| Retour

"Chatila, des femmes et des enfants..." en présence de Denys Piningre le réalisateur

Ce Mercredi 20 Avril à 20h, La MJC Picaud organise une projection/débat autour du documentaire « Chatila, les femmes et les enfants… » de Denys Piningre. Le Débat sera animé par Le réalisateur.

Chatila, les femmes et les enfants… Un film documentaire de 55 minutes de Denys Piningre

CHATILA, 2008/2010

Le camp de Chatila a été construit à la limite de Beyrouth, au Liban, lorsque, à la création de l’État d’Israël en 1948 (l’année de la « Nakba »), 900.000 Palestiniens ont du fuir leur pays et se réfugier à l’étranger.
Aux premiers temps du camp, ce sont des tentes et des constructions de fortune à base de matériaux récupérés qui ont abrité les 3.000 Palestiniens qui débarquaient là. Aujourd’hui, dans le même périmètre, ils sont 13.000, entassés dans des immeubles dont la hauteur augmente chaque année. Leurs conditions de vie sont misérables, le peu d’aide qu’ils reçoivent provient des mouvements politiques Palestiniens, mais aussi du Haut Commissariat aux Réfugiés -agence de l’ONU- et d’ONG étrangères.

Ces aides suffisent à peine pour permettre la survie. Le gouvernement du Liban interdit aux réfugiés l’accès à de nombreux métiers, tels qu’avocat, médecin, ingénieur, enseignant, cadres de toutes professions… ce qui cantonne les habitants de Chatila à exercer souvent au noir les petits métiers les plus mal payés.
Chatila a été la cible en 1982 d’une attaque en règle d’une violence inouïe des Phalangistes Libanais, perpétrée sous l’œil bienveillant et avec la complicité de l’armée israélienne commandée par Ariel Sharon. Cette horreur a été connue dans le monde entier, sous le nom choisi avec exactitude de « Massacre de Sabra et Chatila ». Entre 1500 et 2000 morts tués au couteau, à la hache…

Aujourd’hui et sans relâche depuis 62 ans que l’exil a commencé, les Palestiniens des camps n’ont qu’un seul mot d’ordre : le retour ou le retour…
Le film « Chatila, les femmes et les enfants… » s’inscrit dans ce contexte, l’histoire du camp, les conditions de vie des réfugiés. Il est centré sur plusieurs personnages qui se sont investis depuis des années dans la lutte contre le silence, contre la perte de la culture et des traditions palestiniennes.
Il a été tourné dans le « Children & Youth Center », lieu éducatif sis au centre de Chatila, où sont enseignées principalement les matières de base (arabe, anglais, calcul, lecture, écriture) mais aussi tout ce qui constitue l’identité palestinienne, histoire, littérature et musique, traditions et luttes.
Puis l’une des fondatrices de l’association de femmes « Najdeh », qui œuvre dans le même sens mais avec une autre catégorie de la population, nous introduit dans ses locaux où l’on forme des femmes à différents métiers qu’elles pourront ensuite perfectionner par des stages pratiques : secrétariat, coiffure, artisanat, couture et broderie, qu’elle pourront ensuite exercer pour gagner un peu d’argent.
Plusieurs témoignages forts complètent ce tableau d’une population qui vit dans l’espoir du retour et de la création d’un nouvel État où Palestiniens et Israéliens pourront cohabiter dans la paix.

Denys Piningre – 2010

Entretien paru dans POLITIS
« Un outil de débats »
Denys Piningre (avec Pierre Guiard-Schmid) à réalisé « Africascop », un beau film sur l’économie solidaire au
Burkina-Faso.

Pourquoi ce documentaire sur les coopératives africaines ?

Denys Piningre : Pierre Guiard-Schmid, qui travaille depuis plus de dix ans avec des coopératives d’Afrique
subsaharienne, voulait faire un film pour que l’on sache, en France, comment cela se passe là-bas. C’est aussi un
témoignage de son action. Nous montrons le travail de ces coopératives et leurs réussites, ces activités étant des
alternatives économiques qui ont du succès malgré leur extrême fragilité. À bientôt 70 ans, Pierre va sans doute
arrêter son action de promotion des échanges entre coopératives, d’autant que les financements pour ses
missions ne sont pas assurés pour la suite. Mais il voudrait bien qu’il reste quelque chose de ces échanges sur
l’esprit coopératif, de ces rencontres culturelles et techniques. Quand les gens d’un garage coopératif à
Ouagadougou rencontrent leurs homologues à Paris, ils voient comment marche une gestion carrée,
informatisée, la réparation des voitures avec des notices précises, et ils apportent aux Français autre chose,
comme leur capacité à faire du semi-neuf avec du très vieux.
Au Burkina, il existe 65 coopératives qui comptent entre 40 et 200 personnes. Pierre a accompagné ce
développement, il est un interlocuteur, comme il est l’un des artisans de la création de l’Union des coopératives
industrielles et artisanales du Burkina-Faso (Uciab). Il voulait que je filme les 65 coopératives et j’aurais préféré
m’en tenir à une, pour faire un travail plus approfondi, en partant du particulier pour arriver à l’universel. Nous
nous sommes finalement mis d’accord sur trois, ce qui permet de montrer des coopératives de services comme
de production.
« La solidarité génère une économie », explique un coopérateur africain…
Les habitudes de solidarité existent là-bas comme ailleurs : dans un village auvergnat, ou à Paris. Là-bas, ce
sont des traditions bien ancrées, notamment chez les femmes. Pour les grands événements de la vie, les femmes
du village apportent leur soutien pour préparer à manger, chanter ou garder les enfants. Elles se sont organisées
et ont adopté des principes de fonctionnement simples mais forts : ainsi, les décisions sont prises sur le mode
« un homme, une voix » et les revenus, quand il commence à y en avoir, sont partagés équitablement.
Ces principes de base sont ceux des coopératives – mais ce mot vient plutôt d’ici. Et si cette solidarité génère de
l’économie, cette économie à son tour génère de la solidarité, car il y a un intérêt vital à ce que l’activité
continue. À l’intersaison, dans une coopérative agricole, les femmes peuvent ainsi recevoir un budget pour se
lancer dans le commerce. De plus, comme il n’y a pas de sécurité sociale organisée, certaines coopératives
prennent en charge une partie des frais médicaux. Elles achètent aussi de la nourriture en gros. Et, au-delà de la
création d’emplois, leur rôle social est important en termes de formation, de socialisation des femmes, parfois
d’éducation à la santé, de planning familial, etc. C’est assez enthousiasmant. Et quand nous projetons le film,
les réactions sont souvent positives. Des personnes nous disent avoir appris des choses, découvert l’Afrique, etc.

Comment comptez-vous diffuser ce film ?

Nous le proposons aux salles de cinéma associatives et municipales, ou en projection dans les réseaux comme
Attac, les Amis de la Terre ou Léo-Lagrange. Ce film permet d’ouvrir des débats sur l’Afrique subsaharienne, la
dette, les institutions financières internationales – car c’est une économie de survie –, le développement durable,
l’économie solidaire, etc. Outre les projections, nous louons ou vendons des cassettes. C’est d’abord un film,
mais c’est aussi un outil pédagogique.

Et pour la production ?

Le film a coûté environ 45 000 euros. Il est pour l’instant payé à 60 % grâce à plusieurs financements : une
chaîne du câble, qui nous a donné accès à des aides du Centre national de la cinématographie, l’ex-secrétariat
d’État à l’Économie solidaire, des associations comme Escoop, des coopératives, et deux Unions régionales des
scop. Le ministère burkinabé de l’Agriculture nous a prêté une voiture et l’Uciab a mis à disposition son salarié
permanent et un peu de logistique. Nous avons aussi proposé ce film aux télévisions nationales, pour compléter
la production et si possible faire profiter l’Uciab de cette manne.
L’Uciab, qui connaît des difficultés…
En effet. Il lui faut 10 000 euros par an pour continuer, avec ses petits moyens, à faire de l’information, de la
formation, à mutualiser les relations avec le monde extérieur, organiser ventes et échanges, etc. Or le
financement actuel, français notamment, s’arrête en fin d’année. Nous espérons donc, grâce au film, tisser des
liens de solidarité financière avec cet outil au service des 65 coopératives.
Propos recueillis par Dante Sanjurjo
Africascop, Histoires d’économie solidaire, 52’.
Rens. : 06 75 60 86 88 ou [email protected]

MJC Picaud

23 av Dr Picaud – 06400 Cannes

Tél : 04 93 06 29 90 – Fax : 04 93 99 27 85

pub