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Vortex : rêves mécaniques !

A un jet de pierre des palaces de la Croisette, dans un atelier-hangar au fond d’une impasse comme sorti d’un roman de John Fante, Vortex fait renaître depuis plus de dix ans les vieilles gloires de l’asphalte et prépare celles de demain …

C’est dans cette ancienne manufacture de sabotier (300 m2, 9 mètres sous plafond), que motos et voitures vintage, toutes ces machines qui vous mènent comme chantait B.B « au paradis dans un train d’enfer », viennent se refaire une santé ou s’offrir un lifting. Vortex, une drôle de clinique où la matière grise et les mains maculées de graisse font « bon ménage » pour redonner un sang neuf à des chevaux vapeur fatigués.

© JCh-Dusanter

Mais avant de se convertir dans la préparation et restauration de bolides millésimés, Claude Chabiron, natif d’Orange décroche son diplôme d’ingénieur aéronautique à Paris.

La vitesse grand V : un virus transmis par un père pilote de chasse. Mais comment passe-t-on de l’éther à l’asphalte, de l’état gazeux à celui solide ? Entre ciel et terre Claude hésite d’abord : « je dessinais déjà à l’Institut Polytechnique de sciences appliquées des quatre roues. En fin d études, j’ai même créé un prototype de Drone lors d’un stage chez Eurocopter ». Mais l’appel de la route l’emporte, et l’ingénieur finit par s’offrir une spécialisation de 3ème cycle chez Franco Sbarro, le maëstro suisse de la chirurgie esthétique automobile.

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Et puis avec un autre complice, Stéphane Martin, il ouvre le 1er avril 1997 : Vortex ! Tuning, pas vraiment le genre de la maison ! Ici on préfère concentrer son talent sur la préparation et la customisation de motos ou la restauration de MGB, Morgan, Corvette, Aston Martin, Jaguar type E, tous ces top-modèles au galbe souverain qui n’ont pas fini de nous faire rêver…

En 4 ème vitesse…

- La spécialité maison : « Tout ce qui roule, dans la mesure où le projet m’interpelle quelque part ! ».

© JCh-Dusanter

Aussi « débrider » les japonaises ou cuisiner l’Harley Davidson à la sauce grand veneur, c’est le plat du jour de Claude dont les yeux s’allument comme des phares de Pontiac lorsqu’il s’agit de relever un défi ! Pour l’anecdote la fameuse Blue Steel 1600 CC offerte par Laëtitia à Johnny Hallyday pour son anniversaire, c’est lui : « 853 heures de main d’œuvre, un mois et demi de travail non stop, pour être à l’heure. Nous avons même créé une teinte mêlant la couleur des yeux de Johnny et de ceux de sa fille ». Voilà le genre de pari que l’on aime prendre chez Vortex qu’il s’agisse d’Harley, de Norton, Triumph, ou roadster radicaux relookés de A à Z.

© JCh-Dusanter
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Claude qui pilote lui-même une Volvo P 1800 S de 1969 -le célèbre coupé immaculé de Simon Templar (le Saint)- n’a pas son pareil pour refaire une virginité à ces vieilles gloires de l’asphalte. Sur le « pont billard » on opère aujourd’hui un break en bois de 1934, une Renault VivaStella dans son jus d’origine. Claude évolue désormais en solo aidé d’un jeune apprenti, afin de donner corps à ses rêves mécaniques comme à ceux de tous les collectionneurs ou fans de customisation qui viennent parfois de très loin avec leur précieux butin. Et le protocole est toujours le même : « on passe d’abord par une préfiguration de l’engin en 3D avant d’entamer le gros œuvre. La seule limite, c’est l’argent ! Ce n’est qu’après un brainstorming avec le client que j’assure le suivi du modèle, de la création (design, ergonomie) à sa conception (mise en plan, calcul de structure, choix des matières et processus de mise en œuvre) jusqu’à la mise en production ». Une étape qui contraint parfois notre ingénieur à refaçonner lui même certaines pièces ou outils obsolètes, voire quand un morceau du puzzle s’avère introuvable, à le faire usiner.

…et en 3D !

© JCh-Dusanter

Pas très développement durable tout çela me direz-vous ! Et pourtant c’est au cœur de ce pandémonium où trônent d’emblématique oriflammes de l’énergie fossile, comme cette vieille enseigne au néon MOTUL, que pourrait bien surgir la voiture écologique de demain ! Claude qui joue les Léonard de Vinci en créant par ailleurs d’incroyables engins de glisse, des nacelles, s’est fait la main à plusieurs reprises sur des races hybrides de véhicules comme en témoigne ce squelette de prototype accroché aux murs telle une araignée.

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Mais cette fois il pense tenir la perle rare via un superbe « coupé sport » au design futuriste dont la maquette en 3D a été réalisée avec le concours de deux élèves stagiaires en formation Conception Numérique du Lycée Technique Hutinel de Cannes la Bocca. « Le châssis de ce cabriolet en alliage carbone chargé d’une mixture composite inédite est étudié pour abriter une propulsion électrique. Cerise sur le gâteau : en acceptant une production low cost, sans besoins techniques onéreux ni main d’œuvre spécialisée, il peut être fabriqué en série pour un coût défiant toute concurrence ». Le secret de ce « Graal de la voiture électrique » lui est venu en planchant sur un roadster commandé par un fabricant de matériaux High Tech travaillant pour Alstom. Pour l’architecture des essieux Claude avoue s’être inspiré d’un concept avant-gardiste de train-avant conçu dans les années 60 par un équipementier d’avionneurs. « J’ai pris déjà des contacts et je cherche des investisseurs afin de réaliser ce véhicule nouvelle génération et cela quel que soit le nombre de roues ! » rajoute-t-il en riant. Car pour cet ingénieur inspiré et visionnaire qui a fait sienne la devise de René Char concevoir en stratège et agir en primitif, la plus belle des récompenses est toujours au bout de la route !

© JCh-Dusanter

Plus d’information

- Vortex, 12 rue Florian 06400 Cannes Tel : 04 93 99 63 00
- http://claude.chabiron.free.fr/
- http://vortex.custom.free.fr/

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