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HA­MISH FUL­TON : Mer­can­tour, 2011

Pour la pre­mière fois, l’ar­tiste bri­tan­nique Ha­mish Ful­ton a ac­cep­té de réa­li­ser une marche des­ti­née à faire l’objet d’une ex­po­si­tion dans une ga­le­rie pa­ri­sienne. L’in­vi­ta­tion de Ro­main Torri faite à l’ar­tiste re­po­sait sur la condi­tion qu’il choi­sisse un site na­tu­rel en France et que la ga­le­rie pro­duise l’en­semble du pro­ces­sus ar­tis­tique.

Parmi les neuf parcs na­tio­naux fran­çais Ha­mish Ful­ton a choi­si le Parc na­tio­nal du Mer­can­tour, connu pour être l’un des plus sau­vages et l’un des plus va­riés pour ses pay­sages, de par la proxi­mi­té du mas­sif mon­ta­gneux avec la mer mé­di­ter­ra­née. Il fal­lait en­suite dé­ter­mi­ner la pé­riode pour réa­li­ser la ran­don­née et l’iti­né­raire à tra­vers le parc.

Ra­pi­de­ment, l’ar­tiste a conve­nu de la date sym­bo­lique du sol­stice d’été pour ter­mi­ner son pé­riple. Trois se­maines de marche et de bi­vouac suf­fi­ront pour tra­ver­ser le Mer­can­tour du sud au nord entre le vil­lage de Sos­pel (dé­part le 1er juin 2011) et la sta­tion de Bar­ce­lo­nette (ar­ri­vée le 21 juin 2011).

Ha­mish Ful­ton, photo : Sté­phane Gran­gier

« Ce que je construis est une ex­pé­rience, pas une sculp­ture. Je sou­haite lais­ser aussi peu de traces que pos­sible de mon pas­sage. Mes ex­pé­riences de marche ne sont pas des­ti­nées à mo­di­fier le pay­sage, ce ne sont ni des sous­trac­tions ni des ad­di­tions à la terre ».

De­puis la fin de ses études à la Saint Mar­tin School de Londres au début des an­nées 70, Ha­mish Ful­ton a fait de la marche une pra­tique ar­tis­tique. Comme le pro­me­neur so­li­taire, il ar­pente le monde et ses som­mets, ob­serve ce qui l’en­toure, vit le mo­ment pré­sent et s’adapte à son en­vi­ron­ne­ment. Dans son sac, pas de ca­mé­ra, un ap­pa­reil photo, des car­nets, et un équi­pe­ment pour sub­sis­ter pen­dant la durée de son ex­pé­di­tion.

Ha­mish Ful­ton ne cherche pas à al­té­rer le pay­sage : il ne cherche qu’à le tra­ver­ser. La par­tie vi­sible de son tra­vail re­pose sur les œuvres qu’il fa­brique a pos­te­rio­ri : des pein­tures mu­rales, des pho­tos, des des­sins ou des gouaches qui té­moignent de son ex­pé­rience. Cha­cune des images qu’il pro­duit com­porte des in­di­ca­tions d’ordre géo­gra­phique ou chro­no­lo­gique. Ces ob­ser­va­tions pour­raient s’ap­pa­ren­ter à des ré­cits d’ex­plo­ra­teur ou de scien­ti­fique, mais la pos­ture qu’il adopte dès le dé­part est celle d’un ar­tiste as­su­mé qui fait de lui l’un des pi­liers de la gé­né­ra­tion des ar­tistes concep­tuels (avec Ro­bert Barry, Mel Boch­ner, On Ka­wa­ra, Jan Dib­bets ou Ri­chard Long).

Autre clé de lec­ture : der­rière l’ob­ses­sion et la ra­di­ca­li­té du geste pointe une forme d’idéal qui ré­vèle un ar­tiste ro­man­tique dans la li­gnée des pay­sa­gistes an­glais du XIXème siècle.

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