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VENISE : Angel Vergara à l’honneur du Pavillon Belge

Angel Vergara est l’artiste qui représentera cette année la Communauté française de Belgique
à la 54ème Exposition Internationale d’Art de la Biennale de Venise.
Pour l’accompagner dans son projet, l’artiste Luc Tuymans a accepté d’être son commissaire.
Angel Vergara a été officiellement désigné par Madame Fadila Laanan, Ministre de la Culture,
de l’Audiovisuel, de la Santé et de l’Egalité des Chances de la Communauté française de
Belgique (Wallonie-Bruxelles), pour représenter cette dernière à Venise, dans le cadre de la
traditionnelle alternance avec la Communauté flamande.

Artiste Angel Vergara

Ce projet est produit par le Service
général du Patrimoine culturel et des Arts plastiques du Ministère de la Communauté
française de Belgique et Wallonie-Bruxelles International.
Depuis de nombreuses années, le travail d’Angel Vergara fait appel à différents supports comme le dessin, la
vidéo, l’installation, la performance, qui sont pour l’artiste autant de moyens d’explorer et d’ouvrir le champ
de la peinture et sa possible actualisation tant d’un point de vue esthétique que social et politique.
Si ses oeuvres récentes utilisent plus particulièrement le film et l’installation vidéo, c’est pour trouver dans le
flux des images qu’il réalise ou qu’il prélève la possibilité d’une peinture en direct, d’une peinture qui se fait
dans le temps des images.

Commissaire Luc Tuymans

Pour Venise, Angel Vergara a imaginé un projet spécifique qui occupera tous les espaces du
Pavillon belge. Ce projet intitulé Feuilleton est fondé sur le thème des sept péchés capitaux.
Luc Tuymans a accepté d’être le commissaire du Pavillon belge et d’accompagner Angel
Vergara dans ce projet.
Figure incontournable de la scène artistique flamande, Luc Tuymans vit et travaille à Anvers.
Internationalement reconnu, il est considéré comme l’un des artistes contemporains les plus influents de sa
génération. Figure emblématique d’une nouvelle approche figurative, son travail traite précisément des
enjeux et défis contemporains de la peinture, telles la réinterprétation d’images déjà médiatisées ou leur
manipulation marquée par le langage de l’image en mouvement.
Dans le contexte politique belge actuel, le duo formé par Angel Vergara et Luc Tuymans s’impose comme un
signal fort : il renforce la représentation de la Belgique à la Biennale de Venise, au-delà de l’habituelle
alternance entre la Communauté française et la Communauté flamande pour l’occupation du Pavillon belge
des Giardini.
Etude de fresque Feuilleton, 2010 © Angel Vergara

Feuilleton par Luc Tuymans, Commissaire

L’idée d’Angel Vergara, consistant à proposer le rôle de commissaire à un artiste, qui de plus
est issu d’une autre communauté linguistique, m’a motivé car c’est un signe fort vis-à-vis de la
situation politique actuelle et pour la représentation de la Belgique à la Biennale de Venise.
Lorsque Angel a avancé sur le contenu de son projet, cela a non seulement fait grandir mon
intérêt mais m’a définitivement persuadé de m’engager à ses côtés.
Bien que ma propre méthode de travail puisse paraître beaucoup plus traditionnelle que celle d’Angel, en ce
qui concerne le contenu il y a clairement des convergences. Comme Angel, je n’ai jamais travaillé de manière
purement formelle mais plutôt à partir de ma fascination et de mes recherches sur les relations entretenues
par le pouvoir des images face à un ordre socioculturel plus large.
L’exposition qu’Angel Vergara a imaginée est principalement une réflexion basée sur le thème des sept
péchés capitaux, comme par exemple, l’envie, la colère, la paresse intellectuelle... Utiliser ce thème comme
leitmotiv appliqué à la société actuelle, c’est véritablement inoculer une sorte de virus dans l’éventail des
images que l’actualité nous livre dans toute leur trivialité.
Sur les sept écrans de la grande frise qui constitue l’oeuvre centrale du projet d’Angel, les images qu’il
s’approprie sont montées à une cadence répétitive pour finalement être virtuellement attaquées par le
pinceau et la peinture amplifiant ainsi l’apparente impuissance du geste même.
En liant la peinture à l’image médiatisée, de nombreuses connotations fondamentales sur l’Image et son
iconographie occidentale apparaissent. En ce sens, le projet d’Angel Vergara est une sorte de
never–ending story postulant une recherche totale. Les images sont répétées, posées, surimposées et font
ainsi surgir une réalité fantôme.
Dans les espaces environnant l’espace central du Pavillon, différentes peintures sur verre seront autant
d’oeuvres autonomes et, en même temps, une réminiscence indirecte de la grande frise de l’espace central.
Dans les deux espaces à côté de l’entrée il y aura d’une part des affiches et d’autre part, des moniteurs
diffusant des images de performances et d’installations, extraites d’expositions précédentes, le tout agissant
comme des indices venant contextualiser l’oeuvre de l’artiste.
Le titre du projet est Feuilleton car ce mot porte en lui la multitude des liens et aussi l’idée de
l’infini des possibilités.

Angel Vergara

Né à Mieres, en Espagne en 1958, Angel Vergara vit et travaille à
Bruxelles. Son oeuvre touche à de nombreuses disciplines, de la
performance à la vidéo et à l’installation, du dessin à la
peinture. L’audiovisuel occupe un rôle important dans la
majorité des travaux d’Angel Vergara, que ce soit pour
conserver les traces de ses performances, ou pour réaliser des
oeuvres vidéo autonomes. Les interrelations entre l’art et la vie
occupent une place centrale dans son travail.
L’oeuvre audiovisuelle la plus ancienne de l’artiste date de la fin des
années 80. Dans ses Peintures, Angel Vergara s’inspire surtout d’éléments
puisés dans son univers social et artistique ( un cordonnier au travail, un
immeuble de bureaux, la tombe de Marcel Broodthaers….), autant de
situations qu’il utilise en se servant d’effets de montage très simples
comme par exemple l’accélération de l’image.

Quelques années plus tard, Angel Vergara crée ses Actions, une série de performances filmées dans
lesquelles il introduit son alter ego, Straatman, personnage évoluant dans l’espace public recouvert
d’un drap blanc. Ce personnage lui sert de support et lui permet d’interagir dans différents contextes
sociaux et culturels.
Parallèlement à ces actions, il s’approprie de plus en plus d’images issues des medias pour développer
des oeuvres vidéo autonomes. Dans les années 2000, il réalise des vidéos sur lesquelles il intervient en
peignant directement le contour des images projetées comme si celles-ci constituaient la palette du
peintre. Quelques fois ces actions se déroulent en public, l’artiste évoluant le pinceau à la main en
peignant les individus et les objets en interaction avec son environnement direct.

La même forme d’action se déroule à l’intérieur d’une réalité déjà médiatisée lorsque Angel Vergara
s’approprie des images existantes en y appliquant la même gestuelle. Dans plusieurs de ses films, nous
pouvons voir l’artiste peindre sur des images aussi diverses que des photographies, des images
télévisées ou des oeuvres d’autres peintres.
Le travail d’Angel Vergara joue de la tension entre l’artiste s’exposant lui-même et ses actions de
peindre en direct. Il intervient dans un monde dans lequel il définit sa propre place sans l’enfermer
dans une position d’autorité.
Pour cela, il engage un dialogue constant avec les oeuvres d’autres artistes qui font, pour lui, partie
d’une réalité plus large qu’il approche et traite comme un artiste.
En outre, l’affirmation de sa position en tant que peintre n’est pas un concept abstrait : lorsqu’il
interagit avec la réalité, il occupe souvent lui-même une fonction économique et sociale dans laquelle il
cherche à explorer les limites du rôle de l’artiste.
Angel Vergara © Lucia Bru

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