| Retour

Une conservatrice un brin rebelle

Virginie Journiac
34 ans
Responsable des musées de Cagnes sur mer, médiéviste "administrative"

Malgré un visage juvénile et une voix douce, Virginie Journiac a du caractère ;
Peut-être tient-elle sa patience et sa ténacité de son père, originaire du rude Cantal, devenu plus tard un Auvergnat de Paris - ville où elle naquit en 1973. Virginie Journiac Responsable des Musées de Cagnes sur Mer Même si elle sut se démarquer très tôt des traditions familiales, au point de choisir l’art plutôt que l’enseignement, et la Corse plutôt que l’Auvergne comme lieu de sa première affectation.
Rebelle à sa façon, en douceur, elle voulut d’abord être journaliste - sauf que, sur le chemin de l’inscription en école de journalisme, elle trouve sa vraie voie en lisant une annonce pour l’institut d’art et d’archéologie de la Sorbonne.
- "J’ai su en un éclair que c’était l’histoire de l’art qui m’intéressait vraiment".
Aussitôt dit, aussitôt fait, elle s’inscrit, et la voila partie pour cinq années d’études, un DEA couronné par un mémoire de maîtrise sur l’iconographie de la Vierge en majesté, et en double cursus, le cycle de muséologie de l’Ecole du Louvre.

Diplôme en poche, elle passe le concours d’Attaché de Conservation du Patrimoine


1200 candidats pour 6 postes en inventaire du patrimoine, sa spécialité - dont elle est lauréate en 1998.
Cerveau brillant, Virginie Journiac a beaucoup aimé cette période : "les six meilleures années de ma vie, qui m’ont ouvert l’esprit".
Peut-être un peu trop brillante aux yeux de certains, Virginie Journiac a connu quelques difficultés à ses débuts dans le monde du travail : "pour mon premier poste au musée Fesch d’Ajaccio, l’unique musée des Beaux-Arts corse - un poste que j’avais voulu et attendu plus d’un an - je me suis mal entendue avec le conservateur dont j’étais sensée être l’adjointe … Peut-être étais-je trop jeune à ses yeux ?"
Son "amour de la Corse", région qu’elle connaît pour y aller en vacances depuis l’enfance et où elle avait toujours rêvé de travailler, n’en est pas sorti indemne. Après sept ans passées dans l’Ile de Beauté, elle saisit la première occasion qui lui est offerte de partir : ce sera Cagnes sur mer, où elle arrive fin 2006, "mieux armée pour affronter la vie".
Et là, tout se passe à merveille. Elle débarque dans un château médiéval - le château Grimaldi du haut de Cagnes est un ancien fortin moyenâgeux transformé au 17ème siècle - elle, la médiéviste, fascinée depuis l’enfance par cette période mystique, spirituelle, où se fonde la civilisation chrétienne.
Le rêve pour une jeune femme admirative des romans courtois, de la quête du Graal et la "matière de Bretagne" (cycle arthurien).

Virginie devant une photographie de l’expo de Suzy Solidor

Dans ses attributions, elle doit également gérer la maison Renoir des Collettes, qui possède 11 tableaux originaux du Maître : un Renoir de la dernière période, quand il dépasse l’Impressionnisme, comme en témoigne le tableau célèbre des "Grandes baigneuses" du salon.
Devenue "administrative" par la force des choses (80% du travail !), elle n’en reste pas moins "rebelle" à sa manière, inventant des vernissages qui sortent du commun et du convenu : récemment, l’hommage à Suzy Solidor s’est fait en musique, chants, danses et invités costumés !

2008, l’année Renoir

Pour fêter le centenaire de l’installation d’Auguste Renoir au domaine des Collettes en 1908 - période capitale de sa vie où il est déjà en fauteuil roulant mais où son génie se révèle - Virginie Journiac a préparé un programme de manifestations dont voici le sommaire :

- Un téléfilm sera tourné aux Collettes, diffusé en mars avril, sur les chaînes publiques, avec l’arrière- petit-fils de Renoir
et Jean-Charles Tacchela
- Un déjeuner sur l’herbe en mai (avec concert (ouvert au public)
- Une grande exposition Renoir en juillet-août, dans la maison des Collettes, avec prêts de musées (du Gard), archives, lettres, souvenirs, nombreux tableaux…
- La biennale, octobre-novembre : "la femme comme inspiratrice et modèle", avec comme artistes Youn, Champollion et Tobiasse
- Un cycle de conférence en octobre-novembre, où des médecins rhumatologues parleront de la maladie de Renoir, et de son influence sur son art …
- Une conférence sur "Renoir et la musique" (il fut élève de Charles Gounod)
- Sans oublier des prêts d’œuvres à des musées : le Japon par exemple prépare actuellement une grande rétrospective Renoir

pub