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Paris : Expo "Degas et le nu" au Musée d’Orsay

« Degas et le nu » participe de l’ambition du musée d’Orsay de donner à voir l’avancée des connaissances sur les grands maîtres de la peinture de la deuxième moitié du XIXe siècle, après les hommages rendus à Claude Monet et Édouard Manet en 2010 et 2011.

Le Musée d’Orsay sera hôte jusqu’au 13 juillet de la première grande exposition monographique consacrée à Edgar Degas (1834-1917), à Paris depuis la rétrospective présentée en 1988 aux Galeries nationales du Grand Palais.

Alors que certains thèmes récurrents de l’oeuvre de Degas, ont été abondamment explorés et présentés, comme la danse, les courses de chevaux, les scènes de genre ou encore les portraits, le nu, qui y tient pourtant une place tout aussi importante, n’a pas fait l’objet de l’attention qu’il mérite. La représentation
de corps nus est en effet une constante tout au long de la carrière de Degas qui revient inlassablement sur certains motifs, n’hésitant pas à reprendre certaines poses à plusieurs décennies d’intervalle. Les nus de Degas témoignent dès lors plus que tout autre genre de ses évolutions à la fois techniques et
plastiques et offrent à eux seuls une véritable rétrospective permettant de comprendre pourquoi Degas est un artiste aussi important pour l’histoire des avant-gardes au XIXe siècle. Avec son travail sur le nu, Degas fait la synthèse de l’enseignement classique qu’il a reçu et de l’art des grands maîtres du passé
qu’il a admiré et copié tout en élaborant des formules plastiques en conformité avec son époque, du naturalisme des années 1870-1880 à ses recherches sur le mouvement et la radicalité formelle de la fin de sa carrière. Reliant la tradition en vigueur au XIXe siècle, aux avant-gardes du début du XXe siècle, il est admiré par Bonnard, Matisse et Picasso à leurs débuts.

L’exposition propose un parcours chronologique en sept sections mettant en valeur les ruptures et les continuités au cours de près de 50 ans d’activité artistique : sa formation est d’abord évoquée par des études d’après l’Antique, les grands maîtres et le modèle vivant jusqu’à sa première composition historique, Petites filles spartiates provoquant des garçons, exceptionnellement prêté par la National Gallery de Londres. Scènes de guerre au Moyen Âge, sa dernière tentative académique en 1865, accompagné d’un ensemble complet de dessins préparatoires rarement exposés montrera ensuite l’émancipation progressive de Degas à l’égard de la tradition et qui le mène au réalisme incarné par le très célèbre Intérieur dit aussi Le Viol du Phildelphia Museum of Art. La rupture définitive avec l’idéalisation des formes passe après par la série des monotypes de maisons closes dont le caractère pornographique les a rendus immontrables pendant de longues années.

© Musée d’Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt

Degas s’intéresse progressivement à la représentation des femmes de son temps auxquelles il parvient à donner une certaine majesté grâce à des innovations techniques comme le monotype (procédé d’estampe sans gravure) aux subtils clair-obscur et surtout le pastel. L’exposition bénéficiera, malgré leur
fragilité et leur sensibilité à la lumière de la présence des pièces les plus prestigieuses, autour de deux versions du Tub, de cette technique que Degas porte au plus haut degré d’achèvement. Enfin, une exploration de toutes les techniques employées par l’artiste, peinture, sculpture, fusain, pastel guidera le
visiteur dans l’émancipation de Degas à l’égard de l’exactitude naturaliste dans une quête du mouvement et d’une simplification des formes, la dernière section étant consacrée à l’héritage laissé par Degas aux générations d’artistes qui prennent sa suite. Le tempérament d’innovateur de l’artiste sera particulièrement mis en avant par l’étude de la circulation entre toutes les techniques qu’il a mis en
oeuvre, révélant un autre Degas, tout aussi fascinant et incontournable dans l’émergence de la modernité artistique en Europe. Une attention particulière a été portée à la mise en contexte de cette oeuvre polymorphe avec une sélection limitée et choisie d’oeuvres d’artistes ayant inspiré Degas, ayant travaillé concomitamment ou ayant fortement influencé par son art de son vivant.

Organisée avec le Museum of Fine Arts de Boston, l’exposition bénéficiera du très riche fonds d’oeuvres graphiques du musée d’Orsay, rarement montrés à cause de sa sensibilité à la lumière, et de prêts exceptionnels des plus grandes collections privées et publiques du monde entier, comme celles du Phildelphia Museum of Art, de la National Gallery of Art de Washington, de l’Art Institute de Chicago, de la National Gallery de Londres ou du Museum Getty de Los Angeles.

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