| Retour

La Patum : Fête et Tradition catalane à Berga

Dimanche 2 juin. Me voici à Berga, charmante bourgade catalane située à une centaine de kilomètres de Barcelone. Le centre-ville d’allure médiévale résonne aux sons des tambours et de la clameur du public. Un public conquis composé de locaux et de touristes venus des quatre coins du pays…et d’Europe. La Patum, manifestation populaire ancrée dans la mémoire catalane depuis la fin du 14ème siècle, vient d’ouvrir les festivités.

Cinq jours durant, la Patum a pris possession des rues de la ville. Tout commence le dimanche de l’Ascension, suite à une réunion du conseil municipal ayant décidé que cette fête traditionnelle et populaire, vieille de six cents ans, aurait bien lieu. Les musiciens installés sur la Grande Place entonnent dans la foulée la danse de l’Aliga (l’Aigle), une partition remontant au 16ème siècle et dont l’influence serait issue des chants grégoriens. Elle est souvent considérée comme l’une des meilleures compositions de la musique traditionnelle catalane. Vient ensuite le roulement du Tabal (Tambour) : le Pa-Tum, sonorité qui donna, paraît-il, son nom à la fête. De là, sonnent les douze coups de midi auxquels tout berguédan est attentif pour commencer à festoyer. La participation de la population est sans égale pour contribuer à la perpétuation de ce patrimoine culturel où la théâtralité se mêle aux anciennes représentations païennes à caractère rural. La foule est dense, compacte, enthousiaste, rythmant les danses avec ferveur dans un folklore bigarré où le rouge et le jaune dominent (couleurs de la Catalogne). Néanmoins il faut attendre le jeudi et le dimanche pour atteindre le cœur des festivités. Une ambiance tout feu tout flamme (l’image n’est guère déplacée) dans laquelle une panoplie de personnages carnavalesques assure l’historique et la mythologie de cette tradition populaire.
Il y a d’abord la lutte séculaire entre les Turcs et les Chevaliers (Els Turcs i Cavallets), étonnante pantomime manichéenne au même titre que celle des Maces (Clans) où la lutte éternelle entre le Bien et la Mal est symbolisée à travers une escarmouche sautillante d’anges et de démons. Une dualité que l’on retrouve en quelque sorte avec les Guites, espèces de dragons bons enfants poursuivant avec obstination les spectateurs regroupés sur place. On peut certes parler de tradition, de cadre naturel, d’imagerie populaire, de trésor sociologique et culturel, mais tout part de l’effervescence du public, dansant, chantant, buvant la « barrejar » (mélange d’anis et de muscat) avec bonheur alors que défilent les nains vieux (Els Nans Vells), les nouveaux nains (Els Nans Nous) ou encore les Géants (Els Gegants). Mais pour tout berguédan qui se respecte, le point culminant de la Patum ne peut être lié sans l’apparition de femmes et d’hommes transformés en feux de Bengale au moment où la place principale est plongée dans le noir alors que les musiciens lancent une mélodie pour le moins envoûtante. Cinq petites minutes d’apothéose et de magie où le cœur de Berga se métamorphose en véritable boule de feu.

Pour les amateurs de parapente au coeur de Berga, voici un site à explorer : www.volem.net et une adresse mail à conserver [email protected]

Artiste(s)