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FRIC FIAC : La crise ! Quelle crise ?

Il est quinze heures, et une cohorte de passionnés, de curieux, poireaute le nez au vent au bas des marches du Grand Palais. La Foire Internationale d’Art Contemporain (Fiac) vient à peine d’ouvrir ses portes.

De gauche à droite : Yvon Lambert, Aurélie Filippetti (malicieuse) et Jennifer Flay (directrice de la Fiac). Photo Yves Géant

Les pass VIP et Presse (avec coupe-file obligé) ainsi que le carton de vernissage (ce qui ne vous empêche pas de faire le pied de grue) délivré au compte-goutte permettront aux veinards d’éviter tout naturellement les 35 € du prix d’entrée. Dès 19h, ce flot de passionnés et de curieux bravant un crachin félon (c’est du direct chers lecteurs) se métamorphosera en une marée humaine serpentant jusqu’aux abords de la station de métro Champs-Élysées Clemenceau.
En haut lieu de la sphère artistico-financière internationale, tout le monde en convient : il faut en être. La Fiac est redevenue glamour, chic, mais hélas pas choc au vue des œuvres piochées principalement dans les valeurs sûres. Crise oblige paraît-il.

Fiac 2012 Escalier d’honneur (Nef du Grand Palais)

Des chiffres et des stars
On piaffait d’admiration, et à juste titre, devant la sublime scénographie du solo show Alfred Manessier chez Applicat-Prazan. On s’extasiait, et là pas toujours à juste titre, sur les stands de Karsten Greve, Jérôme de Noirmont, Thaddaeus Ropac, Emmanuel Perrotin ou encore Kammel Mennour tablant pour la plupart sur des stars telles que Cy Tombly, Jannis Kounellis, Georg Baselitz, Tony Gragg, Jules Balincourt, Anthony Gormley, Claude Levêque, François Morellet, Wim Delvoye, Sophie Calle, Jean-Michel Othoniel, Xavier Veilhan…n’en jetez plus ! De quoi nous annoncer une rupture de stock de carnets de chèques chez nos "pauvres" collectionneurs encore tous époustouflés par la variété chiffrée de ces artistes "bankables".
Qu’on le veuille ou non, le but ultime d’une foire, est de vendre, même si le spectre de la crise agite ses oripeaux aux nez et aux barbes de tous nos hauts fonctionnaires. Tout à son entregent, la Fiac reste avant tout un marché. On négocie, on investit, on spécule à coups de milliers ou de millions d’euros. Quatre jours non stop où l’artiste devient un pur produit, une valeur marchande soumise à une météo financière souvent capricieuse en matière d’art. La crise s’évalue dans ce domaine-là au nombre de ventes dépassant le million d’euros. De quoi faire pleurer Margot dans les chaumières. Heureux que notre gouvernement de têtes à "couacs", champion de la communication aléatoire, soit revenu sur sa décision de taxer les œuvres de plus de 50 000€. Là, c’était sueurs froides garanties et exil en Belgique de tout ce que peut encore compter notre pays d’ "exception culturelle".

Tsé tsé...Pas de ça ici les mouches !
Photo Eloïse Lang

Un amour de mouches
Certes, il y a les valeurs sûres. Il y a aussi l’art dit "émergent dont la sélection de la Fiac plane "seulement" au-dessus du grand escalier menant au Salon d’Honneur. Un mélange de concept pur, de vide intersidéral et d’une grosse pelletée de trois fois rien. Autant dire que ma première impression, plus ou moins prononcée suivant les stands, oscillait entre stupéfaction, soupirs en boucle et grands éclats de rires devant cet étalage de discours masturbatoires post duchampien. Le pompon revenant à cet "enculage de mouches" à 18 700 € (c’est mon GérArt d’or à moi chère Eloïse Lang, voir son lien en post-scriptum) mis sous cloche par l’artiste thaïlandais Pratchaya Pinthong. Attention, il ne s’agit pas de n’importe quel mouche ! Il s’agit de mouches tsé-tsé mâles, responsables de grandes épidémies en Afrique, qu’il stérilise en Europe pour les réintroduire dans leur pays d’origine. Ce monsieur finance également un programme de mise en place de pièges à mouches tsé-tsé. Donc crétin que je suis, je n’ai pas compris qu’il y avait là une œuvre sociale et salutaire ! Et qu’il serait criminel d’accuser le gogo bourgeois en manque de snobisme de s’être fait soigneusement et délicatement empapaouter en se faisant l’acquéreur d’un tel acte de civisme désintéressé n’est-ce pas ! Qui sait notre belle ministre de la culture (plus proche des artistes que l’on ne croît) aurait bien été embêtée de me dire ce qu’elle pense de cet enfilage tsé-tsé qui visiblement fait mouche au regard de l’expression souvent dubitative du visiteur lambda…surtout quand il vous manque le décodeur. Bon passons aux choses sérieuses, peut-être n’est-il pas trop tard pour aller voir l’exposition Edward Hopper, c’est à deux pas de la nef du Grand Palais !

A voir les GérArt de la Fiac 2012, palmarès poilant du blog d’Eloïse Lang
http://elolang.tumblr.com/post/3411...
Et comme le souligne Nicole Esterolle www.schtroumpf-emergent.com
bizarrement aucune de ses inepties n’a été achetée par le Ministère de la Culture qui, chaque année lâche pour 800 000 euros d’emplettes à la Fiac.

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