New York avant de s’installer à
Nice. Elle se consacre désormais à la sculpture après une carrière
en tant que Directrice de recherche en biologie moléculaire au
CNRS.

Nid de chien-oiseau, ht 250 cm

Nés de la discipline et de la rigueur à la fois scientifiques et
artistiques de leur créatrice, les animaux de Kim Boulukos existent
dans plusieurs dimensions. Par leur verticalité, ils appartiennent
étrangement au monde urbain de l’artiste. Leur essence tient
pourtant du monde animal.

Figés dans un mouvement qui viendrait de leur quotidien mais qui,
arrêté ici, devient immobilité tendue, comme en attente d’une
réponse ou d‘un appel, ils proposent au spectateur un décalage ou
un questionnement sur la transformation de leur identité. En effet,
les installations, par leur répétition, présentent un travail de stylisation
qui tend vers l’abstraction et garde de l’animal une image archétypale.
D’autres pièces, petits groupes plus intimes, transmettent une
émotion directe où se mêlent surprise, humour, fragilité et puissance.
Partagés entre les éléments de la terre et de l’air, ancrés au sol de
leurs pattes graciles, les animaux s’étirent vers l’atmosphère ;
sculptures de bronze, de métal ou d’argile, ils sortent du feu pour
entamer une existence terrestre en défiant les limites de l’équilibre.

Chien jouant, ht 390 cm

« Depuis quelques années, je crée
des sculptures d’animaux en aluminium,
en bronze, en acier, en résine et fibre de
verre, ou en terre cuite. Mon souhait est
que mes animaux transmettent une
émotion forte où se mèlent les sentiments
d’ébahissement et de fragilité,
d’appréhension en même temps que de
respect, d’inquiétude mais aussi d’attirance
et d’admiration ».
L’oeuvre de Kim Boulukos s’intègre
parfaitement dans le cycle d’exposition
initié début 2011 au Palais Carnolès,
autour de la sculpture et des arts du feu.
« Ces mammifères herbivores ont la
légèreté des essences méditerranéennes
et l’élan vertical des gratte-ciel
de Manhattan. On devine ces biches et
antilopes curieuses. Elles nous observent
du coin de l’oeil, nous invitent à les
contempler mais en gardant de la réserve,
voire de la retenue. Il y a quelque
chose « d’aristocratique » chez ces animaux
au sens de la noblesse du port, de
la distinction du regard. Il semblent irréels,
éthérés diraient les poètes. Groupés,
ils dégagent de l’harmonie et une
sérénité que l’on rencontre rarement ».

Jean Gagnepain, Directeur du Musée de
préhistoire des Gorges du Verdon à
Quinson.