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Le musée du Louvre donne carte blanche à Walid Raad

A l’occasion de l’ouverture des nouveaux espaces consacrés au département des Arts de l’Islam, le musée du Louvre invite l’artiste Walid Raad à une collaboration sur trois années consécutives. Son exposition « Préface à la Première Edition » et la publication Préface à la Troisième Edition constituent le premier volet de cette carte blanche.

Depuis quelques années, Walid Raad observe l’intérêt croissant dont le patrimoine des arts de l’Islam fait l’objet, aussi bien dans les réaménagements et extensions des grands musées occidentaux que parmi les collections publiques et les nouvelles infrastructures culturelles qui se multiplient au Moyen-Orient. Un projet spécifique commencé en 2007, Scratching on things I could disavow, aborde ainsi les formes, les concepts, les économies et les histoires relatifs à cette évolution. Invité au Louvre, l’artiste répond aux nouveaux espaces du département des Arts de l’Islam avec deux créations, inspirées par le devenir d’un « musée universel » à l’heure de la mondialisation : une installation inédite, qui sera présentée dans la salle de la Maquette, et un ensemble d’images dérivées de l’inventaire photographique le plus récent des collections.

Préface à la troisième édition : Reliure, 2013
Walid Raad. Remerciements : Hughes Dubois

Né en 1967 à Chbanieh (Liban), Walid Raad vit et travaille aujourd’hui principalement à New York, où il enseigne à l’école d’art The Cooper Union. Partie d’une pratique élargie de la photographie, son oeuvre utilise un large spectre de techniques et de formats : texte, photographie, vidéo, édition, installation, performance. Son travail affirme dès la fin des années 1980 un mode opératoire singulier avec The Atlas Group, un projet artistique qui existe dans une dimension fictionnelle, se présentant comme une collection d’archives sur les guerres du Liban. Critiquant l’autorité du document dans les récits et chroniques de l’actualité, la mise en mémoire de l’histoire y est donnée comme une série d’énigmes ouvertes, chargées des références que le spectateur peut y projeter.
Les oeuvres de Walid Raad ont été présentées entre autres dans les lieux d’exposition suivants : Kunsthalle de Zurich, The Whitechapel Gallery (Londres), la Biennale de Venise, Homeworks (Beyrouth), le Festival d’Automne à Paris, les Documenta 11 et 13 (Cassel, Allemagne), ainsi que dans des musées en Europe, au Moyen-Orient et aux Etats-Unis.

Préface à la troisième édition : Coupe II,2013
©Walid Raad. Remerciements : Hughes Dubois

Scratching on Things I could Disavow : un projet au long cours sur l’histoire de l’art dans le monde arabe.

Commencé en 2007, le projet protéiforme Scratching on things I could disavow s’intéresse à ces deux phénomènes parallèles que sont l’émergence d’infrastructures culturelles inédites dans les pays du Moyen-Orient et le développement, à l’échelle mondiale, de nouveaux projets muséographiques consacrés au patrimoine artistique de ces mêmes régions. A travers des photographies, des installations, des publications et des performances – comme récemment à la Documenta 13 – , Walid Raad développe une méditation visuelle et narrative, répondant aux déplacements qui se jouent aujourd’hui dans l’attention portée aux scènes artistiques et à l’histoire de l’art des pays arabes. Faisant référence aux écrits du penseur irakien Jalal Toufic, l’artiste suggère que les oeuvres de création sont littéralement éclipsées par les traumas de l’histoire (guerres, conflits, mutations géopolitiques). Même lorsqu’elles survivent matériellement, les oeuvres du passé subissent les symptômes d’un « retrait de la tradition suite à un désastre démesuré », elles deviennent « invisibles » ou
« inaccessibles » aux artistes d’aujourd’hui et des temps à venir.
Dans le propos artistique de Walid Raad, ombres, reflets, marges, interstices, incertitudes optiques et ruptures d’échelle nourrissent un constat poétique. Ces indices, périmètres ou traces renvoient à un référent absent. L’objet ou l’image dont ils sont supposés être le témoin se dérobent. Ainsi les photographies des collections des arts de l’Islam du Louvre proposent-elles autant d’énigmes visuelles, mettant le spectateur au défi de toute certitude du regard.

Section 88 : Views from inner to outer compartments, 2011
© Walid Raad

« Préface à la Première Edition »

Au Louvre, Walid Raad réalise sa première production directement consacrée aux « arts de l’Islam », notion historiographique et muséographique qui s’impose à la fin du XIXe siècle, lorsque les collections publiques exposent comme tels des objets couvrant un large champ chronologique et géographique, de l’Andalousie Arabe jusqu’à l’Inde Moghole. La salle de la Maquette accueille une installation inédite, où une vision architecturale flottante, fragmentaire, semi-abstraite, côtoie les images d’objets hybridés, qui semblent se traverser l’un l’autre.

La publication accompagnant cet événement a été conçue par l’artiste non comme un catalogue d’exposition mais comme une composante artistique, à part entière, du projet. Elle se concentre sur les oeuvres du département des Arts de l’Islam récemment photographiées par Hughes Dubois. Walid Raad crée à partir de ces images des visions dérivées, manière d’inventaire personnel des objets de la collection. L’ensemble d’images produites par l’artiste est livré dans un format de planches photographiques autonomes que le lecteur peut arranger et organiser librement.

Exposition salle de la Maquette "Walid Raad Préface à la Première Edition"
Du samedi 19 janvier au lundi 8 avril 2013
Au département des Arts de l’Islam du musée du Louvre

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