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THEATRE : "Notre-Dame-des-Fleurs" - Théâtre National de Nice, du 24 novembre au 27 novembre 2010

Ce rêve est la fantasmagorie inversée, transcendée, démultipliée de la joyeusement désespérée tragédie humaine. C’est un roman, c’est déjà du théâtre. Divine, “Dame de Haute Pédalerie”, le spectacle peut commencer !

JeanGenet •Adaptation etmise en scèneAntoine Bourseiller
Création • Avec Benjamin Tholonzan, Guillaume Fafiotte, Alexandre Ruby,
Yanecko Romba, Ivan Cori, Jean-Christophe Legendre, Jacqueline Scalabrini
Décor Jean-Pierre Laporte • Lumière Daniel Benoin • Costumes Nathalie
Bérard-Benoin • Assistant à la mise en scène Jean-Christophe Mast
Production Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur, Théâtre du
Gymnase - Marseille avec le soutien de la Fondation Pierre Bergé - Yves
Saint-Laurent

L’HISTOIRE


>>> Les années 40 du siècle dernier, à Paris, Pigalle et Montmartre, là où le péché est un sacerdoce joyeux, où les hommes sont purs et souillés, maudits et saints, là où justement un travesti porte le nom de Divine, un autre celui de Première Communion, un jeune voyou celui de Notre-Dame-des-Fleurs, et les voilà tous courir après la vie dans le vertige et la stupeur du culte phallique.

CE QU’ILS EN DISENT


>>> Avec ce premier roman écrit en prison, Jean Genet a bouleversé la littérature française parce que son écriture est fulgurante, incandescente, visionnaire. En somme ce fut une explosion.

Et sur la scène, de ce texte jaillit une féerie de mots magiques et de postures hilarantes qui hausse comme rarement le théâtre à sa hauteur.
Chaque fois que l’on porte un roman à la scène, il se trouve des douaniers intransigeants pour maugréer, fouiller les valises de l’adaptateur et le prier de rebrousser chemin…
Dans ces trafics littéraires, ces gardiens du temple refusent de comprendre que le temps du théâtre n’est pas le temps du roman.
Le lecteur lit le roman à sa guise, prend son propre temps, celui dont il dispose ou celui qui lui convient.

La scène offre une lecture différente, plus pragmatique, plus concentrée, plus rapide. La scène accueille le spectateur instantanément et d’une façon éphémère. L’adaptation relève non de la lettre mais de l’esprit, et c’est ce qui la rend précieuse, généreuse, car au bout du compte elle incite très souvent le spectateur à aller voir de plus près le roman et à le lire.

Ce premier roman de Jean Genet repose sur le passage de Lou, jeune garçon de la campagne, à Divine, célèbre travesti de Pigalle et Montmartre, par un aller retour incessant de la campagne à la capitale.
Ce n’est pas sans tristesse que j’ai renoncé à des pages sublimes du livre, en particulier celles sur l’enfance paysanne. J’en ai conservé les principales réminiscences, dont celle, capitale, éclairante, où l’enfant s’évade grâce à son premier travestissement.

Enfin il fallait rendre sur scène la vérité du roman, à savoir que tout sort de l’esprit et de la plume de Jean Genet, enfermé dans une cellule de la prison de la Santé, et que cette oeuvre est le fantasme d’une revanche sur le réel.
>Antoine Bourseiller

Au centre du paysage genetien, Divine éclot. Divine, travesti, apparaît, au café Graff, à Paris, 20 ans avant sa mort. La clientèle était de glaise, elle prend vie par l’entrée dans le Monde de Divine. Divine c’est Prométhée.
Auparavant, encore enfant, Divine avait été initiée par Alberto, le mauvais garçon, au milieu des serpents.

Lou devenait, dés lors, Divine. Lou quitte le jardin d’Eden, elle est baptisée, autrement. Divine c’est Eve ; enfin son autre visage. Lou perd son nom pour une gloire forte et rare : celle de l’infamie : “pour sortir de l’horreur livre-t-y jusqu’aux yeux”. Divine devient Eve et devient ainsi “La” femme.
Seraient-ce paradoxalement les travestis qui porteraient au mieux un certain absolu de la féminité ?
Qui dira assez la force de caractère, la solitude splendide, le rire de crête, le courage face aux insultes de celui qui vêt les habits de l’autre, qui devient l’autre sexe, non le troisième sexe, mais le quatrième ou plutôt le premier. Divine est Prométhée, mais Prométhée est déchaînée. Divine assume la plus grande des libertés en prenant sur elle l’abjection du monde.

Elle recrée un univers interlope, magnifique, juste reflet de notre propre monde, un rêve écrit d’une sombre cellule par Jean Genet. Divine, c’est lui, aussi : “c’est mon destin, vrai ou faux, que je mets sur les épaules de
Divine.”
>Daniel Lance

Informations pratiques


- Centre Dramatique National Nice Côte d’Azur
- Théâtre National de Nice
- Salle Pierre Brasseur
- Promenade des Arts
- 06300 Nice
- T 04 93 13 90 90
- Mercredi, Vendredi, Samedi : Du 24/11/10 au 27/11/10 à 20:30
- Jeudi : Le 25/11/10 à 19:30
- www.tnn.fr

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